De 370 av. JC à 350 av. JC, psaume 29 : Jonas.

Résumé:

Cette génération est celle des années 370 avant JC à 350 avant JC.

Suivant notre comptage, cette génération est la génération 29 associée au psaume 29. C’est dans ce psaume 29 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.

Après bien des vicissitudes depuis l’exil à Babylone, le peuple d’Israël est enfin réuni sur sa terre en pleine souveraineté avec le Temple restauré. Un Temple purifié avec à nouveau des prêtres pour en assurer le service. Un peuple qui s’est retrouvé oubliant les égarements passés et se séparant des peuples afin d’éviter une nouvelle rechute.

Le livre de Tobit ne fait pas partie du canon de la Bible hébraïque mais est intégré à la Bible chrétienne. Dans ce livre nous trouvons une trace des tribus d’Israël exilées, en particulier des représentants de la tribu de Nephtali qui se retrouvent exilés dans la ville de Ninive.

On peut situer l’histoire de Jonas à cette génération. Jonas doit annoncer la destruction prochaine de Ninive. Après avoir refusé sa mission, Jonas s’y résout. les habitants de Ninive choisiront de revenir vers le bien, ce qui entraîne la clémence de l’Éternel.

Développement:

Le Temple restauré

Après bien des vicissitudes depuis l’exil à Babylone, le peuple d’Israël est enfin réuni sur sa terre en pleine souveraineté avec le Temple restauré. Un Temple purifié avec à nouveau des prêtres pour en assurer le service, un peuple qui s’est retrouvé oubliant les égarements passés et se séparant des peuples afin d’éviter une nouvelle rechute.

Ce renouveau apparent justifie le début du psaume :

  1. Psaume de David. Célébrez l’Éternel, ô fils de Dieu ! Célébrez sa gloire et sa puissance.
  2. Rendez hommage au nom glorieux de l’Éternel, adorez l’Éternel dans son superbe sanctuaire.

Nous pourrions commenter le reste du psaume dans le même esprit, c’est dire des louanges à Dieu sur la souveraineté retrouvée, mais nous sommes dans la nuit d’Israël et pas une génération ne peut trouver une quiétude complète.

Depuis l’exil des dix tribus d’Israël par Sennachérib, le peuple juif a deux composantes, la partie du peuple installée sur sa terre et celle vivant en exil. Pour la première, nous verrons que la tâche n’est pas facile et qu’elle subira des aléas divers faits d’espoir et de désillusions. Pour la seconde, celle que l’on nomme aujourd’hui la Diaspora, malgré les vicissitudes de l’exil, assurera de fait la survie du peuple d’Israël à travers les temps.

C’est d’ailleurs de la Diaspora qu’a pu renaître le peuple d’Israël sur sa terre aujourd’hui.

Pendant cette génération, le peuple juif vit avec une certaine sérénité afin de se reconstruire sur sa terre, cela est bien utile car jusqu’alors il avait été affronté aux peuples de l’orient, il le sera bientôt aux peuples de l’occident.

Philippe de Macédoine

Il y a déjà plus d’un siècle, la bataille de Marathon (-490) n’avait pas permis aux Perses de prendre le dessus sur les Grecs.

C’est donc un autre souverain qui s’attaque alors à la puissance grecque : Philippe de Macédoine. Ces événements sont sans impact sur la génération actuelle. Le répit toutefois sera de courte durée, car bientôt Alexandre le Grand fils de Philippe fera connaître son nom en Orient.

Le livre de Tobit

Dans Tobit, nous trouvons une trace des tribus d’Israël exilées, en particulier des représentants de la tribu de Nephtali qui se retrouvent exilés dans la ville de Ninive.

Ninive correspond approximativement à la ville actuelle de Mossoul (bien qu’aujourd’hui, les villes de Mossoul et Ninive existent séparément dans l’Irak Moderne).

Le livre de Tobit ne fait pas partie du canon de la Bible hébraïque mais est intégré à la Bible chrétienne. Le fait que ce livre n’ait pas été conservé dan le canon hébraïque malgré sa popularité est vraisemblablement dû à la perte des originaux hébreux ou araméens (seule la version grecque a subsisté) et non à son inadaptation.

Ainsi le livre de Tobit commence par rappeler la généalogie de ce personnage. Le livre de Tobit indique par la suite la piété particulière de Tobit malgré son installation à Ninive. Flavius Josèphe, également, lorsqu’il relate l’épisode d’Ezra, évoque les dix tribus d’Israël dans leur exil.

Rossetti, Dante Gabriel; Tobias in the House of His Father and Mother; Norfolk Museums Service; http://www.artuk.org/artworks/tobias-in-the-house-of-his-father-and-mother-753

Ninive

La ville de Ninive prit réellement de l’importance lorsque Sennachérib en fit sa capitale, il est légitime de penser que cette ville fut alors une destination privilégiée pour les exilés des tribus d’Israël.

Le successeur de Sennachérib, Assourbanipal essaya de poursuivre l’expansion de son père et en fit largement profiter Ninive. La succession d’Assourbanipal ne résistera pas aux assauts extérieurs, et Ninive finit par tomber aux mains des Mèdes associés aux neo-babyloniens de Nabopolassar en 612 avant JC. C’est Babylone qui deviendra la nouvelle capitale des conquérants, de là partira alors l’assaut vers Jérusalem qui verra la destruction du Temple et l‘exil de la tribu de Juda.

Stich, Abbildung, gravure, engraving from Gilbert : 1880

Malgré la conquête par les Mèdes, il est peu vraisemblable que la ville de Ninive ait perdu son caractère de métropole an Assyrie. Rappelons que cette ville existe encore dans l’Irak d’aujourd’hui et rassemble une population de plus de sept cent mille habitants en face de l’autre métropole Mossoul d’une population plus nombreuse mais globalement comparable.

La situation géographique propice sur les rives du Tigre et à proximité de terres riches fait de ce lieu un centre idéal pour l’édification d’une ville. Ninive ou ses environs devait donc être une métropole importante pour la génération qui nous intéresse et devait rassembler de nombreux juifs qu’ils soient descendus des dix tribus d’Israël exilées par Sennachérib ou de la tribu de Juda exilée par Nabuchodonosor. En tout état de cause, cette ville, sa proximité par rapport à la terre d’Israël, et sa place historique dans l’exil des juifs en fait le symbole idéal de la diaspora. On peut donc situer l’histoire de Jonas à cette génération ou à défaut y situer l’écriture du livre de Jonas qui a une place importante dans la bible hébraïque.

Le livre de Jonas

Dans le livre de Jonas, c’est aux juifs de la diaspora naissante que Dieu s’intéresse pendant que les juifs installés en terre d’Israël vivent un temps de repos limité en durée. Pour cela, Dieu s’adresse à un prophète résidant lui en terre d’Israël :

  • La[1] parole de l’Éternel fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï, en ces termes : « Lève-toi ! Va à Ninive, la grande ville, et prophétise contre elle ; car leur iniquité est arrivée jusqu’à moi. »

Malgré l’ordre divin, Jonas fuit la terre d’Israël pensant ainsi échapper à sa mission. Mais le pouvoir de l’Éternel ne se limite pas aux frontières de la terre d’Israël, Jonas est donc naturellement poursuivi par Dieu. 

    Ce pouvoir de Dieu sur les éléments illustre la suite du psaume :

    1. La voix de l’Éternel retentit sur les eaux, le Dieu de gloire tonne, l’Éternel, sur les grandes eaux.
    2. La voix de l’Éternel éclate avec force, la voix de l’Éternel, avec majesté.
    3. La voix de l’Éternel brise les cèdres, c’est l’Éternel qui met en pièces les cèdres du Liban
      • (références aux bois qui composent la structure du bateau qui abrite Jonas).
    4. Qui les fait bondir comme des jeunes taureaux, (…)
      • (illustre le ballottage du bateau dans la tempête)
    1. (…) le Liban et le Sirion comme de jeunes buffles.
    2. La voix de l’Éternel fait jaillir des flammes ardentes.

    Les matelots finirent par comprendre que Jonas était la cause de leur malheur et sur les conseils de ce dernier, ils le jettent à la Mer, ce qui a pour effet de calmer immédiatement la tempête et de préserver leur vie. Le récit indique que les matelots reconnaissants à l’Éternel se convertirent à la foi de l’Éternel. Quand à Jonas, il fut absorbé par un poisson qui finit par le rejeter sur la berge une fois que Jonas fut résolu d’accomplir enfin sa mission.

    L’Éternel est Miséricordieux

    Cette mission lui fut réaffirmée alors par l’Eternel. Jonas devait annoncer la destruction prochaine de Ninive :

    • La[3] parole de l’Éternel fut adressée une seconde fois à Jonas, en ces termes : « Lève-toi, va à Ninive la grande ville, et fais-y la publication que Je te dicterai. » Jonas se leva et se rendit à Ninive, selon l’ordre du Seigneur. Or, Ninive était une ville puissamment grande : il fallait trois jours pour la parcourir. Jonas commença à parcourir la ville l’espace d’une journée, et publia cette annonce : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ».

    Ceci illustre la suite du psaume qui évoque le déluge, comparable au sort annoncé de Ninive :

    1. La voix de l’Éternel fait trembler le désert, (…)
      • Il est vraisemblable que c’est dans le désert que la parole de l’Éternel fut adressée pour la seconde fois à Jonas.
    1. (…) l’Éternel fait trembler le désert de Cadès.
    2. La voix de l’Éternel fait enfanter les biches, elle dépouille les forêts ; dans son palais tous de s’écrier : « Gloire ! »
    3. L’Éternel trônait lors du déluge ; ainsi l’Éternel trône en roi pour l’Éternité. Que l’Éternel trône en roi pour l’Éternité. Que l’Éternel donne la force à son peuple ! Que l’Éternel bénisse son peuple pour la paix.

    La biche est le symbole du pardon de Dieu envers son peuple, le signe que même si le pire a été décidé, un retour vers le bien peut annuler les décrets divins les plus redoutables.

    Ainsi le déluge est évoqué, car pour le peuple de Ninive, c’est un sort semblable qui les attend. Mais l’Éternel est Miséricordieux, et ce qu’il réclame principalement ce n’est pas la sanction des fautes de son peuple, mais que celui-ci retrouve l’énergie nécessaire pour revenir vers le bien (Que l’Éternel donne la force à son peuple !), afin que celui-ci soit épargné de la sanction et puisse retrouver la quiétude et la paix auprès de son Dieu (Que l’Éternel bénisse son peuple pour la paix).

    Et c’est cette voie que les habitants de Ninive vont suivre, ils vont choisir de revenir vers le bien :

    • Les[4] habitants de Ninive crurent à Dieu ; ils proclamèrent un jeûne et tous, grands et petits, se vêtirent de cilices. Le bruit étant parvenu jusqu’au roi de Ninive (au tout au moins son plus haut dignitaire), il se leva de son trône, jeta bas son manteau, se couvrit d’un cilice et s’assit sur la cendre.

    Comme l’annonce le psaume, le retour vers le bien entraîne la clémence de l’Éternel :

    • « Qui sait[5] (c’est le roi de Ninive qui s’exprime après avoir divulgué son décret) ? Peut-être Dieu, se ravisant, révoquera-t-il son arrêt et se départira de son courroux, pour que nous ne périssions pas. » Dieu, en effet, considérant leur conduite, voyant qu’ils avaient abandonné leur mauvaise voie, revint sur la calamité qu’il leur avait annoncée et n’accomplit pas sa menace.

    La nature de la faute des habitants de Ninive a déjà été évoquée ici : En imposant le jeûne au bétail, le roi indique que le bétail est (malgré lui) dans les reproches de Dieu et que le bétail aussi risque de périr pour cette faute, qui est vraisemblablement la cohabitation entre hommes ou femmes et animaux. Cohabitation interdite par Dieu[6].

    Cette génération fait partie de la 1ère garde de la nuit (générations 1 à 49).
    Elle est donc associée à une malédiction du Lévitique (malédictions 1 à 49).

    Dans son commentaire sur les quarante-neuf malédictions évoquées dans le Lévitique, pour ce qui concerne les animaux sauvages des champs, Rachi associe également les animaux domestiques retombés eux-mêmes à l’état sauvage :

    • Je[7] (c’est Rachi qui s’exprime) n’ai (il n’y a dans ce verset) que l’animal sauvage qui enlève les enfants parce que c’est son habitude. Mais un animal domestique dont ce n’est pas l’habitude, d’où le sait-on ? Le verset[8] dit : « Et la dent des animaux domestiques, j’enverrai contre eux ». Voici (cela fait donc) deux (punitions).

    De même dans le cas qui nous concerne, par la faute des habitants de Ninive, les animaux domestiques sont assimilables à des animaux sauvages. La retombée de la faute des habitants de Ninive sur ces animaux est cause de leur perte, s’il n’y avait eu l’intervention divine à travers le périple de Jonas.

    La génération 29 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 16 du Lévitique :

    1. (l’animal du champ) vous fera diminuer.

    Paul David

    [1] JONAS Chapitre 1, versets 1 et 2

    [2] JONAS Chapitre 1, verset 4

    [3] JONAS Chapitre 3, versets 1 à 4

    [4] JONAS Chapitre 3, versets 5 et 6

    [5] JONAS Chapitre 3, versets 9 et 10

    [6] Voir LEVITIQUE Chapitre 18, verset 23 et Chapitre 20, versets 15 et 16 ainsi que EXODE Chapitre 22, verset 18

    [7] Commentaire de Rachi sur LEVITIQUE Chapitre 26, verset 22

    [8] Rachi cite DEUTORONOME Chapitre 32, verset 24