Résumé:

Cette génération est celle des années 630 à 650.

Suivant notre comptage, cette génération est la génération 79 associée au psaume 79. C’est dans ce psaume 79 que nous retrouvons donc une illustration des faits de cette génération.

La contre-offensive d’Héraclius contre les Perses est un succès. En 627, il marche sur Ctésiphon, alors capitale de l’empire Perse. Cette défaite des Perses entraîne la destitution et l’exécution du roi Chosroês et le déclin de l’empire dans la lutte de succession qui s’ensuit.

Héraclius est alors à son apogée lorsqu’il ramène les reliques sacrées de la vraie croix à Constantinople. Byzance venait de se mettre durablement à l’abri des Perses. Malheureusement pour Byzance, la suppression de cette menace n’est pas un gage de paix durable, car dans le même temps, les troupes arabes en ont profité pour se constituer derrière la barrière de l’Islam et cette génération voit le réel début de leurs conquêtes.

Le successeur d’Heraclius arrive à contenir la pression arabe tout en concédant de riches territoires. Si l’empire Byzantin survit au coup de boutoir des armées arabes, ce n’est pas le cas de l’empire Perse. L’Iran (Perse) devient une province du jeune État musulman.

Devant les luttes de succession après la mort de Mohammed, Omar fait nommer comme premier Calife Abou Bekr le beau-père de Mahomet dont il ne pouvait craindre qu’il s’éternise au pouvoir, il barre ainsi la route entre autres à Ali, le neveu de Mahomet qui aurait été un successeur logique. Le calcul d’Omar est judicieux, car Abou Bekr succombe en 634 nommant Omar à sa succession qui devient ainsi le second Calife. Omar meurt en 644 après avoir assuré à l’empire musulman de nombreuses conquêtes dont en particulier la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie et l’Égypte. À la mort d’Omar en 644, c’est Otman qui assure la troisième Califat jusqu’à son assassinat en 656.

A la veille de cette génération (629), Heraclius reprend Jérusalem. Les Byzantins transforment l’aire du temple en décharge publique. En 638, Jérusalem est conquise par les arabes.

La conquête arabe marque une évolution dans la gestion de Jérusalem par les nations.

Dans un premier temps Omar permet aux Juifs de revenir à Jérusalem (ils en avaient été chassé par les byzantins), mais par la suite, les musulmans s’approprient les lieux et construisent leur propre mosquée sur l’emplacement du temple de Salomon. Cela sera la mosquée Al Aqsa et le dôme du rocher. Ces constructions qui s’effectueront durant le premier siècle de l’ère islamique représenteront un obstacle au retour des Juifs sur leur terre, et à la restauration de Jérusalem comme capitale éternelle du peuple Juif.

Assez vite, les musulmans décrètent Jérusalem comme troisième lieu saint de l’Islam (après La Mecque et Médine) – bien que Mahomet ne l’ait jamais déclaré de son vivant – en s’appuyant sur le récit du voyage nocturne et sur une interprétation déviée de la sourate qui lui est dédiée (sourate 17).

Avec l’arrivée de l’Islam, les Juifs trouvent naturellement une protection dans le nouveau partage du monde qui se dessine et évitent de disparaître comme cela aurait été le cas dans un monde entièrement chrétien unipolaire. Mais cette survie a un prix, les Juifs étaient devenus des parias en occident, dans le monde chrétien, ils le deviendront également en orient dans le monde musulman car ils auront un statut inférieur : le statut de dhimmi.

Comme les chrétiens en monde musulman, les Juifs peuvent pratiquer leur religion (sans « excès ») mais à condition d’accepter de devenir des citoyens de seconde zone.

Développement:

Le psaume de cette génération est commenté de façon réduite. Dans la version complète, il est expliqué la raison réelle pour laquelle Jérusalem devient un lieu sacré de l’Islam avec pour conséquence l’empêchement pour le peuple Juif de reconstruire le troisième Temple. La version complète des commentaires de ce psaume démontre que cela n’aurait pas dû se réaliser et d’ailleurs cela n’est pas dans l’intérêt de l’Islam. Ce commentaire plus complet nécessiterait des éléments complémentaires « irrationnels » non présentés sur ce site, c’est la raison pour laquelle le commentaire de ce psaume est « light ».

Byzance à son apogée

La[1] contre-offensive d’Héraclius contre les Perses est un succès. En 627, il marche sur Ctésiphon, alors capitale de l’empire Perse. Cette défaite des Perses entraîne la destitution et l’exécution du roi Chosroês et le déclin de l’empire dans la lutte de succession qui s’ensuit.

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En 628, Héraclius est alors à son apogée lorsqu’il ramène les reliques sacrées de la vraie croix à Constantinople. Byzance venait de se mettre durablement à l’abri des Perses. Malheureusement pour Byzance, la suppression de cette menace n’est pas un gage de paix durable, car dans le même temps, les troupes arabes en ont profité pour se constituer derrière la barrière de l’Islam et cette génération des années 630 à 650 après JC voit le réel début de leurs conquêtes.

Les byzantins en déroute devant les Arabes

Entre-temps, Héraclius avait rapporté en 629 la vraie croix à Jérusalem, ce qui se révéla un mauvais choix lorsque les Arabes commencèrent à envahir la Syrie en 634, l’armée byzantine envoyée pour l’arrêter est anéantie. Les armées arabes s’emparent alors de Damas et assiègent Jérusalem. Héraclius essaya de résister une nouvelle fois en envoyant une armée de quatre-vingt mille hommes à leur rencontre.

Repoussés près du fleuve Yarmouk en Galilée, au profit d’une tempête de sable, les musulmans reprennent l’offensive et déciment les Byzantins.

S’ensuit la capitulation de Jérusalem à l’automne 637 et l’entrée triomphale du calife Omar dans la ville en 638.

Affaibli par la maladie, Héraclius ne réussit qu’à soustraire la vraie croix pendant le siège de Jérusalem pour la rapporter à Constantinople. Il décède en 641, laissant l’empire se déchirer dans les luttes de succession. C’est finalement Constant II qui reprend les rênes de l’empire en 641 (jusqu’en 668) et contient la pression arabe. En 642, il perd Alexandrie et dans le même temps la plus riche des provinces byzantines. L’Afrique de Nord suit avec la chute de Carthage en 647.

La chute de l’Empire Perse

Si l’empire Byzantin survit au coup de boutoir des armées arabes, ce n’est pas le cas de l’empire Perse :

  • Un premier affrontement[2] a lieu à Qadisiya, près de Hira ; les troupes Sassanides sont menées par Rostam, un commandant en chef valeureux secondé par une forte armée. Mais celle-ci est écrasée par la cavalerie arabe, et Rostam lui-même meurt sur le champ de bataille.
  • Peu après, la ville de Ctésiphon tombe entre les mains des envahisseurs et leur livre un fabuleux butin. Sur le plateau, la résistance s’organise autour du souverain. En 642, dans la plaine de Nahâvand, au sud de Hamadān, les troupes de Yasdegerd affrontent à nouveau l’armée musulmane, et la bataille se solde par une nouvelle défaite Sassanide. Le roi s’enfuit vers l’est, accompagné de sa cour ; puis, à l’instar du dernier achéménide, il est assassiné dans les environs de Marv en 651. L’Iran est à présent une province du jeune État musulman.

La succession de Mahommet

Ainsi à cette génération, la troisième puissance émergente, l’empire musulman est en train de se créer. Mahomet meurt en 632.

Devant les luttes de succession qui s’annoncent et pour lesquelles il n’est pas encore prêt, Omar fait nommer comme premier Calife (de l’arabe Khalifah : successeur – du prophète) Abou Bekr le beau-père de Mahomet dont il ne pouvait craindre qu’il s’éternise au pouvoir, il barre ainsi la route entre autres à Ali, le neveu de Mahomet qui aurait été un successeur logique.

Le calcul d’Omar est judicieux, car Abou Bekr succombe en 634 nommant Omar à sa succession qui devient ainsi le second Calife.

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Omar meurt en 644 après avoir assuré à l’empire musulman de nombreuses conquêtes dont en particulier la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie et l’Égypte.

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À la mort d’Omar en 644, c’est Otman qui assure la troisième Califat jusqu’à son assassinat en 656.

Le sort de Jérusalem

Sur fond d’éclosion de l’Islam, cette génération débute par une désillusion pour les Juifs vivant en terre d’Israël qui voient dans un premier temps refluer Byzance toujours en lutte avec les Perses :

  • En 622[3], Héraclius engageait une contre-offensive heureuse contre les Perses et entrait en 627/628 en territoire perse. Lorsque Chosroês fut déposé et assassiné en 628 par son propre fils, de graves querelles de succession éclatèrent dans le pays. Dans de telles circonstances, Héraclius eut beau jeu de délivrer les provinces occupées et d’obtenir la restitution des reliques de la croix ainsi que la libération des prisonniers chrétiens. Le 21 mars 629, il pénétrait triomphalement à Jérusalem et replaçait les reliques de la croix dans l’église du Saint Sépulcre. Aux Juifs de Palestine, il avait promis à Tibériade une amnistie, mais il ne put respecter ses engagements. Soumis aux pressions des dirigeants chrétiens qui n’avaient pas oublié les persécutions durant le gouvernement juif de 614 à 627, il bannit à nouveau les Juifs de Jérusalem et dut accepter que nombre d’entre eux fussent exécutés.
  • Mais les jours du régime byzantino-chrétien étaient eux aussi comptés. En 632, la grande puissance arabe en pleine formation commençait son expansion ; en 636 Tibériade (et la Galilée) tombait ; en 638, c’était le tour de Jérusalem.

Après une courte parenthèse pendant laquelle les Juifs reprennent provisoirement et partiellement la souveraineté sur Jérusalem, cette génération leur rappelle une nouvelle fois qu’ils sont toujours au cœur de la nuit.

Jérusalem tombe ainsi d’abord aux mains des Byzantins, représentants du monde chrétien et de l’Occident, qui transforment l’aire du temple en décharge publique, puis échoie rapidement aux mains des armées arabes, représentants du monde musulman et de l’Orient.

Ces nouvelles incursions des nations à Jérusalem viennent poursuivre l’œuvre de destruction de la Ville sainte donnée en héritage à David et Salomon et par là à l’ensemble du peuple Juif. Destruction déjà orchestrée par l’Orient (Nabuchodonosor) et l’Occident (Rome).

C’est ce que le psalmiste évoque dans le début du psaume de cette génération :

  1. Psaume d’Assaf. Ô Dieu, les nations sont venues en ta possession ; elles ont souillé le palais de ton sanctuaire[4] ; réduit Jérusalem en un monceau de décombres.
  2. Ils ont livré le cadavre de tes serviteurs en pâture aux oiseaux du ciel, la chair de tes pieux adorateurs aux bêtes des champs.
  3. Leur sang, ils l’ont répandu comme l’eau autour de Jérusalem ; personne ne leur donne de sépulture.

La conquête arabe marque une évolution dans la gestion de Jérusalem par les nations.

Les chrétiens jusqu’à présent avaient pris possession de la ville et avaient construit nombre de monuments et d’églises pour marquer leur prise de possession toutefois sans investir le site du Temple de Jérusalem.

Peut-être parce que la sainteté de cet endroit, que Jésus lui-même avait foulé, les impressionnait, soit pour démontrer au monde la déchéance définitive de « l’ancien Testament » et de sa matérialisation (le temple ou ses ruines).

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Dans un premier temps Omar permet aux Juifs de revenir à Jérusalem, mais par la suite, les musulmans s’approprient les lieux et construisent leur propre mosquée sur l’emplacement du temple de Salomon. Cela sera la mosquée Al Aqsa et le dôme du rocher. Ces constructions qui s’effectueront durant le premier siècle de l’ère islamique représenteront un obstacle au retour des Juifs sur leur terre, et à la restauration de Jérusalem comme capitale éternelle du peuple Juif.

Le voyage nocturne

Assez vite, les musulmans décrètent Jérusalem comme troisième lieu saint de l’Islam (après La Mecque et Médine) – bien que Mahomet ne l’ait jamais déclaré de son vivant – en s’appuyant sur le récit du voyage nocturne et sur une interprétation déviée de la sourate qui lui est dédiée (sourate 17).

Pourtant bien que Mahomet au début de l’hégire orientât sa prière vers Jérusalem, il s’en détourne rapidement au profit de La Mecque.

Quant au voyage nocturne proprement dit, si Mahomet passe par Jérusalem (physiquement ou non suivant les différents commentateurs islamiques), tous les textes anciens relatifs à ce récit mentionnent le temple de Salomon ou d’Hérode et non la mosquée d’Al Aqsa qui fut construite bien après la mort de Mahomet.

Quant à la Sourate proprement dite, si l’on se réfère à la traduction « officielle » nous avons les versets suivants :

  • Gloire[5] et pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur (Muhammad), de la Mosquée Al-Haram (La Mecque) à la Mosquée Al-Aqsa (Jérusalem) dont nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de nos merveilles. C’est Lui, vraiment, qui est l’Audient, le Clairvoyant.

Le même verset dans une traduction plus neutre :

  • O transcendance[6] de Celui qui fit aller de nuit, en un instant de la nuit, Son adorateur de l’Oratoire consacré (La Mecque) à l’Oratoire ultime dont Nous avons béni le pourtour, afin de lui découvrir de Nos signes !

Jacques Berque, dans ses commentaires sur ce verset de cette sourate, remarque tout d’abord que « fit aller de nuit » fait pléonasme avec « un instant de la nuit » puis sur le reste du verset:

  • «L’oratoire ultime »[7]; traduction littérale.
    • Cette précision de Berque est importante, car la traduction usuelle, aujourd’hui, de Mosquée sacralise faussement la Mosquée Al Aqsa construite postérieurement alors que le Coran dans ce verset et la réelle tradition qui s’y attache fait plutôt l’éloge du Temple de Salomon reconstruit par Hérode. Rappelons que le terme associé à « mosquée » ou « oratoire » dans ce verset n’impose pas qu’il soit associé à un culte musulman qui n’existait d’ailleurs pas à l’époque.
  • L’interprétation traditionnelle, qui y voit les vestiges du Temple de Salomon, futur emplacement de la mosquée bâtie par ‘Abd al Malik b. Marwân (66 – 73 de l’Hégire), s’étale sur plusieurs hadiths et sur l’expression coranique de « pourtour », qui peut désigner soit le site, soit toute la Palestine. C’est dans cette direction que s’orienta la prière musulmane jusqu’à seize mois après l’Hégire (exil de Mahomet à Médine). Le poète Farazdaq (m. 728 ou 730) cite une « maison de Dieu au haut d’Iliyâ » (Aelia était le nom latin de Jérusalem, employé encore en place de Quds  – nom actuel – donné par les anciens arabes).

Malheureusement le passage de Mahomet par Jérusalem s’il ne provoque pas de sacralisation immédiate de cette ville par Mahomet et le Coran qui tous deux confirment la propriété définitive au peuple d’Israël, il n’en sera pas de même pour les générations musulmanes qui se succéderont.

Dans un premier temps, dans les premières décennies de l’Islam, les constructions à Jérusalem et plus particulièrement sur l’emplacement du Temple de Salomon provoquent un amalgame pour les musulmans entre la Mosquée Al Aqsa et le temple mentionné dans le premier verset de la Sourate 17.

Par suite la sacralisation de ce lieu, jusqu’à aujourd’hui, empêche les Juifs de retrouver une souveraineté réelle sur la terre promise et de pouvoir ouvrir les portes du ciel à l’humanité dont eux seuls ont la clé.

De même que pour les chrétiens qui ont réinterprété les Évangiles, longtemps après la mort de Jésus, pour revoir le statut de Jérusalem (et dans le même temps celui du peuple d’Israël), les musulmans redéfinissent à leur tour le statut de Jérusalem.

Le prix de la survie

Avec l’arrivée de l’Islam, les Juifs trouvent naturellement une protection dans le nouveau partage du monde qui se dessine et évitent de disparaître comme cela aurait été le cas dans un monde entièrement chrétien unipolaire. Mais cette survie a un prix, les Juifs étaient devenus des parias en occident, dans le monde chrétien, ils le deviendront également en orient dans le monde musulman car ils auront un statut inférieur : le statut de dhimmi.

Comme les chrétiens en monde musulman, les Juifs peuvent pratiquer leur religion (sans « excès ») mais à condition d’accepter de devenir des citoyens de seconde zone.

Ce nouveau statut associé à la confiscation, physique et idéologique de Jérusalem que la suite du psaume évoque :

  1. Nous sommes devenus un objet d’opprobre pour nos voisins, la risée et la fable de ceux qui nous entourent.
    • Cela était vrai déjà en occident (et cela s’accentue avec Héraclius qui recourt aux conversions forcées), mais là ce sont les peuples d’Orient, qui classiquement étaient les voisins du peuple d’Israël lorsqu’il était souverain sur sa terre, qui à leur tour prennent le dessus sur les Juifs.
  2. Jusqu’à quand, ô Éternel, seras-Tu obstinément irrité, Ta rancune sera-t-elle brûlante comme le feu ?
    • À cette étape de la nuit, les Juifs auraient pu espérer que le pire était passé. De fait la nouvelle donne géopolitique montre au contraire que la nuit est loin d’être terminée.
  3. Répands Ta colère sur les peuples qui ne te connaissent point, sur les empires qui n’invoquent pas ton nom.
  4. Car ils ont dévoré Jacob et fait une ruine de ta demeure.
  5. Ne nous impute point les fautes du passé ; que Ta pitié vienne promptement à nous : car nous sommes tombés bien bas.
    • Nombreux sont les Juifs qui ont soutenu la conquête arabe pensant que le nouvel empire allait faire tomber Rome (le monde chrétien) qui avait détruit le second temple. Tous les espoirs eschatologiques liés à l’expansion du monde arabe seront vains : L’empire Arabe ne viendra pas supplanter l’empire chrétien mais éclot à ses côtés.
  6. Viens à notre secours, Dieu de notre salut, par égard pour l’honneur de Ton Nom : à cause de Ton Nom, délivre-nous, pardonne nos péchés.
  7. Pourquoi les peuples diraient-ils : « Où est leur Dieu ? » Puisse sous nos yeux éclater, parmi les peuples, la vengeance qu’appelle le sang versé par eux !
  8. Puissent les soupirs des captifs monter vers Toi ! (…)
    • Le rédacteur du psaume signale son désespoir à Dieu, car l’expansion arabe n’a pas permis de mettre fin à la nuit comme espéré malgré le prix payé par les Juifs de Médine que ce soit ceux qui ont été exécutés ou ceux qui sont devenus captifs.

Ce psaume centré sur l’accaparation de Jérusalem par les nations ne peut se terminer sans rappeler que le peuple d’Israël fera son retour à Sion comme le prophétise Ézéchiel :

  • Ainsi [8]parle le Seigneur Dieu : « Quand je rassemblerai la maison d’Israël d’entre les peuples chez qui ils ont été dispersés, Je me sanctifierai par eux aux yeux des nations, et ils demeureront sur le territoire que j’ai donné à mon serviteur Jacob. Ils y demeureront en sécurité, ils bâtiront des maisons, planteront des vignes et demeureront en sécurité, parce que je ferai justice de tous leurs contempteurs d’alentour, et ils reconnaîtront que Moi, l’Éternel, Je suis leur Dieu ».

Ainsi le retour du peuple d’Israël ne se fera pas sans heurts mais les peuples qui s’y opposeront seront ainsi défaits et quelque part punis de n’avoir pas voulu rendre leur héritage au peuple d’Israël. Malgré d’une part la connaissance qu’ils en avaient, et, d’autre part le fait qu’en contrepartie de cet héritage, Dieu s’était montré particulièrement généreux envers eux, comme on peut le juger de la richesse des territoires détenus aujourd’hui par les représentants d’Esaü (les chrétiens) ou d’Ismaël (les musulmans).

Ce retour du peuple d’Israël vers sa terre est aujourd’hui en route, et si l’on regarde l’histoire du jeune État d’Israël, de nombreux conflits avec ses voisins ont déjà eu lieu, parmi lesquels on peut citer :

  • L’Égypte,
  • Le Liban,
  • La Jordanie,
  • La Syrie,
  • L’Irak,
  • L’Iran,
  • Les Palestiniens.

Soit sept voisins qui tous ont été vaincus par Israël, à l’exception de l’Iran, mais l’histoire n’est pas encore finie.

De même, si l’on énumère les conflits, nous avons :

  • La guerre d’indépendance de 1948,
  • La crise du canal de Suez en 1956,
  • La guerre des Six jours en 1967,
  • La guerre de Kippour en 1973,
  • La guerre du Liban en 1982,
  • L’affrontement avec l’Irak (destruction de la centrale nucléaire Osirak en 1981 et scuds pendant la guerre du golfe en 1991)
  • L’affrontement avec l’Iran, pas achevé à ce jour, mais qui a déjà donné lieu à la guerre du Liban de 2006 contre le Hezbollah, sous contrôle de l’Iran et le harcèlement du Hamas lui aussi sous contrôle Iranien.

Soit sept voisins hostiles et sept conflits qui tous ont débouché sur la victoire d’Israël (directe ou non) à l’exception du conflit avec l’Iran (mais la nuit n’est pas encore terminée…).

C’est par cette vision que le psaume de cette génération se conclut :

  1. (…) Par la puissance de Tes bras, veille au salut de ceux qui sont voués à la mort.
    • L’ensemble des conflits cités ont lieu après la Shoah alors que l’humanité pouvait penser que le sort du peuple d’Israël avait définitivement été réglé par les nazis. Au lieu de cela, celui-ci s’est montré plus fort qu’il n’a jamais été auparavant.
  2. Fait retomber sept fois sur la tête de nos voisins la peine des outrages qu’ils ont dirigés contre Toi, ô Seigneur !
    • Sept nations hostiles et sept conflits, mais tous échoueront.
  3. Et nous, Ton peuple, les brebis de Ton pâturage, nous Te rendrons grâce à jamais, d’âge en âge nous proclamerons Tes louanges.
    • Le rédacteur du psaume conclut en remerciant une nouvelle fois Dieu, car malgré les tourments de la nuit, son peuple n’a jamais abandonné sa confiance.
  • Cette génération fait partie de la 2ème garde de la nuit (générations 50 à 98).
  • Elle est donc associée à une malédiction du Deutéronome (malédictions numérotées 50 à 147 en continuité avec celles du Lévitique).
  • En effet les 2ème et 3ème gardes de la nuit sont celles du long exil des Juifs hors de leur terre et sans Temple à Jérusalem et donc sans service du Temple (défini dans le Lévitique). Le Deutéronome est une « redite » des lois adaptée à l’exil puisque ne reprenant pas les lois associées au service du Temple.

L’expulsion musulmane marque la fin de la présence séculaire juive dans la péninsule arabique. Ainsi les Juifs de Khaibar qui comme d’autres tribus juives avait permis de rendre la vie possible dans ce territoire en développant les oasis doivent abandonner leur terre :

  • Les habitants[9] de Khaibar, conservant leurs demeures (suite à l’accord avec Mahomet), cultivaient leurs plantations de dattiers, et le Prophète, pendant le reste de sa vie, et Abou-Bekr (le premier Calife), percevaient la moitié de la récolte. Mais Omar, ayant pris le pouvoir, dit : Le Prophète a défendu qu’il y ait en Arabie deux religions. Par conséquent, il expulsa de la presqu’île arabique tous les Juifs qui s’y trouvaient, et dit aux habitants de Khaibar d’aller où ils voudraient. Ceux-ci vinrent trouver Ali et, en lui montrant l’acte du traité que le Prophète avait conclu avec eux (qui leur permettait de rester sur leur terre sous condition de verser la moitié de la récolte de dattes aux Arabes), et lui dirent : N’est-ce pas ton écriture (c’est Ali qui avait rédigé l’acte) ? N’as-tu pas été témoin du traité conclu avec Mohammed et de la clause qui nous laisser demeurer ici ? Maintenant Omar veut nous chasser d’ici. Ali intercéda auprès d’Omar. Celui-ci dit : Le Prophète a déclaré qu’il les y laisserait demeurer aussi longtemps que Dieu le voudrait. À présent, ils doivent partir. Il les expulsa donc de Khaibar, et c’est pour cette raison que les Juifs aiment Ali et n’aiment pas Omar.

De fait, l’accord avec Khaibar avait préservé d’une bataille incertaine pour les troupes de Mahomet. Même en cas de victoire, celles-ci auraient été largement affaiblies, l’expansion musulmane aurait sûrement été alors enraillée. Lorsqu’Omar décide d’expulser les Juifs de Khaibar, les rapports de force ont considérablement évolué et les Juifs de Khaibar peuvent être expulsés sans risque pour les troupes musulmanes. Omar initialise ainsi un traitement que les Juifs vont subir de nombreuses fois pendant le reste de la nuit : l’expulsion.

Les terres des Juifs furent redistribuées aux Arabes :

  • Ce fut[10] également en cette année (la vingt et unième de l’Hégire) qu’Omar exila les Juifs de Khaibar, et distribua leurs terres entre les musulmans, qui en furent très heureux.

La génération 79 de la nuit est sous l’emprise de la malédiction 90 du Deutéronome:

  1. Tu construiras une maison mais tu n’y habiteras pas.

Paul David

[1] Suivant : John Julius Norwich : « Histoire de Byzance » (p. 115 à 122)

[2] Yves Porter : « Les Iraniens » (p.100)

[3] Peter Schäfer: « Histoire des Juifs dans l’antiquité » (p. 223), cette citation clos le livre de Peter Schäfer (avec une conclusion appropriée)

[4] Une partie de ce verset suivant la traduction d’André Chouraqui en particulier pour le terme «nations » plus adapté que « païens ».

[5] CORAN, Sourate 17 : « Al-Isra » (« Le voyage nocturne », également appelée « Les fils d’Israël »), verset 1

[6] CORAN, Sourate 17 : « Al-Isra » (« Le voyage/trajet nocturne », également appelée « Les fils d’Israël »), verset 1 suivant la traduction de Jacques Berque.

[7] Notes de Jacques Berque dans sa traduction de « CORAN/Sourate 17/verset 1 »

[8] ÉZÉCHIEL, Chapitre 28, versets 25 et 26

[9] TABARI : « La chronique/Mohammed, sceau des prophètes », chapitre : « expédition de Wâdi’l –Qora » (p. 261/262)

[10] TABARI : « La chronique/Les quatre premiers Califes », chapitre : « Omar, fils de Khattâb» (p. 222)