Résumé:
Cette génération est celle des années 310 à 330 après JC.
Suivant notre comptage, cette génération est la génération 63 associée au psaume 63. C’est dans ce psaume 63 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.
Le modèle de partage en quatre de l’Empire romain voulu par Dioclétien, qui abdique volontairement en 305, ne résiste pas longtemps aux appétits des nouveaux maîtres de l’Empire.
En 311, après huit ans où la « grande persécution » lancée par Dioclétien avait tenté de donner un coup d’arrêt à l’expansion chrétienne, un édit de tolérance dû à son successeur Galère, premier Auguste, fait du christianisme une religion autorisée dans l’Empire romain. Dans les années qui suivront la tolérance se changera en faveur.
À la mort de Galère en 311, les trois maîtres restant de l’empire : Licinius, Maximin Daïa et Constantin subissent la contestation d’un nouveau prétendant Maxence qui s’oppose principalement à Constantin. Les armées de Maxence et Constantin s’affrontent, Maxence est mis en déroute sur le pont Milvius et y meurt.
La bataille du pont Milvius fait de Constantin le maître absolu de l’Europe. Elle marque aussi, sinon sa propre conversion au christianisme, du moins le moment où il s’érigea en protecteur de ses sujets chrétiens.
Bien qu’il déplacera la capitale de l’empire à Constantinople, Constantin ordonne la construction à Rome de la première des basiliques constantiniennes de Rome, Saint Jean de Latran, qui reste aujourd’hui la cathédrale de la ville. Il y eut une considérable augmentation des conversions dans les années suivantes. Bien que durant cette génération, Constantin ne prend pas de mesures contre les Juifs (ce qui sera par contre le cas à la fin de sa vie), c’est une génération de transition qui transforme le royaume d’Edom (Rome) païen en un nouveau royaume d’Edom Chrétien.
La priorité du Christianisme lors de cette génération c’est tout d’abord de combattre ses propres « hérésies ». L’arianisme rencontre alors un grand succès dans le monde chrétien: Jésus n’est ni éternel ni de la même substance que Dieu le père, mais créé par lui comme instrument pour sauver le monde. Sa nature est humaine et non divine.
Constantin décide de convoquer un premier concile « universel », le concile de Nicée en 324 qui eut lieu du 20 mai au 19 juin 325. Un compromis fut trouvé avec les partisans d’Arius : Jésus est consubstantiel (homoousios) à Dieu. Ceci ne réglera que temporairement le conflit avec l’arianisme mais donnera à l’église sa dimension universelle en unissant les églises orientales et occidentales.
Cette nouvelle force continuera dans les prochaines générations à s’intéresser aux différents mouvements hérétiques de l’église arrivant quasiment à tous les éliminer mais également, pour leur plus grand malheur, du sort des Juifs de l’empire.
Développement:
Le partage de l’empire
Cette génération est l’occasion du réel avènement de Constantin et à travers lui le triomphe du Christianisme.
La dernière tentative de Dioclétien d’endiguer l’emprise de la nouvelle religion aura été vaine :
- En 311[1], après huit ans où la « grande persécution » lancée par Dioclétien avait tenté de donner un coup d’arrêt à l’expansion chrétienne, un édit de tolérance dû à son successeur Galère, premier Auguste, faisait du christianisme une religion autorisée dans l’Empire romain. Les années qui suivirent allaient voir la tolérance se changer en faveur ; bientôt l’État romain deviendrait officiellement chrétien et s’engageait dans la lutte contre l’ancienne religion, ou pour mieux dire contre les religions traditionnelles. Les Barbares, d’autre part, auraient de plus en plus de contacts avec l’Empire ; beaucoup viendraient s’installer sur ses terres et feraient disparaître peu à peu son pouvoir en Occident ; mais le christianisme, déjà solidement installé dans ces régions, trouverait chez eux un vaste champ d’expansion.
Le modèle de partage en quatre de l’Empire romain voulu par Dioclétien, qui abdique volontairement en 305, ne résiste pas longtemps aux appétits des nouveaux maîtres de l’Empire.
L’échec de Maxence
À la mort de Galère en 311, les trois maîtres restant de l’empire : Licinius, Maximin Daïa et Constantin subissent la contestation d’un nouveau prétendant Maxence qui s’oppose principalement à Constantin ce qui provoque l’expédition guerrière de celui-ci:
- Pendant[2] la longue progression de Constantin, Maxence était resté à Rome. Ce n’est que lorsque l’armée de son beau-frère (Constantin avait épousé la fille de Maximien frère de Maxence) approcha de la ville qu’il sortit à sa rencontre.
- Les deux armées s’affrontèrent le 28 octobre 312 à Saxa Rubra (les Roches rouges) sur la Via Flaminia, à dix ou douze kilomètres au nord-est de Rome. […] Constantin mit l’armée de Maxence en déroute, la repoussant vers le sud où le vieux pont Milvius traverse le Tigre. Près de ce pont, Maxence en avait jeté un autre, établi sur des pontons, par lequel, si nécessaire, il pourrait battre en retraite et qu’il pourrait ensuite faire rompre par le milieu pour éviter qu’on le poursuive. Son armée passa sur ce pont, les soldats fuyant pour sauver leur vie. Ils auraient pu s’échapper si les ingénieurs n’avaient pas perdu la tête et tiré les cales trop tôt. Tout l’édifice s’effondra, précipitant des centaines d’hommes dans les eaux tumultueuses. Ceux qui n’avaient pas encore traversé se ruèrent sur le vieux pont de pierre, leur seule chance de salut, mais comme Maxence le savait, il était trop étroit. Beaucoup moururent écrasés ou piétinés, d’autres furent jetés par-dessus le parapet par leurs propres camarades.
Constantin, maître de l’Europe
- Parmi ces derniers, on retrouva le corps de l’usurpateur (Maxence) en personne, rejeté sur la berge. La bataille du pont Milvius fit de Constantin le maître absolu de l’Europe. Elle marqua aussi, sinon sa propre conversion au christianisme (selon Eusèbe, suite à une vision avant la bataille lui promettant la victoire, Constantin se serait converti au Christianisme avant la bataille, toutefois cette légende est largement mise à mal par l’auteur – John Julius Norwich — dans les développements qui suivent cette citation), du moins le moment où il s’érigea en protecteur de ses sujets chrétiens.
- À son départ de Rome (il va déplacer la capitale de l’empire à Constantinople, ex-Byzance), il offrit au pape Miltiade le vieux palais de la famille Laterani, que l’impératrice Fausta – qui l’avait rejoint peu après son arrivée — avait occupé pendant son séjour. Il devait rester un palais papal pendant mille ans. À côté, il ordonna la construction, à ses propres frais, de la première des basiliques constantiniennes de Rome, Saint Jean de Latran, qui reste aujourd’hui la cathédrale de la ville. Il est significatif qu’on ait consacré au baptistère un immense espace circulaire : il y eut une considérable augmentation des conversions dans les années suivantes.
Le triomphe du Christianisme
Bien que durant cette génération, Constantin ne prend pas de mesures contre les Juifs (ce qui sera par contre le cas à la fin de sa vie), c’est une génération de transition qui transforme le royaume d’Edom (Rome) païen en un nouveau royaume d’Edom Chrétien.
La priorité du Christianisme lors de cette génération c’est tout d’abord de combattre ses propres « hérésies ».
Ainsi[3] Arius d’Alexandrie proclame que Jésus n’est ni éternel ni de la même substance que Dieu le père, mais créé par lui comme instrument pour sauver le monde. Sa nature est humaine et non divine.
L’arianisme rencontre alors un grand succès dans le monde chrétien.
Le concile de Nicée
Constantin décide de convoquer un premier concile « universel », le concile de Nicée en 324 qui eut lieu du 20 mai au 19 juin 325.
Un compromis fut trouvé avec les partisans d’Arius : Jésus est consubstantiel (homoousios) à Dieu.
Ceci ne réglera que temporairement le conflit avec l’arianisme mais donnera à l’église sa dimension universelle en unissant les églises orientales et occidentales.
Cette nouvelle force continuera dans les prochaines générations à s’intéresser aux différents mouvements hérétiques de l’église arrivant quasiment à tous les éliminer mais également, pour leur plus grand malheur, du sort des Juifs de l’empire.
Ainsi si cette génération n’est pas noire pour les Juifs, elle annonce une nuit encore plus profonde pour les Juifs pour les générations et les siècles à venir. Devant cette nuit qui s’épaissit, David ne peut que renouveler son espoir en Dieu même s’il sait que le pire est à venir.
C’est ce qui est exprimé dans le début du psaume :
- Psaume de David, lorsqu’il était dans le désert de Juda.
- Ô Dieu, Tu es mon Dieu, que je recherche avidement ; mon âme a soif de Toi, mon être Te désire passionnément, sur un sol aride, altéré, sans eau.
- La diaspora juive confinée à l’ancien empire romain est maintenant dans une terre essentiellement chrétienne dans laquelle les Juifs vont avoir à s’effacer (sol aride).
- Puissé-je donc Te contempler dans le sanctuaire, voir ta puissance et Ta gloire !
- Car ta grâce vaut mieux que la vie : mes lèvres proclament Tes louanges.
- La phase restante de la nuit va être sombre pour les Juifs, David sait que seul l’aurore à la fin de celle-ci lorsque les Juifs retrouveront leur terre et leur temple est à espérer.
- De la sorte, je te bénirai ma vie durant, en invoquant Ton nom je lèverai mes mains.
- Mon âme sera rassasiée comme de graisse et de moelle, et ma bouche te glorifiera en un langage enthousiaste,
- lorsque je me souviendrai de Toi sur ma couche, et penserai à Toi dans les veilles de la nuit.
- David évoque la fidélité du peuple juif à l’alliance divine malgré les générations noires qui s’annoncent celles des dernières « veilles de la nuit ».
- Car Tu seras devenu un appui pour moi, et je chanterai à l’ombre de Tes ailes.
- Mon âme te sera fidèlement attachée ; Ta droite forme mon soutien.
Un nouveau monde
Le règne de Constantin sera décisif dans l’histoire de l’humanité :
- Constantin[4] 1er, empereur de Rome. Aucun souverain dans l’histoire n’a davantage mérité le titre de Grand car, en quinze ans seulement, il prit deux décisions qui chacune à elle seule eût modifié l’avenir du monde civilisé. La première fut d’adopter le christianisme comme religion officielle de l’Empire romain. La seconde fut de transporter la capitale de cet empire de Rome à la nouvelle ville qu’il bâtissait sur le site de l’ancienne Byzance et que l’on devait, pour les seize siècles à venir, appeler de son nom : Constantinople, la ville de Constantin. Ensemble ces deux décisions et leurs conséquences lui ont conféré le droit de concourir pour le titre d’homme le plus influent de l’histoire – mis à part le Christ, Bouddha et le prophète Mahomet.
C’est ce pouvoir que David remet en cause quel que soit l’éclat de Constantin, le vrai roi (le Messie) viendra rétablir la croyance en Dieu et mettra fin entre autres, tout du moins sa forme connue, au Christianisme naissant basé sur la nature divine de Jésus.
C’est ainsi que David conclut son psaume :
- Mais ceux qui, pour leur malheur, attentent à ma vie, descendront dans les derniers dessous de la terre. On les jettera sur le tranchant de l’épée, ils deviendront la proie des chacals.
- Quant au Roi, il se réjouira en Dieu ; quiconque jure par Lui pourra se glorifier ; alors que la bouche des menteurs sera close.
- Cette génération fait partie de la 2ème garde de la nuit (générations 50 à 98).
- Elle est donc associée à une malédiction du Deutéronome (malédictions numérotées 50 à 147 en continuité avec celles du Lévitique).
- En effet les 2ème et 3ème gardes de la nuit sont celles du long exil des Juifs hors de leur terre et sans Temple à Jérusalem et donc sans service du Temple (défini dans le Lévitique). Le Deutéronome est une « redite » des lois adaptée à l’exil puisque ne reprenant pas les lois associées au service du Temple.
Comme David l’illustre dans le psaume, la terre d’Israël, terre promise au peuple Juif, se ferme à eux. Et, au lieu du lait et du miel, coule maintenant l’amertume. Le peuple Juif ne pourra bientôt plus survivre qu’en exil en attendant le retour définitif.
La génération 63 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 69 du Deutéronome:
- Et la terre qui est sous toi, (sera) du fer.
Paul David
[1] Pierre Maraval/Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe/Chapitre : « L’expansion du Christianisme » (p2)
[2] John Julius Norwich/Histoire de Byzance/Chapitre : « Les premiers siècles / Maxence» (p.19 et 20)
[3] Suivant John Julius Norwich/Histoire de Byzance/Chapitre « Les premiers siècles » (p23/24)
[4] John Julius Norwich/Histoire de Byzance/Chapitre I : « Constantin le Grand » (p17)