Résumé:
Cette génération est celle des années 370 à 390 après JC.
Suivant notre comptage, cette génération est la génération 66 associée au psaume 66. C’est dans ce psaume 66 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.
Valentinien à l’occident et Valens, du côté de l’orient, doivent combattre la pression « barbare » qui s’amplifie. C’est alors dans un climat d’incertitude en Orient comme en Occident que 50000 barbares passent le Danube pour s’établir en Thrace comme fédérés. Le 9 août 378 s’engage près d’Andrinople une grande bataille. La cavalerie Gothique anéantit l’armée romaine. Valens est tué. Les Goths restent dans l’empire, c’est le début de l’intégration des peuples « barbares » du nord et de l’ouest de l’Europe dans l’empire, le monde romain méditerranéen se fait l’embryon de l’Europe.
Gratien devient le seul maître de l’Empire romain d’Orient et d’occident.
Il refuse d’abord de porter le manteau de grand pontife, un titre et une fonction liés à tous les empereurs sans exception depuis Auguste. Il entend par là proclamer que l’état renonce au paganisme. Cette décision sonne la fin de la Rome païenne.
La Rome païenne en rasant le temple de Jérusalem et dévastant la Judée avait cru que le panthéon romain avait vaincu le monothéisme. Elle se transforme maintenant, sous la pression conjuguée du Christianisme et des peuples du nord, en principal vecteur de la foi en un Dieu unique et ainsi devient le ferment de la propagation de cette foi au monde.
Développement:
La pression « barbare »
Pendant[1] cette génération, Valentinien continue à présider aux destinées de l’occident.
Valentinien a une certaine réussite militaire avec les « barbares » : les Alamans et les Francs sur le Rhin et les Ouades et les Sarmathes sur le Danube, il essaya de fortifier les zones frontières pour les sécuriser. Il faut également combattre les Scots et les Saxons en Bretagne.
À la mort de Valentinien en 375, son fils Gratien, âgé de seize ans, lui succède.
Valens, du côté de l’orient doit lui aussi combattre les attaques « barbares » : les Goths poussés par les Huns, les Ouades et les Sarmathes. Sur le plan intérieur, Valens favorable aux Ariens, s’oppose aux Catholiques et aux païens.
Andrinople
C’est alors dans un climat d’incertitude en Orient comme en Occident que se produisit la catastrophe d’Andrinople (9 août 378). En 376, pas moins de 50000 barbares (Goths bousculés chez eux par les Alains, eux-mêmes poussés par les Huns) passent le Danube pour s’établir en Thrace comme fédérés.
C’est le début des grandes migrations vers l’Ouest et le Sud. Valens accoure à Constantinople. On commence par organiser une petite guerre avec quelques succès. On amorce des négociations. Mais le 9 août 378 s’engage près d’Andrinople une grande bataille.
La cavalerie Gothique anéantit l’armée romaine. Valens est tué ainsi que tous les généraux et trente-cinq tribuns. Les Goths restent dans l’empire, c’est le début de l’intégration des peuples « barbares » du nord et de l’ouest de l’Europe dans l’empire, le monde romain méditerranéen se fait l’embryon de l’Europe.
A la mort de Valens, Gratien devient le seul maître de l’Empire romain d’Orient et d’occident. Il prend deux décisions aussi spectaculaires qu’importantes.
La fin de la Rome païenne
Il refuse d’abord de porter le manteau de grand pontife, un titre et une fonction liés à tous les empereurs sans exception depuis Auguste. Il entend par là proclamer que l’état renonçait au paganisme. Cette décision sonne la fin de la Rome païenne, celle qui avait détruit le Temple de Jérusalem se convertit officiellement au monothéisme.
Cette décision suit la mort (en 376) de Symmaque le père, préfet de Rome en 364-365, le plus influent des sénateurs païens, membre d’une très grande famille, d’un paganisme déclaré, mais non sectaire. À sa mort, les chrétiens intransigeants de Rome passèrent ouvertement à l’attaque, ils saluèrent avec joie la mort de cet adversaire.
Et le poème que l’un d’eux écrit contre Symmaque, marque la rupture définitive de la « coexistence pacifique » qui jusque-là régnait entre les deux fois, païenne et chrétienne. La guerre des religions pouvait commencer.
Sa deuxième décision est de nommer Théodore Auguste qui s’installe en Orient. La paix est conclue avec les Perse : Shahpur II meurt en 379, ses successeurs sont médiocres et les Perses sont maintenant menacés par les Huns.
Après trois ans de guerre avec les Goths, Théodose signe en 382 un accord avec Fritigern, leur général. Cet accord autorise les Goths à s’installer entre le Danube et les Balkans en jouissant de l’autonomie et du privilège d’immunité pour les terres. Les Goths constituent ainsi une nation propre. Au fond c’est le premier état germanique implanté dans l’Empire. Certains ont vu dans ce traité la fin de l’Empire.
La rupture avec le paganisme est franche:
- La politique[2] religieuse de Gratien et de Théodose, puis de Théodose seul lorsque disparaît son associé, comporte un volet visant hors-la-loi le paganisme, que des mesures successives finiront par mettre hors-la-loi. Lors de son avènement, Théodose refuse le manteau de Pontifex Maximus, et Gratien y renonce peu après. […] Ensuite (l’auteur énumère des lois à l’encontre des apostats chrétiens), même si Théodose conserve sa faveur à des païens, d’anciennes interdictions contre les pratiques religieuses traditionnelles, sont renouvelées : en 381 et 382, les sacrifices sanglants sont proscrits sous peine de déportation ; en 385, les pratiques de divination le sont sous peine de mort. Ces mesures n’allaient pas beaucoup plus loin que celles prises par Constantin lui-même, mais les deux empereurs vont bientôt s’en prendre aussi aux institutions mêmes du culte païen : à l’automne 382, Gratien fait enlever du sénat de Rome l’autel de la Victoire, puis il supprime les immunités des Vestales et des sacerdoces païens, confisque leurs revenus et leurs allocations ; à Constantinople et d’autres villes d’Orient, Théodose ordonne la fermeture des temples : seuls peuvent rester ouverts, à des fins uniquement culturelles, ceux qui contiennent des œuvres d’art. En 384, il envoie en Égypte son préfet du prétoire Cynégios, avec pour mission de fermer les principaux temples.
La Rome païenne en rasant le temple de Jérusalem et dévastant la Judée avait cru que le panthéon romain avait vaincu le monothéisme. Elle se transforme maintenant, sous la pression conjuguée du Christianisme et des peuples du nord, en principal vecteur de la foi en un Dieu unique, et ainsi devient le ferment de la propagation de cette foi au monde.
C’est dans ce sens qu’il faut interpréter le psaume de cette génération qui d’ailleurs tient une place de choix dans la liturgie chrétienne :
- Au Chef des chantres. Cantique. Psaume. Que toute la terre acclame Dieu !
- Chantez la gloire de son nom, faites de ses louanges un tribut d’honneur.
- À partir de cette génération, le Christianisme va se propager dans l’ensemble du monde de l’époque, y compris dans les peuples « barbares » du nord qui commence leur entrée dans l’« histoire ». Relayée par l’Islam dans quelques générations, la vénération de Dieu va ainsi se propager jusqu’à nos jours à tous les confins du monde, Les psaumes de David, les « louanges », vont être intégrés à de nombreuses liturgies pour mieux prier Dieu et ainsi se trouver au centre de la prière chrétienne adoptée par les nations.
- Dites à Dieu : « Que tes œuvres sont prodigieuses ! À cause de ta toute puissance tes ennemis rampent devant toi ;
- la terre entière se prosterne à tes pieds, entonne tes louanges, célèbre ton nom. » Sélah!
- Rome s’était érigé comme ennemi du peuple d’Israël et avait souillé le temple de Dieu. Les héritiers de Rome sont aujourd’hui les premiers à le vénérer et à reprendre les psaumes de David dans leur prière.
- Venez et contemplez les hauts faits de Dieu ! Merveilleuse est son action sur les fils de l’homme.
- Il change la mer en terre ferme, à travers le fleuve on marche à pied sec ; dès lors nous mimes notre joie en lui.
- Le psalmiste compare cette évolution à celle du peuple d’Israël, de même que Dieu avait extirpé le peuple Juif de l’Égypte, symbole de l’idolâtrie, aujourd’hui ce sont les nations qui « brûlent » leurs vieilles idoles et se tournent vers Dieu.
- Il règne éternellement dans sa force, ses regards observent les nations : que les rebelles ne portent pas le front haut ! Sélah !
- Nations, bénissez notre Dieu, faites retentir le bruit de ses louanges !
- La fin de l’empire païen de Rome au profit de l’Occident chrétien donne le réel point de départ pour les nations de tourner leurs prières vers Dieu.
- Il nous a gratifiés de la vie, et n’a pas laissé nos pieds chanceler.
- Car Tu nous as éprouvés, Ô notre Dieu, jetés au creuset comme on fait de l’argent.
- Tu nous avais amenés dans un filet, Tu avais chargé nos reins d’un pesant fardeau,
- courbé notre tête sous le joug des gens. Nous avions passé par le feu et par l’eau ; mais tu nous as remis dans l’abondance.
- Pour arriver à ce résultat, le peuple d’Israël a payé le prix fort. Car Rome avant de se tourner vers Dieu a combattu avec force son peuple, le peuple d’Israël. Celui-ci depuis trois siècles a résisté dans sa foi en Dieu malgré les malheurs subis pendant cette période. De plus avec l’essor conjoint de Rome et de l’empire Perse, les Juifs s’ils ne sont plus aussi nombreux que par le passé sont présents sur l’ensemble des terres conquises par ces deux empires ou sous leur influence. De plus la foi Juive, divisée en de nombreux courants sectaires avant la catastrophe de 70 se trouve aujourd’hui unifiée grâce aux efforts d’uniformisation des rabbins. Que ce soit à travers le Talmud de Jérusalem dont la fin de la rédaction est proche ou du Talmud de Babylone qui est déjà mature.
- Je me présenterai dans ta maison avec des holocaustes, pour m’acquitter envers Toi de tous mes vœux,
- que mes lèvres ont exprimés, qu’au cours de ma détresse ma bouche a formulés.
- Je t’offrirai des (brebis) grasses comme holocaustes, avec la fumée des béliers ; j’immolerai des taureaux ainsi que des boucs. Sélah !
- Venez et écoutez : Je veux raconter, à vous tous qui craignez Dieu, ce qu’il a fait en ma faveur !
- À pleine bouche je l’avais évoqué, Il se trouvait exalté par mes lèvres.
- Si, dans mon cœur, j’avais eu en vue l’iniquité, Dieu ne m’eût pas entendu.
- Eh bien : Dieu a entendu, il a été attentif aux accents de ma prière.
- Loué soit Dieu qui n’a pas repoussé ma prière, et ne m’a pas retiré sa grâce !
- David en vue du bilan finalement positif de ces dernières générations qui a vu malgré le sort réservé à son peuple depuis l’avènement de Rome voir l’avancée (lente) des nations vers Dieu et la vérité renouvelle sa confiance en Dieu et sa confiance en la résurrection finale de son peuple qui va malgré tout payé encore un prix très élevé dans les générations futures avant que les nations accèdent à une vision éclairée du divin.
- Cette génération fait partie de la 2ème garde de la nuit (générations 50 à 98).
- Elle est donc associée à une malédiction du Deutéronome (malédictions numérotées 50 à 147 en continuité avec celles du Lévitique).
- En effet les 2ème et 3ème gardes de la nuit sont celles du long exil des Juifs hors de leur terre et sans Temple à Jérusalem et donc sans service du Temple (défini dans le Lévitique). Le Deutéronome est une « redite » des lois adaptée à l’exil puisque ne reprenant pas les lois associées au service du Temple.
Cette génération voit la séparation du monde en deux : l’orient et l’occident. L’occident qui se christianise et l’orient sous la domination Perse qui servira bientôt de creuset à l’expansion de l’Islam. Dans ces deux empires, les Juifs sont disséminés, en Babylonie pour l’orient et sur l’ensemble du pourtour méditerranéen pour l’occident. Les Juifs créeront des communautés de plus en plus loin dans ces empires. En Espagne, sur le Rhin et sur le Danube pour l’occident. La péninsule Arabe voire l’Inde et la Chine pour l’orient. Si la population Juive dans le monde ne cesse de décroître en proportion par rapport à son apogée du début de l’ère chrétienne, sa présence ne cesse de s’étendre aux limites du monde connu.
La génération 66 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 135 du Deutéronome:
- L’Éternel te dispersera parmi tous les peuples de la terre d’un bout de la terre à l’autre bout de la terre.
Paul David
[1] Résumé effectué à partir de Marcel Le Glay/Rome II. Grandeur et chute de l’Empire/Chapitre : « La fondation d’un système politique » (p. 541 à 548)
[2] Pierre Maraval/Le Christianisme de Constantin à la conquête arabe/Chapitre : « L’expansion du Christianisme » (p. 20/21)