1750 à 1770, psaume 134 : Les francs-maçons.

Résumé:

Cette génération est celle des années 1750 à 1770.

Suivant notre comptage, cette génération est la génération 134 associée au psaume 134. C’est dans ce psaume 134 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.

A cette génération émerge la Prusse, qui marquera l’histoire à venir. Mais pour cette génération, la Prusse se démarque par son attachement à l’Aufklärung, les Lumières allemandes. A l’exception de l’Espagne et du Portugal, c’est toute l’Europe occidentale qui s’ouvre aux Lumières.

Dans la sphère allemande, émerge Moïse Mendelshonn, un adepte d’un judaïsme des lumières, la Haskalah.

De fait si les Juifs peuvent progressivement prendre une part active à la vie intellectuelle et scientifique c’est grâce à l’essor de la franc-maçonnerie qui essaie d’apporter une réponse à la compatibilité entre les sciences nouvelles et le religieux avec pour conséquence une liberté de croyance ouvrant ainsi aux Juifs une voie pour l’intégration.

Les francs-maçons affirment que leur ancêtre était Hiram, architecte du Temple de Salomon, Temple de Salomon qui est discrétement reproduit au sein des Temples Francs-maçons.

Développement:

La Prusse

À la génération précédente la France avait aidé Frédéric II à s’emparer de la Silésie aux dépens de l’Autriche. Renversement d’alliance à cette génération qui a pour conséquence la guerre de sept ans (1756-1763) qui confirme la Prusse comme nouvelle puissance européenne, Prusse qui impactera à la fois les idées et l’histoire des peuples européens pour les deux siècles à venir. Pour le meilleur et, malheureusement aussi, pour le pire:

  • En 1756[5], un spectaculaire renversement des alliances fait de la France le partenaire de l’Autriche et permet aux deux nouveaux coalisés, auxquels se sont joints la Russie, la Suède, la Saxe et l’Espagne, d’affronter les deux puissances montantes de l’époque, l’Angleterre et la Prusse. La guerre de Sept ans vient de commencer.
  • Avec te tels alliés, Marie Thérèse (d’Autriche) est sûre de la victoire. Ce serait compter sans la puissance militaire que Frédéric-Guillaume 1er a léguée à la Prusse de Frédéric II : une armée très entraînée aux effectifs fort importants, par rapport à la population civile. Le 13 février 1763, la paix est signée. L’Autriche évacue les terres de Frédéric et renonce à la Silésie : la guerre de Sept ans a contribué à la formation d’un nouvel équilibre du monde germanique et de l’Europe continentale. En Allemagne du Nord, la suprématie du royaume de Prusse est réelle, et, au même titre que la Russie et l’Autriche, ce petit état fait partie des grandes puissances de la région.

La Prusse avait accueilli de nombreux Huguenots après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 par Louis XIV et avait également autorisé cinquante familles juives, parmi les plus puissantes, à s’installer à Berlin en 1671 lorsque Léopold 1er les expulse de Vienne (le quartier Juif de Vienne sera renommé LeopoldStadt en l’honneur du souverain et de sa décision « salutaire »).

Frédéric Guillaume, le Grand Électeur, qui avait grandi dans les Provinces Unies et qui avait pu se rendre compte des bienfaits économiques de la tolérance religieuse avait été l’artisan de cette immigration « choisie » (seul les plus aisés étaient tolérés) et avait pu ainsi transformer la petite ville de Berlin ruinée par la guerre de Trente ans en une des grandes villes des territoires allemands, bientôt la plus importante. Ainsi quelques générations après l’expulsion des Juifs de Vienne (1669-1670), l’Autriche est défaite par la Prusse qui avait accueilli bon nombre des « rejets autrichiens » entraînant la France dans sa défaite par cette même Prusse qui avait aussi accueilli bon nombre d’Huguenots, « rejets de la France ».

L’Europe et les Lumières

La Prusse ne se singularise pas uniquement par sa victoire mais aussi par son engagement dans les Lumières allemandes, « l’Aufklärung ».

Si le Siècle des lumières concerne bon nombre de pays d’Europe, le Portugal et l’Espagne sont encore empêtrés dans les suites de l’Inquisition, qui au-delà de porter atteinte aux présumés marranes de ces pays, enlise ces pays dans un certain archaïsme qui ne leur permettra pas de rentrer de plain-pied dans le monde moderne.

Le tremblement de terre de Lisbonne à l’aube de cette génération (1755) contribuera à affaiblir les anciennes puissances du Sud au profit des puissances émergentes du nord. A la prochaine génération, cette catastrophe naturelle ne manquera pas d’influencer l’esprit des Lumières.

Ainsi, alors que s’éteignent l’Espagne et le Portugal qui ont en leur temps ont été la lumière de l’Europe, l’Europe du Nord avance inexorablement vers les Lumières. Les Provinces Unies et l’Angleterre ont ouvert la voie. Cette génération est la génération qui voit la parution des premiers volumes de l’encyclopédie en France. Sous l’égide de Diderot et D’Alembert, le premier volume paraît en 1751. Malgré des tentatives de censure, l’aventure continue, les derniers volumes seront achevés en 1772. Cette œuvre sera déterminante dans l’avancée vers les sciences et les idées qui marqueront les prochaines générations en France.

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Alors que s’éteignent l’Espagne et le Portugal qui ont en leur temps été la lumière de l’Europe, l’Europe du Nord avance inexorablement vers les Lumières. Les Provinces Unies et l’Angleterre ont ouvert la voie. Cette génération est la génération qui voit la parution des premiers volumes de l’encyclopédie en France. Sous l’égide de Diderot et D’Alembert, le premier volume paraît en 1751. Malgré des tentatives de censure, l’aventure continue, les derniers volumes seront achevés en 1772. Cette œuvre sera déterminante dans l’avancée vers les sciences et les idées qui marqueront les prochaines générations en France.

La sphère allemande n’est pas en reste, Leibniz a créé en 1700 l’Académie des sciences de Berlin qui devient à la présente génération le moteur de l’Aufklärung, les Lumières allemandes.

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Y participeront de nombreux français Maupertuis et D’Alembert principalement mais également de façon plus limitée Voltaire et Diderot. Des noms prodigieux de la science et des idées coopéreront tel Lessing, Euler, Kant, Bernoulli, Lagrange si on se limite à la présente génération.

Moses Mendelssohn

À cette génération[6], le judaïsme en Europe du Nord finit de panser les plaies du Sabbataïsme quand il est atteint par de nouveaux mouvements perturbateurs. Jonathan Eisbeschutz, un rabbin apparemment adepte en secret du sabbataïsme va troubler la vie juive. Il fut rabbin d’une des plus importantes communautés juives allemandes de l’époque (« les Trois communautés » : Altona, Hambourg et Wandsbeck) juive et distribuait des amulettes dont on finit par se rendre compte qu’elle faisait référence au faux Messie Sabbatai Zevi. Combattu par Jacob Emden, des divisions fortes eurent lieu dans les communautés juives d’Allemagne et de Pologne et du reste du Nord de l’Europe. Un autre mouvement messianique naissait alors en la personne de Jacob Franck. Dans les deux affaires les autorités monarchiques et religieuses chrétiennes essayèrent également de tirer profit de la situation pour pousser les Juifs à la conversion. De façon générale, le prestige des rabbins subit une atteinte considérable de l’affaire des amulettes de Eisbeschutz et de la lutte entre hérétiques et orthodoxes.

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A Berlin un Juif, Moses Mendelssohn, initialise la « Haskalah », les lumières juives et permet également à l’Aufklärung, les lumières allemandes de prendre toute leur dimension. Il a tout d’abord suivi une éducation juive religieuse stricte et conventionnelle tel qu’il le raconte lui-même (en 1744) mais sans se désintéresser des sciences dites profanes:

  • Je suis né[7] en l’an 1729 (le 12 Eloul 5489 selon le calendrier juif) à Dessau. Mon père y était instituteur et scribe ou « sofer ». J’étudiais le Talmud sous Rabbi Frankel qui était à cette époque grand rabbin à Dessau. Après que ce grand rabbin eut acquis gloire auprès de la nation juive grâce à son commentaire sur la Talmud de Jérusalem, il fut nommé en 1743, environ, à Berlin où je le suivis la même année. Ici grâce au contact avec le futur docteur Gumperz, mort il y a quelques années à Hambourg, je pris goût aux sciences où il fut mon initiateur.

    Grâce à Gumperz, il rencontre Gotthold Ephraïm Lessing en 1754. Ce dernier avec Friedrich Nicolaï sont des figures marquantes de l’Aufklärung.

    Lessing publie en 1749 « Die Juden (Les juifs) » qui se veut une remise en cause des préjugés sur les juifs:

    • Avec Die Juden[8], rédigé en 1749, les juifs sont le sujet de la pièce de Lessing. Publiée en 1754, elle provoqua immédiatement une controverse sur l’aspect vraisemblable ou non du « noble juif ». Le sujet de la pièce est le mépris des juifs : un voyageur sauve la vie d’un baron aux prises avec des malfaiteurs, bandits déguisés en juifs, ce qui donne prétexte à l’expression d’une judéophobie mesurée mais réelle. Il invite son sauveur dans son domaine, lui propose sa fille en mariage. L’identité doit être dévoilée et le baron de conclure par la célèbre réponse : « Un Juif ? Hasard terrible […] Il y a bien des cas où le ciel lui-même nous empêche d’avoir de la gratitude. » Il suffira, ajoute le juif, « qu’à l’avenir vous jugiez mon peuple avec plus d’indulgence et moins de généralisation ». […] Le Juif refuse tout don en argent et les spectateurs doivent donc revenir sur leurs jugements, qui sont des préjugés.

    Mendelssohn devint un des chefs de file de la littérature et de la philosophie allemande défendant la langue allemande contre l’usage des autres langues comme le français. Le français est en effet considéré alors comme une langue noble en Allemagne comme dans d’autres contrées européennes.

    Il obtint un prix à l’Académie des sciences de Berlin en 1763. Il avait alors entre autres concurrents Emmanuel Kant, les deux philosophes dialogueront de façon productive par la suite, les œuvres des deux philosophes s’impactant mutuellement.

    Mendelssohn n’est malgré tout pas admis à l’académie, le roi de Prusse Frédéric II, bien que « despote éclairé » refuse encore qu’un Juif y soit accepté (il faudra attendre 1842 pour qu’enfin un juif non converti y soit accepté).

    En publiant le « Phédon » en 1669, Mendelssohn fut considéré comme le « Socrate » de Berlin, artisan clé à la foi de l’Aufklärung, les lumières allemandes et de la Haskalah, les lumières juives, espoir d’une symbiose judéo-allemande qui montera malheureusement ses limites quelques générations plus tard.

    Essor de la Franc-maçonnerie

    De fait si les Juifs peuvent progressivement prendre une part active à la vie intellectuelle et scientifique en Allemagne cela est du évidemment du fait de l’éclosion de l’Aufklärung, celle-ci favorisée par l’essor de la franc-maçonnerie qui essaie d’apporter une réponse à la compatibilité entre les sciences nouvelles et le religieux avec pour conséquence une liberté de croyance ouvrant ainsi aux Juifs une voie pour l’intégration.

    Frédéric II, le despote éclairé qui permettra aux lumières allemandes de se développer en Prusse et par la suite dans le reste de l’Allemagne était lui-même franc-maçon. C’est peut-être pour cela qu’il acceptât que Moses Mendelssohn, un Juif, puisse critiquer – entre autres – son usage excessif du français dans ses œuvres au détriment de la langue allemande.

    De nombreuses figures importantes des lumières en Europe et en Amérique étaient des francs-maçons. Ainsi Lessing qui eut une importance prépondérante dans le destin de Moses Mendelssohn avait écrit[1] : « Je suis aussi authentiquement franc-maçon que je suis chrétien».

    Le Temple de Salomon

    La franc-maçonnerie estime être l’héritière des constructeurs des cathédrales qui eux-mêmes auraient prolongé les secrets de la construction du Temple de Salomon :

    • Les francs-maçons[2] affirment que leur ancêtre était Hiram, architecte du Temple de Salomon ; les secrets du Temple sont parvenus aux bâtisseurs de cathédrales qui étant libres (francs) de toute servitude, ont formé les premières associations de « francs-maçons ». Ces groupes dont on ne peut faire partie qu’après une initiation, disparaissent à la fin du moyen-âge, sauf en Angleterre, où les « free masons », à la fin du XVIIe siècle, s’orientent vers une recherche intellectuelle tolérante et philanthropique. La Grand Loge de Londres, fondée en 1717, sert de modèle aux loges de Russie, de France, d’Autriche ou d’Amérique, en dépit des scissions et des courants qui opposent les différentes obédiences. Parmi les francs-maçons célèbres du XVIIIe siècle, on peut citer, outre Joseph II, de nombreux aristocrates français et probablement Mozart, dont la flûte enchantée est parsemée de symboles maçonniques.

    Ainsi même en Autriche, par le biais des loges maçonniques, les Lumières font leur apparition :

    • Siècle[11] de la consécration de l’état centralisé, le XVIIIe siècle est aussi celui de la diffusion de la pensée des Lumières et de l’audace des débats intellectuels. Cependant, sur les terres de la pieuse Marie-Thérèse, qui se considère avec intransigeance comme une souveraine de droit divin, c’est la surveillance des idées et de la foi qui est de règle. Les Juifs sont les premières victimes de son intolérance. […] En 1759, Marie-Thérèse retire le contrôle de la censure aux Jésuites et la prend sous son autorité directe. […].
    • Cette étroite surveillance n’empêche pas les idées nouvelles de pénétrer en Autriche. La grande originalité viennoise tient au rôle important que jouent les loges maçonniques dans la diffusion des Lumières parmi les élites. Comme la franc-maçonnerie comprend de nombreux aristocrates en son sein, la « philosophie » s’implante dans les plus hautes classes de la société autrichienne.
    • Les loges et l’aristocratie viennoises rêvent de despotisme éclairé, ce mélange de d’absolutisme et de philosophie, et l’Aufklärung (version allemande des Lumières) développe l’idée qu’un gouvernement n’a pas à rechercher la démocratie, mais doit être fort et éclairé, c’est-à-dire guidé par la raison. […]
    • Les idées des francs-maçons connaissent un grand succès parmi les membres du gouvernement, et même à la tête de l’État. En effet quand Marie-Thérèse meurt en 1765, sa veuve continue à exercer le pouvoir, mais elle fait couronner empereur son fils Joseph, qui est un franc-maçon convaincu. Ainsi, à côté de l’empirisme et des quelques idées simples de sa mère, Joseph II, grand lecteur d’utopies philosophiques, fait entrer des Lumières dans le gouvernement de l’Autriche.

    En Angleterre – le pays qui a à la fois initialisé le mouvement des lumières européennes et le mouvement maçonnique moderne – , pour la première fois en Europe chrétienne, une loi est votée donnant des droits complets de citoyenneté aux Juifs. Même si cette loi est vite annulée, elle marque un tournant décisif dans le sort des Juifs en Europe et dans la route vers l’émancipation :

    • Depuis[12] leur retour, sous Cromwell, les Juifs d’Angleterre, surtout à Londres, formaient un groupe isolé dont la situation n’était pas nettement définie. Ils n’étaient pas inquiétés par les pouvoirs publics et pratiquaient librement leur culte, sans pourtant y avoir jamais été autorisé par une loi. On les considérait comme des étrangers, ils étaient qualifiés d’Espagnols, Portugais, Hollandais ou Allemands, et ils payaient la taxe des étrangers (alien duty). Par exception, le roi accordait parfois le droit de cité à quelque membre riche ou très considéré de la communauté portugaise. Mais en général, ils étaient soumis à de nombreuses restrictions et même à des vexations. On les dispensait toutefois de certaines obligations le jour du sabbat, par exemple de comparaître devant les tribunaux.
    • Lorsque les Juifs établis dans les possessions anglaises de l’Amérique eurent été naturalisés, des négociants et des fabricants chrétiens adressèrent une pétition au parlement pour qu’en Angleterre également les Juifs pussent obtenir les droits de citoyen sans être obligés de communier. Le ministère Pelham appuya la pétition, mais elle fut combattue par ceux qui, par préjugé religieux ou par esprit de concurrence, étaient hostiles à l’émancipation des Juifs. Malgré cette opposition, la chambre de lords vota un bill qui accordait la naturalisation aux Juifs établis depuis trois ans en Angleterre ou en Irlande ; ils restaient seulement exclus des fonctions publiques et ecclésiastiques et ne pouvaient pas participer à l’élection des membres du parlement. La Chambre des Communes adopta également ce bill, qui fut érigé en loi par Georges II en mars 1753. Aussitôt, dans les églises, dans les tavernes et parmi mes corporations, éclatèrent de violentes protestations contre cette loi. […] Au vif regret des esprits libéraux, le ministère eut la faiblesse de céder aux clameurs des fanatiques et des commerçants jaloux et de renier son œuvre. Il abrogea la loi en 1754 : « parce qu’elle avait été mal accueillie et qu’elle avait troublé la conscience de nombreux sujets du roi ». Toutefois, on continua, comme auparavant, à se montrer assez tolérant à l’égard des Juifs.

    C’est en Angleterre que quelques années auparavant en 1723 avaient été définies les règles de base de la Franc-maçonnerie :

    • Très liées[3] au contexte politique et religieux de l’Angleterre de l’époque, les constitutions dites d’Anderson recommandent aux francs-maçons, dans leur Titre Premier, le plus fameux (« Concernant Dieu et la religion »), d’adopter une religion « sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions ». […]
    • C’est tout un monde qui s’esquisse à travers les Constitutions : celui des loges nouvelles, sans doute, mais, avant tout, celui de l’Angleterre libérale dont elles sont le produit, de cette nation désormais « éclairée » que les apôtres des Lumières, Voltaire et Montesquieu – ce dernier est initié à Londres dès 1730 dans la loge Horn – vont bientôt célébrer dans toute l’Europe.

    Le Temple[4] de Salomon est une référence incontournable pour la franc-maçonnerie et est souvent symboliquement reproduit dans les temples maçonniques ou un plancher en damier, appelé pavé mosaïque sert de rappel du Saint des Saints du Temple de Jérusalem. Le mot temple est utilisé par les francs maçons qui travaillent à la gloire d’un Grand Architecte de l’Univers, qui pour la plupart des adeptes, est le Dieu de religions du Livre qui se confond donc avec le Dieu défini par le judaïsme. C’est pour cette raison que, si les institutions juives ont toujours marqué une certaine méfiance vis-à-vis du mouvement franc-maçon, l’appartenance d’un Juif à la franc-maçonnerie n’est pas considérée comme une hérésie. La réaction des autres religions monothéistes est bien plus négative. Le christianisme a émis dès le début réel de la franc-maçonnerie de nombreuses bulles papales à l’encontre du mouvement et de ses adeptes. L’Islam refuse jusqu’à aujourd’hui la franc-maçonnerie craignant un complot judéo-maçonnique. La finalité des francs-maçons est de reconstruire, sur le plan symbolique, le « Temple de Salomon », c’est-à-dire de contribuer à bâtir le Temple d’une humanité « plus juste et plus éclairée » image du vrai « Temple de Salomon », premier temple dédié à l’Éternel. La loge est un décalque du « Temple de Salomon ». Les réunions maçonniques sont décalées et ont lieu de midi à minuit, soit principalement de nuit.

    C’est donc l’univers maçonnique que le psalmiste évoque dans le psaume de cette génération. Ceci ne vaut pas adhésions aux idées maçonniques mais cela décrit l’importance de ce mouvement dans le prolongement des Lumières européennes pour avancer vers un monde de tolérance marqué par le progrès des idées et des sciences qui permettra aux Juifs de sortir progressivement de leur position de paria et de participer activement à la naissance du monde moderne :

    1. Cantique des degrés. Allons ! Bénissez l’Éternel, vous tous, serviteurs de l’Éternel, (…)
      • En s’adressant à « vous tous », le psalmiste ne s’adresse pas qu’aux Juifs mais à tous ceux qui veulent servir l’Éternel à leur façon,
    1. (…) qui vous tenez dans la maison du Seigneur durant les nuits.
    2. Élevez vos mains vers le sanctuaire et bénissez le Seigneur.
      • Le temple maçonnique reproduit le Temple de Salomon et est censé être pour ces adeptes la maison du Seigneur (« Le Grand Architecte »), les adeptes se réunissent surtout la nuit pour faire avancer le monde des idées et des sciences.
    3. Qu’il te bénisse de Sion, l’Éternel qui a fait le ciel et la terre !
      • Le psalmiste conclut en rappelant tout de même que le lieu du Temple authentique est Jérusalem à la Gloire de l’Éternel qui est bien le seul architecte de ce monde, c’est-à-dire celui qui construit le ciel et la terre.
    • Cette génération fait partie de la 3ème garde de la nuit (générations 99 à 147).
    • Elle est donc associée à une malédiction du Deutéronome (malédictions numérotées 50 à 147 en continuité avec celles du Lévitique).
    • En effet les 2ème et 3ème gardes de la nuit sont celles du long exil des Juifs hors de leur terre et sans Temple à Jérusalem et donc sans service du Temple (défini dans le Lévitique). Le Deutéronome est une « redite » des lois adaptée à l’exil puisque ne reprenant pas les lois associées au service du Temple.

    À cette génération, en 1757 à Jérusalem[15], la communauté juive est touchée par une épidémie de variole qui cause la mort de plus de 150 enfants. La variole est caractérisée par l’apparition de pustules qui finissent par sécher pouvant souvent causer la mort.

    La génération 134 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 80 du Deutéronome:

    1. (et – L’Éternel te frappera avec –) les pustules sèches dont tu ne pourras pas guérir,

    Paul David

    [1] Cité par Maurice Ruben Hayoun : « Les lumières de Cordoue à Berlin, Une histoire intellectuelle du judaïsme (2) ». (p. 96/97)

     ,[2] (Sous la direction de) Jean Delumeau : « Histoire du monde, de 1492 à 1789 ». Chapitre : « Le règne de Marie Thérèse d’Autriche ». (p. 425)

    [3] « Le monde des religions : 20 clés pour comprendre la franc-maçonnerie ». (p. 24 à 27)

    [4] D’après : « Le monde des religions : 20 clés pour comprendre la franc-maçonnerie ».

    [5] (Sous la direction de) Jean Delumeau : « Histoire du monde, de 1492 à 1789 ». Chapitre : « Le règne de Marie Thérèse d’Autriche ». (p. 424-425)

    [6] D’après Heinrich Graetz : « Histoire des Juifs, volume 5 ». Chapitre XI : « Profonde décadence des Juifs (1700-1760) ».

    [7] Dominique Bourel : « Moses Mendelssohn ». (p. 44)

    [8] Dominique Bourel : « Moses Mendelssohn ». (p. 90/91)

    [11] (Sous la direction de) Jean Delumeau : « Histoire du monde, de 1492 à 1789 ». Chapitre : « Le règne de Marie Thérèse d’Autriche ». (p. 427)

    [12] Heinrich Graetz : « Histoire des Juifs, volume 5 ». Chapitre : « Les Juifs anglais sous Georges II ». (p. 259/260)

    [15] Renée Neher-Bernheim : « La vie juive en Terre Sainte, 1517-1918 ». (p. 139)