Résumé:

Cette génération est celle des années 10 avant JC à 10 après JC.

Suivant notre comptage, cette génération est la génération 47 associée au psaume 47. C’est dans ce psaume 47 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.

Cette génération est marquée par la fin de règne tumultueuse d’Hérode et par la succession partielle et peu glorieuse d’Archélaüs son fils.

Sur le plan intérieur, les intrigues de palais, principalement menées par Antipater, un des fils d’Hérode, contre les deux fils d’Hérode et Mariamne, Alexandre et Aristobule, portent finalement leurs fruits: Hérode les fait exécuter. Cela ne profite à Antipater que peu de temps. Bien que désigné comme héritier officiel, il est exécuté à son tour par Hérode quelques jours avant sa mort. Ces suppressions des fils d’Hérode les plus prometteurs laissent le pays dans un vide préjudiciable, à la mort d’Hérode.

Archélaüs succède à Hérode. Impopulaire, il est destitué par Auguste qui le déporte à Vienne en Gaule. La Judée passe alors sous le contrôle immédiat des Romains, devenant ainsi province romaine. Ce changement entraîne une rapide détérioration du climat politique et économique.

Malgré le désordre politique de cette génération, cette génération voit l’aboutissement de la rénovation du Temple de Jérusalem par Hérode. Pour cela il n’a pas détruit l’ancien mais reconsolidé l’édifice en reconstruisant fondations et murailles tout en donnant à l’ensemble le lustre du premier Temple de Salomon. Les travaux ont duré dix ans et l’inauguration donne lieu à une grande cérémonie.

Cette nouvelle splendeur du Temple de Jérusalem qui n’avait sans doute pas été atteinte depuis l’époque de Salomon dope la vie religieuse en particulier au sein du mouvement pharisien globalement favorisé par Hérode.

Le Temple est un catalyseur de premier ordre à la pensée Juive. A cette génération s’affrontent (sur le plan spirituel) deux maîtres : Shammaï et Hillel. Hillel sera le plus souvent écouté, ses principes seront le fondement du judaïsme actuel.

Cette génération voit naître Jésus. Jésus remodèlera le monde païen, que ce soit à travers le Christianisme qui en découle logiquement ou à travers l’Islam qui s’appuiera également, de façon plus complexe, sur le message de Jésus. Le Temple construit par Hérode qui permet l’essor du Judaïsme moderne à travers de nouvelles générations de sages prend également une place centrale dans la vie de Jésus et en conséquence dans la naissance du christianisme.

Le Temple ne se contente pas de faire partie du paysage des Évangiles. Il est également l’endroit que fréquente Jésus dès son jeune âge (donc pendant la génération qui nous intéresse) et où il se forge ses convictions auprès des sages Juifs de l’époque en participants aux débats.

C’est donc en dépit d’un contexte politique globalement défavorable que cette génération voit l’émergence de philosophies nouvelles prenant racines dans la Bible juive et qui modifieront définitivement la destinée du monde en lui apportant la lumière universelle du monothéisme avec comme source commune Jérusalem et son Temple.

Développement:

Auguste

Cette génération est marquée par la fin de règne tumultueuse d’Hérode et par la succession partielle et peu glorieuse d’Archélaüs son fils.

Cette génération commence par la disgrâce d’Hérode auprès d’Auguste qui était pourtant un allié solide.

Hérode avait dû poursuivre des voleurs qui s’étaient réfugiés en Arabie après avoir provoqué de nombreux désordres sur ses terres. Il fit une expédition pour châtier les voleurs et ceux qui les soutenaient en épargnant la population.

Les Arabes rapportent ces événements en transformant les faits en défaveur d’Hérode, ce qui provoque la colère d’Auguste, empereur de Rome. Cette disgrâce dure plus d’un an jusqu’à qu’Auguste se rende compte du bon droit d’Hérode et de sa réelle retenue. Grâce au plaidoyer de Nicolas de Damas, le biographe officiel du roi Hérode dont seules les citations effectuées par Flavius Josèphe nous sont parvenues.

La succession d’Hérode

Auguste était même prêt, suite à cette affaire, à donner l’Arabie à Hérode, mais se ravisa du fait des tensions évoquées par le roi Hérode avec ses fils.

Sur le plan intérieur, les intrigues de palais, principalement menées par Antipater, un des fils d’Hérode, contre les deux fils d’Hérode et Mariamne, Alexandre et Aristobule, portent finalement leurs fruits.

Hérode fait exécuter Alexandre et Aristobule.

Cela ne profite à Antipater que peu de temps. Bien que désigné comme héritier officiel, il est exécuté à son tour par Hérode quelques jours avant sa mort.

Ces suppressions des fils d’Hérode les plus prometteurs laissent le pays dans un vide préjudiciable, à la mort d’Hérode.

Archélaüs

Archélaüs est le bénéficiaire du dernier testament d’Hérode. Testament en particulier contesté par Antipas un autre fils d’Hérode désigné, lui,  sur un précédent testament.

Avant même de se faire couronner à Rome, Archélaüs mate dans le sang une révolte à Jérusalem faisant plus de trois mille morts. Pendant qu’Archélaüs défend sa position auprès d’Auguste, de nombreux troubles secouent la Judée.

Les différents soulèvements souvent menés par des chefs improvisés sont étouffés par les Romains. Finalement, les Romains, considérant le peu d’expérience d’Archélaüs; le nomment roi mais sur une partie réduite du royaume d’Hérode. La partie restante est partagée entre Philippe et Antipas, autres fils d’Hérode.

Après dix ans de pouvoir, Archélaüs, impopulaire, est destitué par Auguste qui le déporte à Vienne en Gaule. La[1] Judée passe alors sous le contrôle immédiat des Romains, devenant ainsi province romaine.

Ce changement entraîne une rapide détérioration du climat politique et économique.

La rénovation du Temple

Malgré le désordre politique de cette génération, cette génération voit l’aboutissement de la rénovation du Temple de Jérusalem par Hérode qui après dix-huit années de règnes ( le projet débute vers 20/19 avant JC ) a entrepris sa reconstruction. Pour cela il ne détruit pas l’ancien mais reconsolide l’édifice en reconstruisant fondations et murailles tout en donnant à l’ensemble le lustre du premier Temple de Salomon. Pour cela il s’adressa au peuple de Jérusalem :

  • Mais[2] je (c’est Hérode qui s’exprime) veux vous proposer un dessein plus grand et plus important que tous les autres (Hérode a été un grand bâtisseur), puisqu’il regarde la religion et le culte que nous devons rendre à Dieu. Vous savez que le Temple que nos pères lui ont bâti après leur retour de la captivité de Babylone est moins élevé de soixante coudées que n’était celui qui avait été construit par Salomon ; et il ne leur faut pas attribuer la faute, puisqu’ils auraient souhaité de le rendre aussi magnifique que le premier, et qu’étant alors assujettis aux Perses comme ils l’ont été aux Macédoniens, ils furent obligés de suivre les dimensions que les rois Cyrus et Darius, fils d’Hystaspe, leur prescrivirent. Mais maintenant que je suis redevable à Dieu de la couronne que je porte, de la paix dont je jouis, des richesses que je possède, et ce qui est encore plus considérable, de l’amitié des Romains qui sont aujourd’hui les maîtres du monde, je m’efforcerai de lui témoigner ma reconnaissance de tant d’obligations en mettant la dernière perfection à ce grand ouvrage.

Les travaux durent environ dix ans et l’inauguration donne lieu à une grande cérémonie (vers 9 avant JC):

  • Quand[3] à l’espace (Flavius Josèphe avait auparavant fait une description complète des parties externes du Temple) qui était au milieu des deux enceintes, les seuls sacrificateurs pouvaient y entrer ; car c’était là qu’était bâti le Temple et où était l’autel sur lequel on offrait des sacrifices à Dieu. Ainsi Hérode lui-même n’osa y entrer, parce qu’il n’était pas sacrificateur ; et il laissa aux sacrificateurs le soin de travailler à cet ouvrage. Ils le firent en dix-huit mois, et il avait employé huit ans à tout le reste.
  • Il ne se peut rien ajouter à la joie que le peuple de voir un si grand ouvrage achevé en si peu de temps. Ils commencèrent par en rendre de grandes actions de grâces à Dieu, et donnèrent ensuite à leur roi les louanges que son zèle méritait. Ils firent ensuite une grande fête pour célébrer la mémoire de cette nouvelle construction du Temple.

Le renouveau religieux

Cette nouvelle splendeur du Temple de Jérusalem qui n’avait sans doute pas été atteinte depuis l’époque de Salomon dope la vie religieuse en particulier au sein du mouvement pharisien globalement favorisé par Hérode.

Il est vraisemblable que l’image fortement négative que les Évangiles ont donnée de ce mouvement est plus inspirée par l’opposition entre les premiers chrétiens et les rabbins, héritiers des pharisiens, au moment de la rédaction tardive des évangiles plutôt qu’à l’époque de Jésus.

Selon la tradition Talmudique, Hérode aurait entrepris de reconstruire le Temple pour se racheter de ses exactions envers les rabbins (pharisiens) de l’époque sur les conseils de Baba Ben Bouta, pharisien qu’il avait épargné:

  • « Je suis[4] Hérode (celui-ci s’adresse à Rabbi Baba s’apercevant de sa sagesse, et donc de celle des pharisiens, après avoir essayé de le piéger). Si j’avais su que votre pondération était si grande, je ne vous aurais pas tués. Et maintenant que puis-je faire pour réparer ? » Rabbi Baba lui répond : « Tu as éteint la lumière du monde en tuant les rabbis. Va, occupe-toi de la faire renaître, en construisant le Temple ».

Le talmud explique cette demande :

  • Hérode avait en effet éteint la lumière du monde en tuant les rabbis ; et Rabbi Baba lui demanda de s’occuper de la faire renaître en construisant le Temple, puisqu’il est écrit « Toutes les nations y rayonneront ».

Le Temple sera vraisemblablement un catalyseur de premier ordre à la pensée Juive. Si de nombreux rabbis s’étaient succédé depuis l’époque d’Ezra jetant les bases du Talmud, la génération qui nous intéresse sera celle qui voit s’affronter (sur le plan spirituel) deux maîtres : Shammaï et Hillel. Hillel sera le plus souvent écouté, ses principes seront le fondement du judaïsme actuel.

Jésus

Cette génération voit naître Jésus. Si Hillel a largement influencer le monde Juif, Jésus remodèlera le monde païen, que ce soit à travers le Christianisme qui en découle logiquement ou à travers l’Islam qui s’appuiera également, de façon plus complexe, sur le message de Jésus.

La vie de Jésus est relativement mal connue, sa naissance et sa mort ne sont pas connues avec exactitude.

En se reportant aux Évangiles, de nombreux éléments situent la naissance de Jésus à la fin du règne du roi Hérode.

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Dans l’Évangile de Luc, la naissance de Jean Baptiste est racontée pendant le règne d’Hérode :

  • Il y avait[5] au temps d’Hérode, roi de Judée, un prêtre nommé Zacharie (le père de Jean Baptiste).

De même, dans l’Évangile de Matthieu, le règne d’Hérode est évoqué pour la naissance de Jésus :

  • Jésus[6] étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître »

Dans cet évangile, Hérode inquiet essaie en vain d’en savoir plus, poussant ainsi Joseph à fuir :

  • Voici[7] que l’ange du seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère et fuis en Égypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »

Afin de ne prendre aucun risque, Hérode s’en prend à tous les enfants en bas âge de Bethléem :

  • Alors[8] Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans, d’après l’époque qu’il s’est fait préciser par les mages.

Il est peu vraisemblable que le « massacre des innocents » évoqué par les Évangiles soit une réalité historique, Flavius Josèphe l’aurait vraisemblablement relaté. Cet épisode tend vraisemblablement plutôt à donner à Jésus une image de sauveur comparable à celle de Moïse qui échappa en son temps au massacre des nouveaux nés mâles par Pharaon.

Le Temple construit par Hérode qui permet l’essor du Judaïsme moderne à travers de nouvelles générations de sages prend également une place centrale dans la vie de Jésus et en conséquence dans la naissance du christianisme.

Ainsi, la grandeur imposante du Temple est relevée dans l’Évangile de Matthieu :

  • Jésus[9] était sorti du Temple et s’en allait. Ses disciples s’avancèrent pour lui faire remarquer les constructions du Temple (Jésus, dans la suite du texte annonce sa prochaine destruction, rappelons toutefois que l’Évangile de Matthieu a été rédigé après la destruction du Temple).

De même dans l’Évangile de Marc:

  • Comme[10] Jésus s’en allait du Temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles pierres, quelles constructions ! (De même que pour les Évangiles de Matthieu, Jésus annonce alors la fin prochaine du Temple, mais les Évangiles de Marc ont aussi été rédigés après la destruction du Temple). »

Lorsque Jésus fait son entrée à Jérusalem, c’est pour entrer dans le Temple :

  • Et[11] il entra à Jérusalem dans le Temple.

De même Zacharie, le père de Jean Baptiste, avait été un des prêtres au service du Temple :

  • Vint[12] pour Zacharie le temps d’officier devant Dieu selon le tour de sa classe ; suivant la coutume du sacerdoce, il fut désigné par le sort pour offrir l’encens à l’intérieur du sanctuaire du Seigneur. Toute la multitude du peuple était en prière au dehors de l’offrande de l’encens.
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Le Temple ne se contente pas de faire partie du paysage des Évangiles. Il est également l’endroit que fréquente Jésus dès son jeune âge (donc pendant la génération qui nous intéresse) et où il se forge ses convictions auprès des sages Juifs de l’époque en participants aux débats.

Ainsi lorsqu’il se fait arrêter, Jésus rappelle son assiduité au Temple :

  • Chaque[13] jour j’étais dans le Temple assis à enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté.

Assiduité qu’il avait dès son jeune âge :

  • Ne l’ayant[14] pas trouvé (les parents de Jésus lors de leur retour de Jérusalem après la célébration de la Pâque), ils retournèrent à Jérusalem en le cherchant. C’est au bout de trois jours qu’ils le retrouvèrent dans le Temple, assis au milieu des maîtres, à les écouter et les interroger.

Le Talmud (dans un des rares passages qui nous est parvenu malgré la censure) évoque Jésus comme un personnage qui aurait dans d’autres circonstances pu faire partie des sages du peuple Juif et confirme ainsi l’attachement de Jésus à l’enseignement des maîtres évoqué dans l’Évangile de Luc :

  • Que[15] toujours la gauche repousse, tandis que la droite rapproche, et non comme Elisée qui repoussa Guéhazi des deux mains ni comme Josué fils de Perahia qui repoussa Jésus des deux mains.

Hillel

Parmi ces maîtres, figurait vraisemblablement en bonne place, directement ou indirectement Hillel, dont de nombreux commentateurs modernes évoquent le parallélisme de l’enseignement à celui de Jésus. Parmi ceux-ci citons Ernest Renan (à travers l’analyse de Mireille Hadas-Lebel) :

  • Dans[16] sa « vie de Jésus », Renan émet donc l’hypothèse que Jésus les ait connues (les maximes de Hillel contenus dans les Pirqé Avot) « non par suite d’études savantes mais comme des proverbes souvent répétés ». Aussitôt il précise que « Jésus adopta presque tout cet enseignement oral, mais en le pénétrant d’un enseignement supérieur » car « il voulait la perfection » et que si « Jésus de Sirach (auteur présumé du « Syracide » inclus dans le Nouveau Testament) et Hillel avaient émis des aphorismes presque aussi élevés que ceux de Jésus, Hillel cependant ne passera jamais pour le vrai fondateur du christianisme ». Renan écrit même que « par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le maître de Jésus (position que Renan essaie d’adoucir dans la suite de son exposé) ».

Hérode qui a reconstruit le Temple et ainsi modelé le théâtre des événements qui impacteront la destinée de l’humanité en a aussi désigné les acteurs. Ainsi il nomme Simon à la grande sacrificature dans un but très personnel :

  • Il[17] (Hérode) pensa alors à se remarier, et comme il ne cherchait pas son plaisir dans le changement, il voulut choisir une personne en qui il pût mettre toute son affection. Ainsi, il en prit une purement par amour, en la manière que je vais dire. Simon, fils de Boethus Alexandrin, qui était sacrificateur et d’une race fort noble, avait une fille d’une beauté si extraordinaire que l’on ne parlait d’autre chose dans Jérusalem. Le bruit en vint jusqu’à Hérode. Il voulut la voir, et jamais amour ne fut plus grand dès la première vue que celui qu’il eut pour elle. Il jugea ne devoir pas user de sa puissance en l’enlevant comme il l’aurait pu, de peur de passer pour un tyran, et crut qu’il devait plutôt l’épouser. Mais parce que Simon n’était pas d’une assez grande qualité pour une aussi haute alliance, ni aussi une condition à mépriser, il voulut l’élever à un grand honneur afin de le rendre plus considérable. Ainsi il ôta la souveraine sacrificature à Jésus, fils de Phabet, la lui donna, et épousa sa fille.

C’est vraisemblablement le même Simon qui bénira Jésus pour le rachat symbolique au Cohen, une cérémonie typiquement juive :

  • Maintenant[18], Maître, c’est en paix, comme Tu l’as dit, que Tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé face à tous les peuples ; lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple.
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Ouverture au monde païen

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Cette mission évoquée par Siméon est illustrée par la rencontre d’un centurion romain, Jésus annonce alors l’ouverture du monde païen au monothéisme :

  • Aussi[19], je vous le dis, beaucoup viendront du levant (Orient : diffusion par l’Islam) et du couchant (Occident : diffusion par le Christianisme) prendre place au festin avec Abraham (patriarche commun aux trois religions monothéistes), Isaac (Patriarche commun au Christianisme par Esaü et au Judaïsme par Jacob) et Jacob (patriarche du Judaïsme, la nation de prêtres) dans le royaume des cieux (le monde futur), tandis que les Héritiers du Royaume (les Juifs) seront jetés dans les ténèbres du dehors (les deux gardes restantes de la longue nuit où les Juifs seront au sein des nations et subiront l’ensemble des malédictions énoncées dans le Deutéronome tout en apportant la lumière au monde).

Cette mission de diffusion du Monothéisme dans le monde à partir du Judaïsme est illustrée par l’épisode de la Cananéenne qui recherche de l’aide auprès de Jésus :

  • Jésus[20] répondit (à la sollicitation de la Cananéenne) : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais la femme vint se prosterner devant lui : « Seigneur, dit-elle, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » « C’est vrai, Seigneur ! Reprit-elle ; et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de leurs maîtres. » Alors Jésus lui répondit : « Femme, ta foi est grande ! Qu’il t’arrive comme tu le veux ! »

Nous retrouverons encore cette orientation de Jésus à rechercher en priorité le salut des païens dans l’Évangile de Luc :

  • Ce[21] ne sont pas les biens portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes (Les Juifs), mais les pécheurs (les païens) pour qu’ils se convertissent.

Un rayonnement universel

C’est donc en dépit d’un contexte politique globalement défavorable que cette génération voit l’émergence de philosophies nouvelles prenant racines dans la Bible juive et qui modifieront définitivement la destinée du monde en lui apportant la lumière universelle du monothéisme avec comme source commune Jérusalem et son Temple.

C’est la naissance de ce rayonnement universel qu’évoque le début du psaume de cette génération :

  1. Au chef des chantres. Par les fils de Coré, Psaume.
  2. Vous tous, ô peuples, battez des mains ; faites retentir des cris de joie en l’honneur de Dieu !
  3. Car l’Éternel est élevé, redoutable, un grand roi sur toute la terre.
  4. Il a soumis des nations à notre empire, jeté des peuples sous nos pieds.
  5. Il a choisi pour nous notre héritage, l’orgueil de Jacob qu’il affectionne. Sélah !
  6. Dieu s’élève dans les hauteurs parmi les acclamations, l’Éternel, au son de la trompette.
  7. Chantez Dieu, chantez ! Chantez notre roi, chantez !
  8. Car Dieu est roi de toute la terre : entonnez un solennel cantique.
  9. Dieu règne sur tous les peuples, Dieu siège sur son trône de sainteté.

La louange de Marie lorsqu’elle rend visite à Élizabeth alors enceinte du futur Jean Baptiste, fait largement écho à ce psaume :

  • Mon[22] âme exalte le Seigneur et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de mon Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté son regard sur son humble servante. Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bien heureuse, parce que le Tout puissant a fait pour moi de grandes choses : saint est son Nom. Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il est intervenu de toute la force de son bras ; il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ; il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles ; les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides. Il est venu en aide à Israël son serviteur en souvenir de sa bonté, comme il l’avait dit à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance pour toujours.
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L’élargissement du message divin à l’ensemble de la descendance d’Abraham, qui inclut Esaü et Ismaël classiquement associés au christianisme et à l’Islam, largement confirmé par les messages de Jésus envers le monde païen déjà évoqués, illustre la suite du psaume :

  1. Que les plus nobles d’entre les nations s’assemblent – le peuple du Dieu d’Abraham ! (…)

Ce partage du message divin entre les Juifs détenteurs de la parole originelle et le monde païen ne se fera pas sans douleur pour le peuple Juif à qui le monde païen n’aura de cesse de reprocher son élection.

C’est donc sous le pouvoir des nations que les Juifs verront se dérouler la longue nuit avant que l’aurore tant attendue commence à pointer à l’horizon.

Cette résurrection déjà largement illustrée dans les écrits de la Bible Juive (« l’ancien Testament ») est également rappelée dans le Nouveau Testament, en particulier dans l’Évangile de Luc :

  • Ils (le peuple Juif) tomberont[23] au fil de l’épée ; ils seront emmenés captifs dans toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à que soit accompli le temps des nations.

Cette confirmation de la résurrection finale du peuple Juif dans un monde conscient du message divin illustre la fin du psaume :

  1. (…) Car de Dieu relèvent ceux qui sont les boucliers de la terre (le peuple Juif), il est souverainement élevé.

Cette génération fait partie de la 1ère garde de la nuit (générations 1 à 49).
Elle est donc associée à une malédiction du Lévitique (malédictions 1 à 49).

Pendant qu’Archélaüs et les autres prétendants à la succession d’Hérode débattaient à Rome devant Auguste, de nombreux soulèvements populaires eurent lieu en Judée. En particulier ceux menés par Judas le Galiléen et du Pharisien Saddoq qui vont être l’initiative du mouvement Zélote qui ne sera pas étranger à la grande révolte de 66.

Ces soulèvements amenèrent la répression romaine en particulier lorsqu’une troupe romaine tomba en mauvaise posture à Jérusalem :

  • Varus[25] (gouverneur de Syrie) n’eut pas plus tôt appris par les lettres de Sabinus (assiégé à Jérusalem) ce qui se passait et le péril que courait la légion assiégée dans Jérusalem qu’il prit les deux autres que courait la légion assiégée dans Jérusalem qu’il prit les deux autres qui lui restaient dans la Syrie, avec quatre compagnies de cavalerie et les troupes auxiliaires qu’il tira des rois et des tétrarques, pour aller en diligence au secours des siens, et donna le rendez-vous à des troupes à Ptolémaïs. Ceux de Béryte les grossirent de quinze cents hommes lorsqu’il passa par leur ville, et Arétas, roi de Pétra, qui par la haine qu’il portait à Hérode, avait fait alliance avec les Romains, lui envoya aussi un corps très considérable de cavalerie et d’infanterie. Après que Varus eut ainsi assemblé à Ptolémaïs toute son armée, il en donna une partie à commander à son fils, assisté d’un de ses amis, avec ordre d’entrer dans la Galilée, qui est proche de Ptolémaïs. Il exécuta ce commandement, mit en fuite tous ceux qui osèrent lui résister, prit la ville de Séphoris, fit vendre à l’encan tous ses habitants, y mit le feu et la réduisit en cendres. Varus d’un autre côté marcha en personne vers Samarie avec le reste de l’armée, sans rien entreprendre contre cette ville, parce qu’elle n’avait point eu de part à la révolte, et campa dans un village nommé Arus qui appartenait à Ptolémée. Les Arabes y mirent le feu, à cause que leur haine pour Hérode était si grande qu’elle s’étendait jusqu’à ses amis. L’armée s’avança ensuite à Sampho, et quoique la place fût forte, les Arabes la prirent, la pillèrent et la brûlèrent comme les autres. Ils ne pardonnèrent non plus rien de ce qu’ils rencontrèrent sur leur chemin, et mirent tout à feu et à sang. Mais quant à la ville d’Emmaüs, que les habitants avaient abandonnée, ce fut par le commandement de Varus qu’elle fut brûlée, en vengeance de la mort des romains qui y avait été tués.

La génération 47 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 30 du Lévitique :

  1. Je mettrai vos villes en ruines.

Paul David


[1] Peter  Schäfer dans « Histoire des Juifs dans l’antiquité »

[2] Flavius Josèphe/Antiquités Juives/Livre Quinzième/chapitre 14

[3] Flavius Josèphe/Antiquités Juives/Livre Quinzième/chapitre 14

[4] Aggadoth du Talmud de Babylone/ Traité Baba Bathra /Chapitre 1

[5] Evangile de Luc, Chapitre 1, verset 5

[6] Evangile de Matthieu, Chapitre 2, versets 1 et 2

[7] Evangile de Matthieu, Chapitre 2, verset 13

[8] Evangile de Matthieu, Chapitre 2, verset 16

[9] Evangile de Matthieu, Chapitre 24, verset 1

[10] Evangile de Marc, Chapitre 13, verset 1

[11] Evangile de Marc, Chapitre 11, verset 11

[12] Evangile de Luc, Chapitre 1, versets 8 à 10

[13] Evangile de Matthieu, Chapitre 26, verset 55

[14] Evangile de Luc, Chapitre 3, versets 45 et 46

[15] Talmud de Babylone/Sanhédrin 107b

[16] Hillel, un sage au temps de Jésus de Mireille Hadas-Lebel/Chapitre 4 (Hillel et Jésus)

[17] Flavius Josèphe/Antiquités Juives/Livre Quinzième/chapitre 12

[18] Evangile de Luc, Chapitre 2, versets 29 à 32

[19] Evangile de Matthieu, Chapitre 8, versets 11 et 12

[20] Evangile de Matthieu, Chapitre 15, versets 24 à 28

[21] Evangile de Luc, Chapitre 5, versets 31 et 32

[22] Evangile de Luc, Chapitre 1, versets 46 à 55

[23] Evangile de Luc, Chapitre 21, verset 24

[25] Flavius Josèphe/Antiquités Juives/Livre Dix-septième/chapitre 12