Ce dimanche (écrit en janvier 2017) aura lieu le second tour de la primaire socialiste qui oppose Manuel Valls à Benoit Hamon.

Pour ceux qui veulent voter socialiste aux élections présidentielles, l’heure du choix est arrivée.
De nombreux critères existent, le journal « Le Monde[1] » fait un tableau synthétique de ce qui oppose les deux candidats dans différents domaines. Je reproduis ici uniquement cette comparaison pour les critères « immigration » et « international » :

Pour la communauté juive de France, le critère international peut être déterminant. Pour les sympathisants socialistes en particulier: l’attitude envers Israël des candidats et de leurs soutiens.

Pour mémoire, aux « primaires citoyennes de 2011 », des deux candidats de dimanche seul Valls y participait. Les candidats de 2011 étaient : Arnaud Montebourg, Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, Manuel Valls, François Hollande et Ségolène Royal.

Le soutien de Martine Aubry à Benoit Hamon

Si Hamon était absent, Martine Aubry et Arnaud Montebourg y étaient candidats et apportent aujourd’hui leur plein soutien à Benoit Hamon.

Martine Aubry a été la seule parmi les candidats de 2011, comme le constate le 13 octobre 2011 le site de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) à se prononcer sur la Palestine :

  • Le 29 septembre dernier (2011), l’Association France Palestine Solidarité a envoyé aux candidats à la primaire socialiste la question suivante :
    « Si vous étiez élu à la présidence de la République, reconnaîtriez-vous sans délai l’État palestinien dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, et voteriez-vous au Conseil de Sécurité en faveur de l’admission de la Palestine à l’ONU en tant qu’État membre de plein droit ? »
    Pour le moment 13/10/2011), seule Martine Aubry nous a répondu. Voici sa réponse (« recomposé » fidèlement à partir de l’original) :
(…) Je pense que la France aurait dû être à la tête de l’Europe pour porter la reconnaissance de L’état palestinien, assortie de conditions ouvrant ensuite la possibilité de négociations sincères et renouvelées. En juin dernier, sous ma direction, le Bureau national du Parti socialiste a ainsi adopté une position claire en faveur de cette reconnaissance. Le 23 septembre, je me suis également exprimée pour demander à la France de reconnaître l’État palestinien, de défendre cette position à l’Assemblée générale de I’ONU et de voter en faveur de l’admission de cet État à l’ONU comme membre de plein droit. Les frontières de 1967 (avec des échanges de territoire le cas échéant), Jérusalem-est comme capitale, la réciprocité de la reconnaissance de l’État d’Israël par l’État palestinien et le droit à la sécurité pour les deux États sont la base de toute négociation future et la condition de la paix.

Il est temps de créer une nouvelle dynamique au Proche-Orient qui débouche rapidement sur deux États indépendants et viables. Nous ne devons pas manquer cette opportunité. Élue, vous pourrez compter sur moi pour agir avec détermination en ce sens.

Bien cordialement,

Martine Aubry

Comme le rappelle Christian Jacob[2], toute reconnaissance d’un éventuel État Palestinien ne peut se faire qu’après la conclusion d’accords de paix. Martine Aubry a été l’initiatrice de la création d’un État palestinien sans garantie de paix, position visiblement suivie par la suite par François Hollande.

Le soutien de Arnaud Montebourg à Benoit Hamon

Arnaud Montebourg, l’autre candidat de 2011 qui soutient aujourd’hui Benoit Hamon, s’était exprimé aussi en 2011 dans l’émission « Face à l’Actu » sur Beur FM comme le relate, le 6 octobre 2011, le site « oumma.com »[3]  :

Au sujet du proche orient : « Les provocations d’Israël et de son gouvernement extrémiste, les appuis dont ils disposent et notamment, malheureusement excessivement aux Etats-Unis (…)… C’est à l’Europe et à la France de prendre l’initiative pour faire pression sur Israël et avancer dans le processus de paix, et on le fera en soutenant la cause palestinienne. Je suis favorable à la reconnaissance de l’État palestinien viable dans les frontières de 1967 tel que cela a été proposé. Nous avons signé tous une résolution dans ce sens à l’Assemblée Nationale et j’en suis particulièrement fier. »

La position de Benoit Hamon

Quand à Benoit Hamon lui-même, il n’a jamais caché son orientation envers Israël, combattant la politique « pro-israélienne » du gouvernement Hollande comme le reflète Le Canard Enchainé du 20 novembre 2014[4] :

  • En réaction à la « raison officielle » évoquée par Benoit Hamon au micro de RTL au sujet de la reconnaissance de l’État palestinien : « L’objectif d’inviter le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine, pour redonner de la force aux partisans de la paix des deux camps ».

Le Canard Enchainé évoque une raison bien moins « Jauressienne » : Benoit Hamon aurait déclaré concernant ce vote pour la reconnaissance de l’État Palestinien que:

  • il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat des banlieues et des quartiers, qui n’a pas compris la première prise de position pro-israélienne de Hollande » 

La position de Manuel Valls

La position de Valls est résumée dans Le Figaro du 23 mai 2016[5] :

  • Le premier ministre (VALLS) refuse d’évoquer par avance une reconnaissance de l’État palestinien malgré un vote en ce sens de l’Assemblée nationale.
  • «Dire aujourd’hui quand nous reconnaîtrons l’État palestinien, c’est acter par avance l’échec de notre initiative», a déclaré Manuel Valls à Tel Aviv, en référence à la démarche pour la paix entreprise par la France, qui organisera une conférence le 3 juin (2016) à Paris.
    • Un refus de faire pression sur Israël qui agace Benoît Hamon, député socialiste et artisan de longue date d’une reconnaissance de l’État palestinien. Dans un communiqué publié lundi, l’ancien ministre juge «douloureux de constater aujourd’hui que (Manuel Valls) batte si facilement en retraite».
    • Pour Benoît Hamon, le «principe d’une reconnaissance automatique en cas d’échec de la conférence (du 3 juin), garantissait le sérieux et la fermeté des intentions de la France». En y renonçant, Manuel Valls «cède ainsi à la demande du gouvernement conservateur israélien et condamne par avance l’initiative française à n’être qu’un nouveau théâtre d’ombres pour constater l’impasse du processus de paix».

Benjamin Netanyahu a rejeté le projet français de conférence internationale proposé par Paris, proposant plutôt à Paris d’accueillir des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. «J’ai entendu la proposition de M. Netanyahu. Je vais en parler au président de la République» François Hollande, a répondu le chef du gouvernement français. (Pour mémoire, la conférence a eu lieu mais sans les Israéliens).

Conclusion

Benoit Hamon confirme ainsi la position de Martine Aubry de 2011 : priorité à l’établissement d’un état palestinien sans garantie préalable de paix.

Pour illustrer encore ce qui oppose les deux candidats, je conclus sur un article de Libération du 23/01/2017[6]  qui donne une des lignes de stratégie du candidat Valls pour le deuxième tour de la primaire :

«Les bobos libéraux qui ont voté Hollande en 2012 ont lâché la rampe depuis la déchéance et le burkini, rappelle un conseiller de l’exécutif. Si les vallsistes veulent les rassurer, il vaut mieux la jouer en douceur.» Ce qui n’est pas le genre de la TPE «Valls», ces élus qui l’accompagnent depuis son élection à Évry (Essonne) au début des années 2000, ni des députés Malek Boutih et Christophe Caresche. Eux conseillent à l’ancien ministre de l’Intérieur de donner dans le rugueux. «Ça va saigner», a laissé échapper Caresche, dimanche soir. Cette ligne virulente est résumée par l’ancien chef de cabinet de Manuel Valls à Matignon sur sa page Facebook. «Maintenant, il faut faire le choix entre les valeurs républicaines et le communautarisme», écrit Sébastien Gros. Sous couvert d’anonymat, un ministre glisse que «Hamon est le candidat des Frères musulmans». Sans ciller.

Pour les sympathisants socialistes, aux urnes donc …
(Bien que pour les autres ce vote puisse être une opportunité de donner sa voix au candidat qui aurait le moins de chance de rester au second tour des présidentielles …)

Paul David


[1] http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/22/primaire-a-gauche-ce-qui-differencie-les-programmes-de-hamon-et-valls_5067123_4355770.html

[2] http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2014/11/27/a-paris-une-resolution-pour-la-palestine-cree-un-malaise_4530360_823448.html?xtmc=hamon_palestine&xtcr=5

[3] http://oumma.com/Arnaud-Montebourg-Mon-grand-pere

[4] Rappelé dans de nombreux médias, dont : http://www.europe-israel.org/2014/11/vote-etat-palestinien-selon-le-canard-enchaine-benoit-hamon-est-un-menteur/

[5] Extraits de : http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/05/23/25002-20160523ARTFIG00166-reconnaissance-de-l-etat-palestinien-hamon-reproche-a-valls-d-avoir-cede-a-israel.php

[6] http://www.liberation.fr/elections-presidentielle-legislatives-2017/2017/01/23/manuel-valls-faire-autorite-ou-jouer-le-social_1543579