Tsahal[1].

Résumé:

Cette génération est celle des années 1950 à 1970.

Suivant notre comptage, cette génération est la génération 144 associée au psaume 144. C’est dans ce psaume 144 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.

C’est la génération des « guerres d’Israël », celle de « la réunification de Jérusalem ».

Mais c’est aussi celle du « reflux des nations », dont l’hostilité, envers les Juifs et Israël, se refait jour après la courte trêve observée à l’issue de le Shoah.

Cette génération est également celle de « la fin d’un monde : les Juifs Sépharades », qui suit de près la fin des mondes des Ostjuden et des WestJuden pendant la seconde guerre mondiale.

Alors que le monde, occidental ou oriental, a vomis ces Juifs et exprime ouvertement son hostilité aux Juifs, cela n’empêche pas que cette génération voit « La renaissance d’une terre : Erets Israël ».

Développement:

Les guerres d’Israël.

Cette génération est celle des guerres d’Israël, celle de la guerre de 1956 contre l’Égypte et surtout celle des six jours en 1967. À la veille de cette génération, il y avait déjà eu la guerre d’indépendance en 1948, et, la prochaine génération commencera par celle du Kippour (1973).

Quatre guerres pour lesquelles Israël est toujours ressorti vainqueur même si les débuts de la dernière, celle du Kippour, étaient désastreux.

Ces quatre guerres sont les seules qu’Israël a menées contre des armées constituées au sens classique du terme avec des militaires en uniforme (Israël a été passif dans la guerre du Golfe).

Au début de cette génération, le 23 juillet 1952, Farouk 1er roi d’Égypte est déposé par un coup d’État.

S’ensuit une lutte pour le pouvoir qui finit par profiter au jeune officier Gamel Abdel Nasser le 14 novembre 1954, qui se proclame Raïs (Chef).

En 1956, il nationalise le canal de Suez, pourtant quasiment en fin de concession.

Défiant les grandes puissances, dont les anciennes puissances coloniales sur le déclin que sont la France et l’Angleterre, Nasser devient vite populaire dans les masses arabes.

La France et l’Angleterre veulent alors se débarrasser du trublion égyptien.

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En effet ce dernier en plus de nationaliser le canal, avec l’aide des Russes, encourage les mouvements nationaux arabes en particulier le mouvement algérien. C’est une remise en cause des empires coloniaux de ces vieilles nations européennes.

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La guerre froide a commencé en 1950 avec la guerre de Corée. Depuis les deux grandes puissances, USA et URSS, tentent de se partager le monde non pas en colonisant des territoires par une occupation directe mais par une influence à la fois économique et militaire.

Ce nouveau modèle de colonisation indirecte du vingtième siècle ne peut coexister avec le mode de colonisation direct établi par les puissances européennes au XIXe siècle. La France et l’Angleterre s’en rendront bientôt compte.

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Pour Israël[2], la nationalisation du canal est associée à un blocus sur le détroit du Tiran, passage entre le golfe d’Akaba et la Mer Rouge, il ouvre l’accès à l’Asie et à l’Ouest africain. Ce blocus aggrave les restrictions déjà apportées à la circulation des bateaux israéliens sur le canal de Suez depuis 1949 ; il met en péril la jeune économie israélienne dont une bonne partie de ses exportations de potasse et phosphate est à destination de l’Afrique.

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A cette menace économique est associée une menace militaire, les Égyptiens reçoivent un arsenal important en matériel militaire, terrestre, arien et maritime, en septembre 1955.  Cela déséquilibre le rapport de force avec Israël. Le 19 septembre 1955, la Syrie se place sous le commandement unifié de l’Égypte, la Jordanie rejoint la coalition un an plus tard.

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Le gouvernement israélien dirigé par Ben Gourion décide alors de se joindre à la Grande Bretagne et à la France.

La deuxième guerre d’Israël débute. La première était la guerre de 1948.

Avant de s’aventurer dans la guerre contre l’Égypte[3], une réunion à Sèvres, près de Paris avait réunis les représentants de l’Angleterre, de la France et d’Israël.

Le plan établi: Israël devait attaquer l’Égypte. Puis la France et l’Angleterre devaient donner un ultimatum à Nasser pour le Canal de Suez et entrer en action après le refus présumé de celui-ci.

Les États-Unis sont au courant de l’accord. Les nouveaux maîtres du monde, États-Unis et URSS font échec aux anciennes puissances coloniales.

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Entre-temps le conflit de Suez a rebattu les cartes en Orient et dans le monde :

  • La France[4] et l’Angleterre sortent vaincues et surtout humiliées de la fausse guerre que les deux pays n’ont pas osé mener à son terme. Londres et Paris ont perdu le soutien des États-Unis, se sont aliénés les Soviétiques, et ne sont plus au proche orient deux puissantes dominantes, parce que définitivement marquées comme colonialistes à une époque où, justement, l’esprit de tutelle est plus que jamais dénoncé et montré du doigt. Plus encore que le Royaume-Uni, la France, avec le conflit algérien dont elle ne semble pas trouver l’issue, fait figure de vieil empire colonial.
  • C’est le triomphe de l’Union Soviétique. Les Russes gagnent en prestige et resserrent les liens avec l’Égypte, lui apportant leur aide financière et leur logistique militaire. L’Iraq hachémite devient pro-nassérien ; le Soudan accède à l’indépendance ; le Liban est secoué par une mini guerre civile entre les chrétiens fidèles à l’occident et les musulmans tournés vers les États arabes ; la Syrie connaît aussi des bouleversements et se place sous la protection soviétique, entrant avec l’Égypte dans le cercle des pays non-alignés.

La campagne de Suez assure toutefois une paix relative à Israël pendant une dizaine d’années avant de rebasculer dans la guerre en 1967.

La France de 1967 essaie de revenir sur la scène internationale en opérant un virage au profit des nouvelles nations arabes et au détriment de la vieille amitié de vingt ans avec Israël, d’un poids politique bien plus infime, comme l’illustre la réponse du général De Gaulle à la veille de la guerre des six jours aux représentants israéliens venus s’assurer du soutien français :

  • Abba Eban[5], le ministre des affaires étrangères d’Israël rappelle au général de Gaule (à l’Elysée) les engagements clairs qu’avait pris la France envers son pays, à l’ONU en 1957. Sur un ton cassant, De Gaulle lui répond : « Oui mais c’était en 1957. Aujourd’hui nous vivons en 1967. » Michel Bar-Zohar commente dans ses mémoires : « En une phrase, il a annulé les engagements de la France ».

Cette position se concrétise dans les faits :

  • Le 2 juin 1967[6], soit trois jours avant le déclenchement des hostilités, la même information apparaît sur les téléscripteurs de toutes les agences du monde : le gouvernement français suspend officieusement la livraison d’armes à l’État d’Israël. […]
  • De Gaulle a la naïveté de croire que son action aura un effet pédagogique sur les Israéliens ; privés d’approvisionnement en armement, ils ne feront pas la guerre. Ce qui est une erreur de jugement. Son attitude n’a abouti à rien d’autre qu’à précipiter les choses, car Israël se trouvera contraint de hâter une attaque surprise pour pallier son infériorité militaire. […]
  • A l’occasion d’un entretien avec le Premier ministre anglais, De Gaulle a déclaré à celui-ci, usant de sa morgue habituelle : « Il n’y a pas de raison pour la France, et je suggérerais même pour le Royaume-Uni, de ruiner ses relations avec les Arabes sous le prétexte que l’opinion publique (de l’époque…) éprouve des « sympathies superficielles » pour Israël, parce que c’est un petit pays avec une histoire malheureuse».

Israël est donc seul et sans allié à présent; les États Unis trouveront bientôt intérêt à prendre la place laissée vacante par la France. En attendant Israël doit mener sa première guerre sans alliés, en tant que nation, et envers des armées arabes surarmées par l’URSS :

  • Le 5 juin 1967 [7], à 7h45, la nuit ne s’est pas encore totalement retirée. 193 avions décollent de leur base en Israël et s’élancent vers le ciel. 12 appareils seulement protégeront l’espace aérien pendant la durée de la mission. […]
  • (Pendant que les pilotes égyptiens sont en pause, un déluge de feu s’abat sur les aérodromes égyptiens). Les uns après les autres, les avions (égyptiens) explosent sous la roquette qui les touche et s’enflamment aussitôt. […]
  • Quand les avions de l’armée de l’air israélienne se retirent, le bilan est lourd : 360 avions détruits au napalm, seize aérodromes en ruines à travers l’Égypte. Les pistes sont éventrées. […] L’aviation égyptienne, mais également syrienne et jordanienne, n’est plus qu’un souvenir : sur la proposition du général Amer, les alliés arabes avaient accepté de mettre leur flotte à la disposition de Nasser. […]
  • Ce scénario, le président Gamal Abdel Nasser ne l’avait pas prévu. Comme écrit Pierre Hazan, « Il ne s’en relèvera pas ». […]
  • Le 5 juin 1967 à 10h15, trois heures après l’attaque, Israël s’est rendu maître du ciel. À présent, c’est au tour des unités terrestres d’entrer en scène. […]
  • L’armée israélienne est jeune, les soldats ont entre 18 et 23 ans pour les plus âgés. Cette guerre est la leur, ils veulent montrer aux aînés qu’à leur tour ils sont capables de défendre le pays. […]
  • La guerre au sol commence.
  • Michel Bar-Zohar note dans son journal de campagne : « L’armée de terre n’a pas le choix. Cette fois, on ne peut plus surprendre les Égyptiens. On ne peut pas venir sur leurs arrières, percer leur flanc, les briser par une attaque inattendue. On doit les frapper en face, là où ils attendent le coup. Se lancer sur les tanks, les canons et les mitrailleuses qui sont braqués avec soin dans la direction d’où viennent les Juifs ».

Israël remporte, en six jours, une victoire éclair et éclatante sur les armées arabes :

  • Destruction[8] quasi-totale des aviations ennemies, avancée des chars dans le Sinaï et en Cisjordanie et, finalement conquête du plateau de Golan. La guerre dure six jours et s’achève en déroute pour les armées arabes qui ont perdu plus de 70 % de leur armement lourd et plus de dix mille hommes (700 pour Israël). Israël se retrouve avec un formidable rempart stratégique : le désert du Sinaï et la bande de Gaza (38 000 km2), le Golan (700 km2) et la Cisjordanie (5 800 km2). Sans oublier, bien entendu, la vieille ville de Jérusalem et ses faubourgs qui sont unilatéralement intégrés dans les limites de la « nouvelle municipalité unifiée ».
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La victoire israélienne étonne le monde. Depuis les profondeurs de l’exil, le Juif était considéré comme incapable de se défendre. La Guerre des Six Jours dévoile au contraire une armée qui paraît maintenant invincible et qui maîtrise parfaitement l’art de la guerre comme le constate un observateur d’alors :

  • La victoire des Israéliens interpelle le monde militaire international à un haut niveau de décision. Le général Beaufre qui assista à la campagne de Suez en 1956, voulut comprendre comment les Juifs avaient mené cette guerre. Il n’est pas le seul dans ce cas, de nombreux officiers furent animés de la même curiosité ; on compte notamment deux généraux égyptiens qui demandèrent à visiter les lieux de l’affrontement entre les deux armées.
  • Dans le numéro 950 de Paris Match daté du 24 juin 1967, le général français explique sa démarche : « L’opinion a suivi avec passion la crise violente du Moyen-Orient. La guerre éclair qui s’y est déroulée peut être bien comprise dans les grandes lignes. Une question cependant demeurait sans réponse. Quelles sont les causes d’une victoire si rapide et si complète ? […] J’ai survolé le champ de bataille et, grâce à l’accueil chaleureux que j’ai reçu, je suis en mesure de présenter une première étude d’ensemble de cette victoire militaire. »
  • Le général Beaufre dans son analyse écarte qu’il s’agirait d’un « coup heureux » selon son expression. Dans les trois campagnes (Sinaï, Jordanie, Syrie), à tous les échelons, il s’agit plutôt d’une haute qualité militaire de l’armée israélienne. […]

La victoire éclatante de l’armée israélienne dans la guerre des six jours qui confirme le talent militaire retrouvé des armées juives, déjà exprimé lors de la guerre d’indépendance et la campagne de Suez, justifie les constatations du psalmiste pour le début du psaume de cette génération :

  1. De David. Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui a exercé mes mains au combat, mes doigts à l’art de la guerre !

Jérusalem réunifiée.

Avant de s’intéresser aux événements associés à Jérusalem à la présente génération, il est utile de rappeler l’histoire de cette ville dans les conflits antérieurs du vingtième siècle.

Si la guerre d’indépendance de 1948 a été une victoire pour Israël, le résultat sur Jérusalem fut mitigé car Israël ne put sauver que Jérusalem Ouest et perdit la vieille ville.

Depuis[9] 1929, les Britanniques avaient interdit le shofar au mur occidental (appelé aussi mur des lamentations) le jour de Yom Kippour.  Chaque année Jabotinsky avait délibérément enfreint ce règlement jusqu’à qu’il fût arrêté et tué par les Britanniques en 1942.

En octobre 1943, c’est Begin qui reprit le flambeau. Ainsi même pendant la période la plus noire de l’histoire juive, l’attachement des Juifs à Jérusalem restait toujours aussi fort. Le plan de partage de la Palestine est approuvé par l’ONU le 29 novembre 1947 et entraîne, suite au refus de celui-ci par les Arabes à de violents combats entre Arabes et juifs à Jérusalem avant même la fin du mandat britannique avec des carnages impliquant les deux camps.

Les Arabes assiègent Jérusalem et harcèlent les ravitaillements depuis leur position forte de Castel.

Les Arabes assiègent Jérusalem et harcèlent les ravitaillements depuis leur position forte de Castel.

Le siège sera cassé au bout de 6 mois, en juin 1948, grâce à l’ouverture de la « route de Birmanie ». Jérusalem Ouest fait partie du nouvel état car relié grâce à cette route au reste du pays lors de la première trêve décrétée par l’ONU. Les Israéliens avaient rejeté plusieurs noms pour leur nouvel état tels que Judée ou Sion, car trop liés à Jérusalem qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir conserver même partiellement.

Les Anglais[10] pendant la Première Guerre mondiale avaient saisi l’opportunité de s’allier à Abdallah Ibn Hussein pour mener une révolte arabe contre l’Empire ottoman qui était allié alors des Allemands et donc dans le camp ennemi de l’Angleterre.

C’est Lawrence d’Arabie que est envoyé par les Anglais pour l’assister. Le père d’Abdallah est Hussein, chérif des chérifs et émir de La Mecque, le plus grand potentat d’Arabie, souverain hachémite et descendant direct du prophète. En s’unissant aux Anglais, Hussein exige un empire hachémite qui englobe toute l’Arabie, la Syrie, la Palestine et l’Irak. Hussein ne contrôlait que quelques milliers de guerriers, une grande part de l’Arabie était sous la coupe de chefferies rivales comme celle des Saoud, ennemi du Chérif.

De fait le partage des anciens territoires de l’empire ottoman avait déjà fait l’objet d’un partage bien différent par un accord secret entre français et anglais : l’accord Sykes-Picot. À la fin de la guerre, les anciennes provinces ottomanes étaient redistribuées, Faycal un des fils de Hussein obtint la royauté sur l’Irak, l’autre fils Abdallah chercha à s’octroyer l’Arabie, mais défait par le chef Saoudien, il se rabattit et « se contenta » de l’actuelle Jordanie, qui n’avait jamais été auparavant un pays ou une région à part, que Churchill lui offrit : « L’émir Abdallah est en Transjordanie, où je (c’est Churchill qui s’exprime) l’ai placé par un dimanche après midi à Jérusalem ».

Abdallah s’y installe avec trente officiers et deux cents Bédouins.

Abdallah devenu roi de Jordanie, dans un premier temps, signe un pacte de non agression avec les Israéliens. Cela ne l’empêche par de participer à l’aventure de la ligue arabe contre l’État hébreu lors du conflit de1948. Il essayât en particulier d’intégrer Jérusalem à son royaume en lançant sa légion arabe forte de neuf mille hommes, la meilleure formation de la ligue arabe, contre la Ville sainte.

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Entre[11] la guerre de 1948 et celle de 1967 – celle de 1957 ne concernait pas Jérusalem —, les Israéliens firent de leur partie de la ville, Jérusalem Ouest, une ville moderne.

Dans le même temps, Abdallah concrétisa sa domination en se faisant couronner roi de Jérusalem par l’évêque copte en novembre 1950, puis roi de Palestine le 1er décembre en renommant son territoire le Royaume uni de Jordanie. C’est au cœur de Jérusalem qu’il sera assassiné le 20 juillet 1951. Son fils Talal lui succéda mais abdiqua au profit de son fils, le petit-fils d’Abdallah, Hussein le 12 Août 1952,  soutenu entre autres par les Britanniques.

Churchill qui à près de quatre-vingts ans, avait repris les rênes du gouvernement britannique, glissa à l’un de ses représentants :

  • « Vous devriez laisser Jérusalem aux Juifs – ce sont eux qui l’ont rendue célèbre. »

Pendant que la vieille ville et donc le mont du Temple, siège de la mosquée Al Aqsa, était ainsi sous domination jordanienne et donc sous domination musulmane, celui-ci n’engendrait pas la passion constatée aujourd’hui alors que celui-ci est sous domination israélienne, et donc non musulmane :

  • Mais le mont du Temple lui-même était calme. « Très peu de musulmans venaient visiter le Haram », observa Oleg Grabar, grand spécialiste de Jérusalem, qui découvrit la ville dans ces années-là.

Ainsi le roi Hussein ne fit redorer la couverture en plomb du dôme du rocher, qui avait viré depuis des siècles à un morne vert-de-gris, qu’à l’occasion de la visite du pape Paul VI en 1964. Visite qui relança le tourisme chrétien à Jérusalem et qui incita les Arabes à démolir leurs villas au profit d’horribles hôtels.

À la veille[12] de la guerre des six jours, les Israéliens avaient conseillé aux Jordaniens de ne pas rentrer dans le conflit en leur assurant que dans ce cas ils ne les attaqueraient pas non plus. Mais lorsque les Israéliens attaquèrent par surprise les Égyptiens le 5 juin, ces derniers au lieu d’annoncer leurs pertes indiquèrent aux Jordaniens qu’ils étaient victorieux et venaient de détruire l’aviation israélienne…

À 11h15, la Jordanie entra donc dans le conflit en engageant son artillerie contre la partie juive de Jérusalem.

Malgré la réussite de l’armée israélienne, les Jordaniens refusent le cessez-le-feu proposé.

Les Israéliens remportent des premières victoires coûteuses en vies des deux côtés.

Hussein craignant de perdre la Vieille Ville propose à son tour un cessez-le-feu, mais trop tard.

Dayan, hésitant à reprendre la Vieille Ville du fait de considérations politiques, temporise jusqu’au 7 juin où le Conseil de l’ONU s’apprête à décréter un cessez-le-feu. Menahem Begin veut alors engager de toute urgence la bataille pour la reprise de la Vieille Ville. Dayan s’y plie en ordonnant à Rabin de prendre « l’objectif le plus difficile et le plus convoité de la guerre ».

L’offensive reprend :

  • Le colonel[13] Motta Gour, commandant des unités parachutistes, harangua ses troupes : « Nous occupons les hauteurs dominant la Vieille Ville. Dans quelques instants, nous allons y pénétrer. L’ancienne ville de Jérusalem, dont nous rêvons et que nous convoitons depuis des générations – nous serons les premiers à y entrer ! La nation juive attend notre victoire ! Bonne chance ! »
  • À 9h45, les Sherman israéliens firent feu sur la porte des Lions, détruisant l’autobus qui en barrait l’entrée. Ils ouvrirent une brèche sous les tirs nourris des Jordaniens. Les parachutistes s’engouffrèrent dans la Via Dolorosa et le colonel Gour conduisit une unité sur le mont du Temple. « Vous êtes dans un half-track après deux jours de combats alors que les coups de feu continuent d’emplir l’air, et soudain, vous entrez sur ce vaste espace ouvert que tout le monde a vu en photo, écrivit Arik Amon, officier du renseignement. Et bien que je ne sois pas religieux, je ne pense pas qu’il y avait un seul homme qui ne soit pas laissé gagner par l’émotion. Quelque chose de très particulier venait de se produire. » Après une escarmouche avec des soldats jordaniens, la voix de Gour crépita dans la radio : « Nous tenons le mont du Temple ! »
  • Entre-temps, sur le mont Sion, une compagnie de la brigade de Jérusalem fit sauter un portail de la porte de Sion et entra dans le quartier arménien, dévala la colline abrupte et rejoignit le quartier juif ; au même moment, des soldats de la même unité franchissaient la porte des Immondices. Tous convergèrent vers le mur Occidental – sauf l’unité de Gour qui, depuis le mont du Temple, ne retrouvait pas le chemin ; mais un vieil Arabe leur indiqua obligeamment la porte des Maghrébins et les parachutistes arrivèrent en même temps que les deux autres compagnies sur le Lieu saint. Son shofar dans une main et la Torah dans l’autre, le rabbin Schlomo Goren, aumônier en chef de l’armée israélienne, se dirigea vers le Mur et entonna la prière des morts du Kaddish tandis que les soldats priaient, applaudissaient, pleuraient et dansaient, et certains chantèrent à pleins poumons le nouvel hymne de la ville, « Jérusalem d’Or ». […]
  • « Ce fut le moment le plus intense de ma vie, raconta Rabin. Pendant des années, j’avais secrètement nourri le rêve de pouvoir jouer un rôle pour rendre le mur Occidental au peuple juif. Désormais ce rêve s’était réalisé et soudain, je me demandai pourquoi, de tous les hommes, c’était à moi qu’incombait ce privilège»

La suite du psaume illustre bien la prise de Jérusalem, ville en laquelle Dieu est appelé à résider, tout en faisant écho au questionnement des héros de cette prise :

  1. Il est mon bienfaiteur et mon rempart, ma forteresse et ma sauvegarde ; il est mon bouclier, et en lui je m’abrite : il soumet les nations à mon pouvoir.
  2. Seigneur, qu’est-ce que l’homme, que Tu t’en soucies ? le fils de l’homme – que tu tiennes compte de lui?

Il y a près de 2000 ans, les romains avaient assiégé les Juifs à Jérusalem et détruit le second temple. Depuis la ville de Jérusalem était passée en de nombreuses mains, et les Juifs ne pouvaient qu’être spectateurs de ces changements de propriétaires.

Cette génération, celle des années 1950 à 1970, est la première de l’exil qui voit le peuple Juif redevenir propriétaire du mont du Temple et où les Juifs peuvent prier librement devant le mur dit des lamentations qui cette fois leur appartient à nouveau.

Il est évident que ce retour du peuple Juif sur sa terre et la reprise de Jérusalem vient en écho de la prière sans cesse répétée à travers les générations « l’an prochain à Jérusalem ». Mais le mont du Temple n’abrite pas le « troisième » temple juif mais des mosquées, en particulier la mosquée Al Aqsa qui empêche toute reconstruction.

D’ailleurs le rabbin Schlomo Goren, avait proposé de dynamiter la mosquée dès le 7 juin 1967, mais les dirigeants israéliens ne l’avaient pas suivi pensant ainsi éviter les réactions hostiles du monde arabe.:

  • Dayan[14] vit un drapeau israélien flotter sur le dôme du Rocher. « Je donnai l’ordre de le retirer immédiatement. » Rabin, « le souffle coupé », regarda « l’enchevêtrement des hommes épuisés par le combat, les yeux mouillés de larmes », mais « l’heure n’était pas aux larmes – c’était un moment de rédemption, d’espoir».
  • Le rabbin Goren voulait hâter l’avènement de l’ère messianique en dynamitant les mosquées du mont du Temple, mais le général Narkiss l’arrêta : « Taisez-vous ! »
  • «Vous entrerez dans les livres d’histoire», insista Goren.
  • Dayan réfléchit longuement au statut de Jérusalem et arrêta sa propre ligne politique. Dix jours plus tard, il retourna à Al-Aqsa où, assis en chaussures avec le cheikh du Haram et l’ouléma, il expliqua que Jérusalem appartenait désormais à Israël mais que le waaf garderait le contrôle du mont du Temple. Les Juifs pouvaient désormais se rendre sur le Har ha-Bayit, l’esplanade des Mosquées, dont ils avaient été bannis pendant deux mille ans, mais il décréta qu’ils n’auraient pas le droit d’y prier.

Alors que les Jordaniens avaient détruit quasiment toutes les synagogues de Jérusalem en 1948, en 1967, les Juifs vainqueurs préservaient les lieux de culte non juifs et de sus accordait une liberté de culte complète à toutes les religions sauf à la leur…

Malgré cela le retour en propriété du mont du Temple aux Juifs va dans le sens de l’ensemble des prophéties messianiques promettant le retour du peuple Juif sur sa terre accompagnée de la présence divine.

Celle-ci avait abandonné la terre d’Israël lors de la destruction du premier temple, celui de Salomon, par Nabuchodonosor. Ceci a eu lieu pendant la dix-huitième génération, pour laquelle le psalmiste avait initialisé le psaume de cette génération en rappelant le lien de l’Éternel avec son peuple :

(Rappel du psaume 18 associé à la génération des années 590 avant JC à 570 avant JC, la génération de la destruction du premier Temple (Temple de Salomon) en 586 avant JC, versets 2 à 4 du psaume 18)

  1. Il dit ; Je T’aime, ô Éternel, qui est ma force !
  2. Seigneur, Tu es mon rocher et ma forteresse, un libérateur pour moi ; mon Dieu tutélaire en qui je m’abrite, mon bouclier, mon puissant sauveur, mon rempart !
  3. Gloire, m’écriais-je, à l’Éternel, et je suis délivré de mes ennemis !

Il y a évidemment un parallélisme fort entre ce passage du psaume 18, qui précède la destruction du premier Temple et le départ de la présence divine de Jérusalem et le passage du psaume de cette génération que nous venons de commenter qui suit la reprise de Jérusalem par le peuple Juif deux mille cinq cents ans après et qui présage à la fois de la reconstruction prochaine de Jérusalem et du retour de la présence divine à Jérusalem.

A la dix-huitième génération la présence divine avait quitté Jérusalem comme l’indique le passage du psaume 18 :

(Rappel du psaume 18 associé à la génération des années 590 avant JC à 570 avant JC, la génération de la destruction du premier Temple (Temple de Salomon) en 586 avant JC, versets 8 à 12 du psaume 18)

  1. Soudain la terre oscille et tremble, les fondements des montagnes sont ébranlés, secoués par la colère de Dieu.
  2. Des vapeurs s’exhalent, signe de Son courroux, de Sa bouche sort un feu dévorant, jaillissent de brûlantes étincelles.
  3. Il incline les cieux et descend ; sous Ses pieds une brume épaisse.
  4. Porté sur les chérubins, Il vole, Il plane sur les ailes du vent.
  5. Des ténèbres Il se fait une mystérieuse retraite, Il s’enveloppe, comme d’un pavillon, des eaux obscures, d’opaque

Maintenant Jérusalem est à nouveau aux mains du peuple Juif après que celui-ci a subi l’exil au sein des nations depuis deux millénaires.

C’est donc naturellement que le psalmiste dans la suite du psaume de cette génération invite la présence divine à revenir rapidement à Jérusalem en reprenant les termes du psaume 18 qui avaient symbolisés le départ de celle-ci :

  1. L’homme ressemble à un souffle, ses jours sont comme une ombre qui passe.
  2. Seigneur, incline tes cieux et descends, effleure les montagnes, afin qu’elles s’enveloppent de fumée.
  3. Fais briller des éclairs et disperse-les, (mes ennemis), lance tes flèches et jette le trouble parmi eux.

Les éclairs et flèches évoqués dans la fin du passage du psaume de cette génération que nous venons de citer étaient en effet déjà évoqués dans le psaume dix-huit lié à la destruction du premier Temple :

(Rappel du psaume 18 associé à la génération des années 590 avant JC à 570 avant JC, la génération de la destruction du premier Temple (Temple de Salomon) en 586 avant JC, versets 14 et 15 du psaume 18)

  1. Il tonne dans les cieux, l’Éternel, le Dieu suprême fait entendre Sa voix, la grêle et les flammes ardentes.
  2. Il décoche Ses flèches et Il les disperse, Il lance des éclairs, et les frappe de stupeur.

    Comme nous l’avions vu pour ce psaume (voir génération 18), le psalmiste avait annoncé au début de ce psaume 18 la destruction qui arriva sur Jérusalem et sur le peuple d’Israël. Ceci conformément à ce qu’avaient prédit les différents prophètes qui n’ont malheureusement pas été écoutés à l’époque de cette génération 18. La suite du psaume, dont le passage que nous venons de citer, enchaîne sur la résurrection future du peuple d’Israël avec à sa tête David, le narrateur des psaumes.

    En reprenant en parallèle dans le psaume de génération, David, qui en est l’auteur, annonce la réalisation prochaine de la prophétie qu’il avait lui-même évoquée dans le psaume de la génération dix-huit, celle de la destruction du premier Temple et du premier exil à Babylone. Et donc le retour imminent de la présence divine au sein du peuple juif réunifié sur sa terre, à Jérusalem.

    Il est évident que ce retour du peuple Juif sur sa terre et la reprise de Jérusalem viennent en écho de la prière sans cesse répétée à travers les générations « l’an prochain à Jérusalem » que chrétiens et musulmans devaient considérer comme un espoir irréaliste. Le peuple Juif étant, suivant leurs théories, un peuple maudit et condamné à vivre humilié au sein des nations.

    La guerre de 67 est donc un coup dur aux dogmes que ces religions ont montés à l’encontre des Juifs. La réaction ne se fait pas attendre, le monde chrétien et le monde musulman, très rapidement, combattent violemment l’idée même de terre juive, et cela dès cette génération des années 1950 à 1970 dès l’issue de la guerre de 1967.

    Le reflux des nations.

    Avant la guerre des six jours, les Juifs étaient des rescapés de l’histoire.

    Le monde occidental qui avait été complice, actif ou inactif, des six millions de morts de la Shoah ne pouvait exprimer, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la moindre opinion hostile envers les Juifs, y compris ceux installés en terre d’Israël.

    Le monde musulman, qui feignait d’être étranger aux carnages de la Seconde Guerre mondiale pensait encore pouvoir vaincre l’État hébreu par les armes et faire de la terre d’Israël une terre musulmane ; qu’importe son dirigeant pourvu qu’il soit musulman. Les Juifs seraient alors éliminés d’Israël ou réduits à la portion congrue sous le régime de la dhimmitude.

    La victoire des Israéliens en 1967 a fait perdre espoir aux pays arabes de pouvoir se débarrasser de cette verrue non musulmane par la voie armée traditionnelle.

    Pour les Occidentaux, le peuple israélien qui a vaincu par les armes peut être dissocié des Juifs d’Europe, qui ont accepté la mort sans combattre. Les pères de famille, pendant la Shoah, pouvaient-t-il faire le poids contre l’armée nazie, alors que des grandes puissances comme la France ont abdiqué rapidement ?

    Ainsi, le retournement le plus spectaculaire est celui de la France. De Gaulle, déjà à la fin de la seconde guerre, a œuvré pour faire croire que la France, la vraie France, ne s’était pas soumise aux Allemands, seuls une poignée de « traîtres » ayant pactisé avec l’ennemi.

    C’est d’ailleurs une armée française (grâce à la bienveillance américaine) qui libère Paris. Si la France compte un très grand nombre de justes qui ont su prendre les bonnes décisions, malheureusement la majorité des Français approuvaient globalement la politique de Pétain pendant la guerre.

    Lors de la campagne de Suez en 1956, les Français et les Israéliens étaient alliés. C’est du passé. De Gaulle, pensant peut-être que l’abandon des colonies qu’il a mené peut rendre ses propos crédibles, réécrit l’histoire à nouveau lors d’une conférence de presse le 26 novembre 1967 :

    • « À la faveur[18] de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître, en effet, un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir… C’est pourquoi, d’ailleurs, la Ve République s’était dégagée vis-à-vis d’Israël des liens très spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet État. » […]
    • «  On pouvait se demander en effet, déclare De Gaulle, et l’on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles n’allait pas entraîner d’innombrables, d’interminables frictions et conflits. » […]
    • «  Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur, n’en viennent, une fois qu’ils seraient rassemblés, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem».

    Cette déclaration du Général De Gaulle qui si elle était reprise aujourd’hui par un parti d’extrême droite lui vaudrait – à juste titre – des accusations d’antisémitisme, entraîne à l’époque la réaction de Raymond Aron :

    • Aron[19], pourtant éloigné de ses racines juives – il se dit d’ailleurs « déjudaïsé » -, réagit en écrivant un long article, s’indignant d’abord en tant que Français, puis en qualité de Juif, cette part de lui-même que De Gaulle a injuriée:

    « Le Général de Gaulle qualifie le peuple juif de « sûr de lui-même et dominateur ». Définir un peuple avec deux adjectifs : un homme d’État s’abaisse lui-même lorsqu’il recourt à un pareil procédé, celui des stéréotypes nationaux, des préjugés raciaux, celui dont les habitués du café du Commerce ne se lassent pas et dont les psychologues et psychiatres analysent infatigablement les mécanismes.

    Le Général de Gaulle s’est abaissé parce qu’il voulait porter un coup bas : expliquer l’impérialisme israélien par la même nature éternelle, l’instinct dominateur du peuple juif. Je dirais que le Général de Gaulle a, sciemment, volontairement ouvert une nouvelle période de l’histoire juive et peut-être de l’antisémitisme. Tout redevient possible. Tout recommence. Pas question, certes, de persécution : seulement de « malveillance ». Pas le temps du mépris : le temps du soupçon. »

    La remise en cause même du droit à l’existence d’Israël par le pays des droits de l’homme entrouvre une porte. Porte par laquelle s’engouffrent tous ceux qui, n’osant pas afficher un antisémitisme trop évident, pourront développer un antisionisme; forme nouvelle de s’en prendre aux Juifs sans avouer son antisémitisme. Ainsi, plus proche de nous, la déclaration du Général de Gaulle fait des émules. Ainsi Edgar Morin en 2002 :

    • « On a peine[20] à imaginer qu’une nation de fugitifs issus du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui, et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier». […]
    • « Les Juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les Juifs qui furent humiliés, opprimés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les Juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les Juifs victimes de l’inhumanité montent une terrible inhumanité. Les Juifs, boucs émissaires de tous les maux, « bouc-émissarisent » Arafat et l’Autorité palestinienne, rendus responsables d’attentats qu’on les empêche d’empêcher ».

    Ainsi comme le constate Raphaël Delpard, la prédiction Raymond Aron s’est bien révélée juste et se révèle juste encore aujourd’hui. Ainsi, comme le fait Edgar Morin, on commence le raisonnement par s’en prendre à des Israéliens pour généraliser aux Juifs.

    Ce sont contre ces nouvelles attaques qui se veulent remettre en cause l’existence même d’Israël et l’existence même des Juifs que David sollicite la bienveillance divine dans la suite du psaume de cette génération :

    1. Étends les mains du haut des cieux, arrache-moi au danger, sauve-moi des flots puissants, du pouvoir des fils de l’étranger,
    2. dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite mensongère.

    Islam et nazisme.

    La brèche ouverte par l’occident, et donc par le monde chrétien, sur la légitimité du peuple d’Israël à revenir sur sa terre est bien sûr surexploitée du côté de l’orient, du monde musulman, surtout depuis qu’au fil des guerres de 1948 à 1967, l’option militaire ne semble pas être une option payante.

    Bien que les Juifs aient peuplé l’orient depuis des millénaires et bien avant les représentants des autres religions monothéistes, le monde arabe essaie de faire croire que les Juifs en orient sont une verrue qui leur a été imposée par les Occidentaux en réparation des crimes commis par ces derniers envers les Juifs au cours des siècles et en particulier du fait de la Shoah.

    Les Juifs, qui sont pourtant l’archétype du Sémite, ne sont plus que des Européens colonialistes qui auraient subitement et artificiellement annexé une terre d’Orient car rejeté de l’occident.

    Les Juifs ont pourtant peuplé sans discontinuer l’ensemble des territoires du Moyen-Orient y compris ce qui est aujourd’hui dénommé Palestine, même après que ceux-ci soient devenus terres musulmanes, et malgré les affres de la dhimmitude.

    Nous reviendrons par ailleurs sur les préjugés qui considèrent que les Juifs au sein du monde arabe ont vécu dans des conditions paradisiaques au regard du sort de leurs coreligionnaires en monde chrétien.

    Le monde arabe aurait été spectateur passif de la Seconde Guerre mondiale et n’aurait aucune responsabilité dans le sort qui fut celui des Juifs lors de ce conflit. En dehors du fait qu’aucun pays musulman n’a ouvert ses frontières pour que les Juifs s’y réfugient, nous pouvons démontrer que cette affirmation est fausse, non seulement, le monde musulman a soutenu les nazis mais les a même encouragés à durcir leurs positions envers les Juifs d’Europe et d’Orient.

    Les Juifs d’Orient ne doivent leur salut qu’aux défaites des Allemands à Al-Alamein et sur le front russe ainsi qu’au débarquement américain en Afrique du nord qui ont empêché l’application de la solution finale en orient.

    La thèse du peuple palestinien victime collatérale de la Shoah est ainsi illustrée :

    • Le 14 mai 2000[16], jour de la commémoration de la Naqba (la « catastrophe », représentée par la création de l’État d’Israël), le « grand poète » militant palestinien, Mahmoud Darwish, a lu un texte à la radio palestinienne officielle où, après avoir déclaré que l’Europe devait « expier le grand crime commis contre ses citoyens juifs » et ajouté qu’elle portait « la responsabilité d’avoir créé un autre problème : la question palestinienne », il s’est risqué à répéter un lieu commun éculé de la propagande palestinienne : « Nous n’avons aucune responsabilité dans cette grande tragédie que l’Europe a infligée au peuple juif. » Cet énoncé est faux et mensonger.

    Cet énoncé qui est repris par l’ensemble du monde islamique est en effet bien faux et mensonger. Le monde islamique a largement coopéré avec le nazisme. Bien sûr cette collaboration peut être justifiée par des considérations politiques, les musulmans d’URSS, comme pour les autres religions, étaient empêchés de s’adonner pleinement à leur devoir religieux par le Bolchévisme.

    S’allier avec les Allemands contre les Russes pouvait permettre de se libérer religieusement.

    Malheureusement, dans bien des cas, les musulmans de ces territoires en sus de vouloir récupérer leur liberté religieuse désiraient également « purifier » leurs territoires en excluant ou en éliminant les citoyens non musulmans quels que soit leur attachement et leur histoire vis-à-vis de ces territoires.

    De même les musulmans qui vivaient dans des territoires sous administration française ou anglaises pouvaient miser sur les Allemands pour les libérer du joug colonialiste pour assouvir leurs aspirations nationales. La encore, nous verrons que l’aspiration nationale sera toujours dans ce cas une aspiration incluant la religion et qui donc exclut tout non musulman des territoires libérés, la encore, quels que soit l’attachement et l’histoire de ces derniers vis-à-vis de la terre libérée.

    Le fait de s’allier aux Allemands peut se justifier du point de vue stratégique, mais quand on s’allie avec le diable on ne peut feindre de ne pas être impliqué dans les actes de celui-ci.

    Le monde musulman a coopéré avec le nazisme sans ignorer quelle était sa politique envers le monde Juif. Contrairement à d’autres alliés de l’Allemagne comme l’Italie, la Bulgarie ou la Hongrie qui ont accepté (de plein gré) de prendre des mesures discriminatoires envers les Juifs sans accepter leur élimination sur les territoires sous leur contrôle, la coopération musulmane non seulement ne s’y est pas opposer mais dans bien des cas y participait voir l’encourageait ou l’amplifiait.

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    Article:
    Islam et Nazisme: Préambule

    Article:
    Islam et Nazisme: 1 – Les troupes régulières.

    Article:
    Islam et Nazisme: 2 – La ferveur.

    Article:
    Islam et Nazisme: 3 – Divisions SS et Einsatzgruppen.

    Article:
    Islam et Nazisme: 4 – Le mufti et après la chute

    La fin d’un monde : les Juifs Sépharades.

    Historiquement le terme séfarade est relatif à l’Espagne de même que le terme ashkénaze est relatif à l’Allemagne. Toutefois depuis l’inquisition, le terme sépharade s’est progressivement transformé pour désigner les Juifs d’Orient alors que le terme Ashkénaze désigne les Juifs d’Occident.

    Ici donc, et dans les présents articles qui seront référencés ci-après, le terme de « Juifs sépharades » désigne les Juifs qui vivent dans des contrées à majorité musulmane comme le Maghreb, l’Égypte, l’Iran, l’Irak et la Turquie, même si ce terme n’est pas le plus adapté.

    J’aurais pu annoter cet article en désignant « les Juifs des pays arabes » mais cela aurait supposé que ces Juifs auraient été accueillis par les musulmans sur leurs terres, ce qui est évidemment non conforme à l’histoire.

    La Bible évoque déjà la vie des Juifs en Égypte, en Mésopotamie en Perse à des époques où ni le christianisme ni l’Islam n’existaient.

    L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Juifs-evangiles-1024x608.png.

    De même les Évangiles racontent les histoires des premières communautés chrétiennes qui ont émergé du sein des communautés juives largement représentées autour du bassin méditerranéen, en particulier dans ce qui est aujourd’hui la Turquie, la Syrie, le Liban ou la Jordanie.

    Certains font remonter la présence juive au Maghreb du temps des Phéniciens, mais en tout état de cause l’archéologie montre que les Juifs y sont largement représentés bien avant la naissance du christianisme et de l’Islam.

    De même le Coran nous raconte l’histoire des communautés juives en péninsule arabique, en particulier ce qui constitue aujourd’hui le Yémen, l’Arabie et les autres états musulmans de la région.

    On peut penser que sans le développement du Hedjab par les tribus juives à l’ère préislamique, il aurait été impossible au prophète de l’Islam d’y faire émerger la puissance conquérante qui y prit pied au détriment d’ailleurs de ces mêmes tribus juives.

    Toutes ces communautés juives au moins deux fois millénaires ont vu arriver les troupes d’invasion musulmanes sur les terres qu’ils occupaient depuis des siècles et que souvent ils avaient défrichées et durent subir les effets du jihad, la guerre sainte : ils étaient dépossédés de leurs terres et leurs possessions et, s’ils désiraient garder la vie sauve, ils devaient accepter le statut de dhimmis, le statut de sous-hommes en terre d’Islam. Si les juifs se sont pliés plus aisément que les chrétiens à ce statut c’est d’une part qu’ils considéraient que leur vrai pays était la terre d’Israël et qu’ils, leurs descendants, finiraient par la retrouver.

    Si on exclut les pays à majorité islamique d’Asie, où la présence juive y est beaucoup plus discrète, les Juifs ont fait partie de l’histoire, voire de l’histoire fondatrice, de tous les pays à majorité musulmane du pourtour méditerranéen et au sud de celle-ci de la Perse à l’Égypte.

    Le XXème siècle a été le fossoyeur du monde Juif en terre (devenue terre) d’Islam.

    Contrairement aux Juifs ashkénazes, cette disparition n’est pas une disparition physique, bien que, comme je l’ai démontré dans mes articles (voir précédemment) « Islam et Nazisme », celle-ci était programmée conjointement par le nazisme et l’islamisme radical, mais un grand déplacement.

    Ce grand déplacement correspond à une volonté d’épuration ethnique du monde arabe qui ne peut accepter des non musulmans que si ceux-là, en dehors de l’appartenance aux religions « licites », acceptent d’être des citoyens de seconde classe.

    À ce grand déplacement, ce grand exode, s’est associé une volonté réelle d’effacement de la présence juive, à l’instar de ce qui a déjà évoqué pour le Kosovo dans mes articles « Islam et Nazisme ». Ainsi on peut citer le témoignage amer d’un Juif tunisien qui a subi cet exode et qui constate que sa trace, celle de ses parents et ancêtres, font l’objet d’un effort d’effacement:

    • Dans[15] les années 1980, j’étais en vacances à Hammamet et, tandis que je me prélassais sur cette magnifique plage de sable fin, un jeune Tunisien d’une quinzaine d’années vint me proposer le rituel bouquet de jasmin. La conversation s’engagea en français puis à un moment donné, je dis à ce gosse qui me prenait pour un touriste ordinaire : « Je vais te faire une surprise. » Et je me mis à lui parler en arabe. « Tu es un arabe ? » me demanda-t-il alors.
    • Non.
    • Alors pourquoi tu parles arabe ?
    • Parce que je suis tunisien.
    • Si tu es tunisien, tu es arabe.
    • Non, je te dis.
    • Alors tu es quoi ? Demanda-t-il de plus en plus intrigué.
    • Je suis juif.
    • Ah ! Tu es israélien ?
    • Non ! Je suis tunisien.
    • Tu te moques de moi ! Un israélien-tunisien, ça n’existe pas, ce n’est pas possible. Tu es certainement un Arabe qui habite à Paris…
    • À l’évidence on avait soigneusement caché à ce gosse, comme à toutes les nouvelles générations de ce pays qu’il y avait eu pendant près de vingt siècles une importante communauté juive en Tunisie. Une communauté dont l’origine remonte à la nuit des temps. […]
    • Curieusement tout était oublié, effacé, gommé. Comme si ça n’avait jamais existé.
    • Le pays regorge pourtant de preuves de notre très ancienne présence. Que ce soit le fameux cimetière juif de Gammarth, dont on ne sait même plus où il se trouve tant on le dissimule, l’antique synagogue de Hammam-Lif que l’on cache soigneusement, les lampes à huile décorées d’une ménorah dont regorge le sol de Carthage, nos cimetières, nos synagogues, rues où nous nous sommes promenés, les souks, les commerces où nos familles exerçaient leurs activités, les hôpitaux dans lesquels les médecins juifs étaient si nombreux et si prisés, les livres, les journaux que nous avons publiés, nos voisins, nos amis musulmans, tout devrait porter encore la marque de notre passage… Qu’aurait été la Tunisie, sans la cuisine juive, la pâtisserie juive, la musique et la danse juive, les architectes juifs, le sport juif, etc. ? Que les gens et même les lieux aient changé, cela pouvait se comprendre.
    • Le vent de l’histoire était passé par là, mais disparaître ainsi « sans sépulture » m’était intolérable et soulevait en moi une immense impression d’injustice.

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    Article:
    La fin d’un monde : les Juifs Séfarades – I, le statut de dhimmi

    Article:
    La fin d’un monde : les Juifs Séfarades – II, Maghreb

    Article:
    La fin d’un monde : les Juifs Séfarades, III – De la Libye au Yémen.

    De fait le monde islamique ne peut reprocher aux Juifs sépharades de s’être installé en terre d’Israël car celle-ci faisait partie comme la plupart des pays d’origine des Juifs sépharades de l’empire ottoman dans lequel les migrations d’une région à l’autre étaient légitimes. Sans ces migrations, le nombre de musulmans en terre d’Israël serait extrêmement inférieur à celui qu’il est aujourd’hui, car de nombreux musulmans dits palestiniens sont issus des autres régions de l’empire ottoman n’étant implantés dans l’actuel Israël (Cisjordanie comprise) que depuis quelques générations et souvent en accompagnement du développement sioniste du pays.

    L’immigration des Juifs sépharades étant difficilement contestable, reste celle des Juifs Ashkénazes, les premiers à s’installer fuirent la Russie tsariste et ses massacres. Si le monde arabe et ses soutiens de par le monde considèrent cet apport européen en Orient illégitime, personne ne remet en cause des émigrations de même nature lorsqu’elles concernent des populations musulmanes.

    Païens[48] convertis au christianisme au XIe siècle, les Circassiens se convertirent à l’Islam au XVIIe siècle sous l’influence des Tatars de Crimée.

    Ils furent[49] remis au-devant de l’actualité pendant les JO de Sotchi 2014, lieu où ils vécurent : Après un siècle de résistance à l’impérialisme tsariste, au prix de la vie de 800 000 des leurs, les douze tribus circassiennes sont en partie exterminées à Sotchi, par Alexandre II, le 21 mai 1864.

    Un million d’entre eux sont alors poussés à l’exode vers l’Empire ottoman, parmi lesquels 200.000 vont mourir de faim, de maladie ou de fatigue.

    Les recherches de l’association Circassian World recensent également 100.000 d’entre eux en Jordanie ainsi qu’en Syrie, quelques milliers en Israël, en Libye et au Liban, et d’autres encore en Europe (40.000 environ) et aux États-Unis (au moins 5.000).

    En Jordanie, les survivants sont arrivés par vagues à partir de 1878. La légende veut qu’ils aient fondé Amman, la capitale, jusqu’alors terre de tribus bédouines – le royaume jordanien n’ayant été institué qu’en 1946. Les Circassiens ont érigé des villages agricoles sur des terres bédouines dans les vallées du Jabal Amman, lieu de passage de nombreuses caravanes. Avec environ 100.000 membres, la communauté circassienne représente aujourd’hui 1,5 % de la population. Elle est considérée comme l’une des 56 nationalités du royaume hachémite, qui lui réserve trois sièges au Parlement.

    Si nombreux contestent la légitimité de l’État d’Israël, État Juif, (re) né officiellement en 1947, personne ne conteste la légitimité de la Jordanie fondée en 1946 donnée comme lot de consolation à Abdallah 1er et dont la population est elle-même issue de nombreuses immigrations dont des immigrations européennes. Cette concession à Abdallah 1er fils d’Hussein Ben Ali, Cherif de La Mecque « compensa » la perte de la péninsule arabique qu’il convoitait qui échut à la dynastie Saoud.

    Le fait que de nombreux pays deviennent terres d’Islam est conforme aux promesses divines faites à Ismaël, qui traditionnellement est considéré comme le patriarche du monde arabe. Ainsi quand Agar se doit de quitter Abraham :

    • Mais Dieu[50] dit à Abraham : « Ne sois pas mécontent au sujet de cet enfant (Ismaël) et de ton esclave (Agar) ; pour tout ce que Sara te dit, obéis à sa voix : car c’est la postérité d’Isaac qui portera ton nom. Mais le fils de cette esclave aussi, je le ferai devenir une nation, parce qu’il est ta progéniture. »

    Promesse directement confirmée à Agar :

    • « Qu’as-tu[51] Agar ? Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix de l’enfant (Ismaël) s’élever de l’endroit où il gît. Relève-toi ! Reprends cet enfant, et soutiens-le de la main, car je ferai de lui une grande nation. »

    Si la promesse faite à Abraham et Agar voit sa réalisation pleine après la Seconde Guerre mondiale, celle faite au peuple d’Israël se réalise également à cette génération, le peuple d’Israël retrouvant la souveraineté sur sa terre et surtout sur Jérusalem.

    Or cette souveraineté que le monde musulman conteste est aussi affirmée dans le Coran, y compris sur l’actuelle Jordanie :

    • Et les gens[52] qui étaient opprimés (par les Égyptiens, les Hébreux), Nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénies. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les enfants d’Israël s’accomplit pour prix de leur endurance.
    • Nous avons fait hériter au peuple de ceux (les Juifs) qu’ils (les Égyptiens) opprimaient, l’Orient de la terre et son occident que nous avions bénis (la terre promise des deux côtés du Jourdain). L’excellente parole de ton Rabb (Moïse) pour les fils d’Isrâ’îl s’accomplit en leur constance.

    Le retour du peuple d’Israël sur sa terre est également confirmé :

    • Nous dîmes[53] aux Enfants d’Israël : « Habitez la terre ». Puis lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons (re) venir en foule.

    Malgré cela, le retour des Juifs sur leur terre est refusé par le monde musulman qui d’une part évoque l’illégitimité de ce retour en oubliant sa propre complicité dans la solution finale et son implication à éjecter les Juifs des terres qu’ils occupaient depuis des siècles et des millénaires dans le Nord de l’Afrique et au Moyen Orient. Ne se posant pas les mêmes questions sur la légitimité de l’occupation des terres d’islam, le monde musulman cherche à user sa puissance, en hommes et en moyens, afin de contrer le retour du peuple Juif sur sa terre.

    C’est cette menace sur la terre d’Israël retrouvée avec Jérusalem réunifiée que la suite du psaume de cette génération évoque :

    1. Je veux, ô Dieu, te chanter un cantique nouveau, te célébrer sur le luth à dix cordes,
    2. toi qui donnes la victoire aux rois, qui délivres David, ton serviteur, du glaive meurtrier.
    3. Arrache-moi au danger, sauve-moi du pouvoir de l’étranger, dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite mensongère.

    Malgré cette menace, cette génération voit le renouveau du peuple juif sur sa terre.

    La renaissance d’une terre : Erets Israël.

    Le nouvel État d’Israël naît officiellement en 1948. Le début de cette génération est marqué par le vote en 1950 par la Knesset, le parlement du nouvel état juif, de la Loi du Retour qui autorise chaque juif à s’établir en Israël et à en devenir citoyen.

    Cela marque la renaissance de la terre d’Israël :

    • La liquidation[54] du Mandat et l’avènement de l’État souverain ouvrent le pays à l’immigration de masse. De 1948 à 1977, le pays absorbe plus de 1 600 000 immigrants ; avec les 850 000 dus à la croissance naturelle, la population quadruple. Le gros de cette vague submerge l’État dans ses premières années d’existence, ce qui rend le fardeau d’autant plus lourd à supporter. Cent mille immigrants débarquent dans les six premiers mois, puis, en 1949, 240 000 supplémentaires, suivi de 170 000 en 1950 et 175 000 l’année d’après. Ainsi en 1953, la population double derechef, puis triple trois ans plus tard, pour atteindre 1 670 000 âmes. […]
    • En même temps, pour la première fois dans l’histoire du Yishouv, les communautés orientales d’Afrique du Nord et du Levant prennent le chemin de la Terre promise. […]
    • Dès février 1951, une « nouvelle politique économique » renverse la vapeur : la plupart des restrictions sont supprimées, et le gouvernement tente de maîtriser l’inflation par la réduction de ses dépenses ainsi que par une série de dévaluations successives. […] Lentement, péniblement, l’économie commence à se stabiliser puis à croître. […] Le PNB se mit à croître d’environ 10 % par an – un taux de croissance parmi les plus élevés au monde. […]
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    • En même temps, pour la première fois dans l’histoire du Yishouv, les communautés orientales d’Afrique du Nord et du Levant prennent le chemin de la Terre promise. […]
    • Dès février 1951, une « nouvelle politique économique » renverse la vapeur : la plupart des restrictions sont supprimées, et le gouvernement tente de maîtriser l’inflation par la réduction de ses dépenses ainsi que par une série de dévaluations successives. […] Lentement, péniblement, l’économie commence à se stabiliser puis à croître. […] Le PNB se mit à croître d’environ 10 % par an – un taux de croissance parmi les plus élevés au monde. […]
    • Le gouvernement est en mesure d’établir les priorités nationales à long terme, sans être lié par des impératifs économiques immédiats. Des kibboutzim sont fondés dans des zones stratégiques, en dépit de toute logique économique, des villes de développements poussent dans le désert et les montagnes de Galilée pour les besoins de l’immigration et de la dispersion de la population, d’énormes entreprises industrielles sont lancées là où le capital privé n’aurait jamais osé s’aventurer.
    • Le meilleur exemple de cette politique volontariste reste l’agriculture, secteur entre tous prioritaire pendant la première décennie. Il s’agissait en effet de nourrir une population en pleine croissance, de fixer au sol les immigrants et d’empêcher ainsi une concentration urbaine néfaste, mais aussi de rendre moins vulnérable, en les étoffant, les frontières de l’État. Entre 1948 et 1953, 354 villages dont 251 mochavim et 96 kibboutzim sont fondés à travers tout le pays, une centaine encore jusqu’en 1972. En dix ans, la superficie cultivée augmente de 150 %, la surface irriguée de 400 % et vers la fin des années 1950, le pays produit assez d’œufs, de volaille, de produits laitiers, de légumes et de fruits pour sa consommation.

    Ainsi la rédemption de la terre d’Israël qui retrouve son peuple et lui offre son abondance à nouveau est célébrée dans la fin du psaume de cette génération :

    1. Grâce à Toi, nos fils sont comme des plants, qui poussent grandement dans leur jeune âge, nos filles – comme des colonnes d’angle, sculptées sur le modèle du palais ;
    2. nos greniers, bien garnis, regorgent de provisions de toute sorte ; nos brebis se multiplient par milliers et par myriades dans nos campagnes ;
    3. nos bêtes de somme sont lourdement chargées ; point d’irruption (du dehors), point d’exil forcé, nul cri d’alarme sur nos places publiques !
    4. Heureux le peuple qui jouit d’un tel sort ! Heureux le peuple qui reconnaît l’Éternel comme son Dieu !
    • Cette génération fait partie de la 3ème garde de la nuit (générations 99 à 147).
    • Elle est donc associée à une malédiction du Deutéronome (malédictions numérotées 50 à 147 en continuité avec celles du Lévitique).
    • En effet les 2ème et 3ème gardes de la nuit sont celles du long exil des Juifs hors de leur terre et sans Temple à Jérusalem et donc sans service du Temple (défini dans le Lévitique). Le Deutéronome est une « redite » des lois adaptée à l’exil puisque ne reprenant pas les lois associées au service du Temple.

    Une grosse partie des Juifs polonais se sont retrouvés artificiellement dans la zone d’influence russe après qu’une partie de la Pologne tombe sous le contrôle de la Russie à la fin du XVIIIe siècle.

    Les Juifs avaient été expulsés de Russie lorsque celle-ci devint chrétienne du fait de l’attirance forte des prêtres vers la religion juive. Lorsque les Juifs de Pologne deviennent artificiellement russes, la Russie les parque dans des zones de résidence hors des villes, principalement ce qui constitue l’Ukraine aujourd’hui.

    Les deux siècles d’histoire des Juifs russes (qui devinrent au vingtième siècle est la plus grosse communauté juive d’Europe, voir du monde) sont marqués par un fort antisémitisme russe et de violents pogroms puis par un anéantissement des juifs russes tombés sous le contrôle des troupes allemandes lors de la Shoah.

    Celle-ci épargnera une grande partie des Juifs russes, ceux hors de portée des troupes allemandes, du fait de la défaite des armées allemandes devant l’Armée rouge. La fin de la Seconde Guerre mondiale aurait pu laisser espérer aux près de 3 millions de juifs russes rescapés la fin de leur tourment. Espoir déçu :

    • Les ruines[21] des camps hitlériens encore fumants, Staline a pris la tête de la nouvelle croisade antijuive. D’une main, il soutient la création d’Israël à qui il envoie même des armes pour sa survie. De l’autre, il fait éliminer pour « complot sioniste » des dizaines d’intellectuels et d’artistes juifs, dont le très populaire acteur shakespearien Salomon Mikhoels, coupable, à la tête de son Comité antifasciste juif, d’avoir suggéré la création d’une Crimée juive. Quelques mois plus tard, il contraint l’écrivain Ilya Ehrenbourg à nier dans la Pravda l’existence d’un peuple juif et à déconseiller aux « masses ouvrières juives » de marquer leur solidarité avec le nouvel État impérialiste et capitaliste du Proche-Orient. […]
    • Commence alors une chasse implacable des Juifs au sein du Parti parmi les écrivains et jusque derrière les murs du Kremlin. La propre fille de Staline, Svetlana, en fait les frais, lorsque son père constate son goût pour des compagnons juifs : « Les sionistes t’ont pris dans leurs filets », lui a-t-il dit, la poussant à divorcer de son deuxième époux, Morozov. Il exige la même chose de son fidèle ministre des affaires étrangères, Molotov, qui se sépare, à la demande du dictateur, de son épouse juive, arrêtée puis déportée dans un camp. […] En octobre 1952, c’est l’exécution dans les caves du KGB de 26 écrivains et poètes de langue yiddish. Cinq mois plus tard, c’est l’affaire des « blouses blanches » et l’arrestation de plusieurs médecins juifs accusés d’avoir voulu « abréger la vie de hauts fonctionnaires soviétiques », dont Staline, en leur administrant un « traitement médical pernicieux ». La Pravda, qui annonçait le 13 janvier 1953 la découverte du complot, précisait que « six de ces médecins sont des agents sionistes, employés par le Joint, lui-même filiale des services secrets américains et organisation nationaliste bourgeoise juive internationale ». […] (Staline meurt le 5 mars 1953 ce qui sauve de la mort les « comploteurs ») Sans présenter d’excuse, la Pravda reconnaîtra cinq semaines plus tard que le complot des blouses blanches a été une machination fabriquée de toutes pièces par le KGB.
    • Mais ni cette révélation ni la démolition de l’héritage stalinien par Nikita Khrouchtchev au XXe congrès du Parti communiste ne mettent un frein à l’hystérie antijuive. […] Le nouveau dirigeant soviétique partageait les mêmes convictions antijuives :
      • Nous savons comment sont les Juifs, expliquera-t-il un jour aux communistes polonais. Ils ont tous des liens avec le capitalisme mondial parce qu’ils ont de la famille à l’étranger. […] Les Juifs avaient un réseau qui leur aurait permis d’exécuter la politique des Américains. Et Staline a déjoué leurs plans.
    • L’antijudaïsme, qui ne dit pas son nom, se cache derrière l’appellation commode d’antisionisme, surtout depuis qu’Israël s’est rapproché des États-Unis et du camp occidental.

    Ainsi les juifs qui par l’histoire se sont retrouvés artificiellement sous la domination russe se trouvent ballottés pendant deux siècles en accumulant les souffrances sans la moindre action possible.

    La génération 144 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 98 du Deutéronome:

    1. (Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple, Tes yeux verront et désespéreront d’eux toute la journée) (et) ta main sera impuissante,

    Paul David

    [1] Acronyme de l’hébreu  » Tsva Hagana LeIsrael  » soit en français: « L’Armée de défense d’Israël » ou  » Forces de défense d’Israël ».

    [2] D’après : Raphaël Delpard : « La guerre des six jours » et (Collectif Antoine Germa/Benjamin Lellouch/Evelyne Patlagean) : « Les Juifs dans l’histoire ». Chapitre de Alain Dieckhoff: « Israël dans son environnement régional et international  ». (p. 469).

    [3] D’après : Raphaël Delpard : « La guerre des six jours ».

    [4] Raphaël Delpard : « La guerre des six jours ». (p. 34 à 35)

    [5] Raphaël Delpard : « La guerre des six jours ». (p. 66)

    [6] Raphaël Delpard : « La guerre des six jours ». (p. 70,71)

    [7] Raphaël Delpard : « La guerre des six jours ». (p. 72 à 75)

    [8] (Collectif Antoine Germa/Benjamin Lellouch/Evelyne Patlagean) : « Les Juifs dans l’histoire ». Chapitre d’Alain Dieckhoff: « Israël dans son environnement régional et international  ». (p. 643).

    [9] D’après : Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». et Renée Neher-Bernheim : « Histoire juive de la Révolution à l’Etat d’Israël ».

    [10] D’après : Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». Chapitre : « Révolte arabe, déclaration Balfour, 1916-1917 » et « Vainqueurs et dépouilles ». (p. 478 à 517)

    [11] D’après : Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». Chapitres : « Divisée » et « les six jours ». (p. 574 à 583)

    [12] D’après : Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». Chapitres : « les six jours ». (p. 588 à 590)

    [13] Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». Chapitres : « les six jours ». (p. 590,591)

    [14] Simon Sebag Montefiore : « Jérusalem ». Chapitres : « les six jours ». (p. 591,592)

    [15] (collectif) « L’exclusion des Juifs des pays arabes ». Témoignage d’André Nahum : « L’exil des Juifs de Tunisie, l’échec d’une continuité ». (p. 233,234)

    [16] Matthias Küntzel : « Jihad et Haine des Juifs ». Préface (de Pierre André Tarzieff ). (p. 32).

    [18] Cité par Raphaël Delpard : « La Guerre des Six jours ». (p. 106,107)

    [21] Michel Abitbol : « Histoire des Juifs ». Chapitre : « L’après-guerre ». (p. 625 à 627)

    [19] Raphaël Delpard : « La Guerre des Six jours ». (p. 107,108)

    [20] Cité par : Raphaël Delpard : « La Guerre des Six jours ». (p. 164)

    [23] (sous la direction de) Schmuel Trigano : « L’exclusion des Juifs des pays arabes ». Chapitre de Ruth Toledano Attias: « L’antisémitisme au Maroc au début du XXe siècle»

    [24] Selon : Michel Abitbol : « Histoire des Juifs, de la Genèse à nos jours » (tableau page : 630)

    [25]Selon : wikipedia / Juifs et judaïsme en Europe

    [29] Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Blum-Viollette

    [48] D’après : http://igor.hagondokoff.perso.sfr.fr/circassien.html

    [49] D’après : http://www.slate.fr/sports/82559/tcherkesses-circassiens-sotchi

    [50] GENESE, Chapitre 21, versets 12 et 13.

    [51] GENESE, Chapitre 21, versets 17 et 18.

    [52] CORAN, Sourate 7, Al-A’raf  (les hauteurs), verset 137 (Al-A’raf: endroit surélevé entre le Paradis et l’Enfer).

    [53] CORAN, Sourate 17, Al-Isra (le voyage nocturne), verset 104

    [54] Elie Barnavi: « Une histoire moderne d’Israël ». (p. 121 à 125)