Les larmes de Pétain

Il est légitime de vouloir la fin de la guerre que mène Israël contre l’Iran et ses proxys depuis le 7 Octobre 2023.

Toutefois, cette paix ne doit pas être obtenu de la même façon que la paix obtenue par la France après la « Grande Guerre », car cela serait un piège mortel pour Israël.

Pétain, le héros de la première guerre mondiale, la « Grande Guerre », n’a malheureusement pas été à la hauteur lorsqu’il prit les rênes du pouvoir lors de la seconde guerre mondiale, en particulier dans ses décisions envers les Juifs. Les années de collaboration avec l’Allemagne nazie sont les plus ternes de l’histoire française, pourtant pays des droits de l’homme.

Pétain était vraisemblablement antisémite, mais ni plus ni moins que les autres militaires et hommes politiques d’avant-guerre.

Pétain aurait pourtant voulu faire en sorte que la « der des der » tienne ses promesses en termes de paix, à minima sur le continent européen. S’il en avait été ainsi, au lieu d’être banni, Pétain aurait eu droit à devenir un des noms favoris pour nommer les rues et avenues françaises. Mais cela n’a pas été le cas.

Revenons à la première guerre mondiale.

Contrairement à la majorité des généraux français n’avait pas su adapter leur stratégie militaire à l’évolution technologique du 20è siècle, Pétain su le faire.

Ainsi à Verdun, là ou les offensives de Nivelle et Mangin avaient échouées, Pétain imposa une stratégie défensive, moins coûteuses en vies, et qui fit que Verdun ne tomba pas.

A[1] partir de mai 1917, suite aux résultats pour le moins mitigés de ses prédécesseurs, il devient Commandant en chef des forces françaises. L’hémorragie des troupes françaises jusqu’alors aurait pu faire perdre à la France le contrôle des troupes alliées au profit de l’Angleterre et/ou des États-Unis. Il arrête les offensives coûteuses, impuissantes à vaincre l’ennemi. Il adopte une stratégie qui éloigne la possibilité de victoire dès 1917, mais la rend plus facile postérieurement.

Il adopte une tactique d’usure[2] : Ainsi en 1918 après avoir contré les attaques allemandes, suite à l’offensive allemande du 15 juillet 1918 – stoppée par l’application de la « directive 4 » du général Pétain -. Le 18 juillet 1918, les français lancent la contre-offensive qui marque le début de la victoire finale des alliés.

Pétain[3] était informé que les troupes souhaitaient « pouvoir faire payer à l’ennemi sur son propre sol les ravages et les profanations dont il s’était rendu coupable en France ». Aussi, le 14 octobre 2018, Pétain affirmait « Qu’il ne fallait pas être dupe (…). L’adversaire s’affaiblit, l évacue notre sol : il faut l’en chasser complètement. C’est en allant au bout de leur courage que les Français assureront à leurs enfants, dans un délai minimum, la paix définitive. »

Diagnostic confirmé à posteriori par le Général De Gaulle :

  • « Si[4] l’effort gigantesque fourni par notre peuple, lors de la première guerre mondiale, pouvait nous offrir la carrière du renouveau, nous nous la fermions à nous-mêmes en manquant d’achever notre victoire militaire. (…) l’arrêt hâtif des combats (…) le 11 novembre 1918 survenait au moment même où nous allions cueillir les fruits de la victoire (…)

Le 9 novembre 1918, Foch et Pétain se rencontrent :

« J’ai[5] expliqué à Foch l’immense différence qu’il y avait entre une guerre terminée d’un commun accord et une victoire éclatante, nettement française, remportée en Allemagne. Je comprends très bien que Lloyd Georges (Grande Bretagne) et Wilson (États-Unis) ne veuillent pas d’une victoire française trop éclatante, mais Clemenceau, qu’en pense-t-il au fond de lui-même ? »

Lors[6] de cette rencontre, Pétain à pleuré devant Foch, estimant que l’armistice était une erreur, qu’une réelle victoire militaire pouvait être obtenue. Les Allemands[7] eux-mêmes sont conscient qu’ils ne peuvent plus gagner.

Les anglais et les américains poussent la France à accepter un armistice (« équivalent au cessez le feu » que les « alliés » d’Israël, États-Unis en tête – une nouvelle foi – veulent lui imposer. Cet armistice imposé sert les intérêts des alliés de la France en 1918[8], mais en aucun cas ceux de la France.

Les réparations[9] imposées à L’Allemagne envers la France peuvent semble exorbitantes, mais de fait une partie insignifiante sera payée par l’Allemagne, le résidu étant effacé à moyen termes, fragilisant ainsi la France qui a été saignée sur le plan humain et sur le plan économique lors de guerre de 14-18.

Les Américains[10] garantissent à la France –en vue de la signature de l’armistice– une alliance militaire. Cette alliance ne sera jamais officialisée par les États-Unis qui ainsi laisseront la France se débrouiller sans eux en 1940. En refusant que la France poursuive la guerre de 14-18 jusqu’à la capitulation militaire de l’Allemagne, les États-Unis empêchent la France de devenir la nation forte du continent, ce qui aurait pu compromettre les plans d’hégémonie sur le continent et dans le monde.

Pour[11] aller plus loin dans cette direction, les États-Unis investissent massivement en Allemagne dans l’entre-deux-guerres, ce qui va encore dans le sens de refuser à la France de s’imposer économiquement en Europe. Les nazis seront reconnaissants puisque lorsque[12] ils prennent le pouvoir, les entreprises à capitaux américains (Opel, Ford) ou anglais (Unilever, Shell) peuvent librement continuer leurs activités à la seule condition de réinvestir sur place leurs bénéfices.

Ainsi si Pétain avait été écouté, la guerre de 14-18 ne se serait pas arrêté par un Armistice (« cessez-le-feu ») le 11 novembre 1918 mais pas une contre-offensive française militaire victorieuse se terminant en territoire allemand. Les Allemands n’auraient plus pu proclamer que l’on leur avait voler la victoire et la volonté de revanche aurait été éteinte. La France aurait pris la place qu’elle mérite au sein des nations et en particulier en sein de l’Europe. L’Europe aurait continué son histoire en paix sans nécessité de l’arbitre américain et surtout en évitant les 60 millions de morts de la guerre de 40 qui n’aurait sûrement pas eu lieu. Pétain aurait eu droit à des rues qui portent son nom partout en France (puisque le Pétain « collabo » n’aurait pas exister).

Israël aujourd’hui subit les mêmes pressions qu’a subi la France à la veille de l’armistice de 1918 pour un cessez-le feu.

Si Israël accepte, ses ennemis crieront victoire et ne chercheront qu’à déclencher une nouvelle guerre pour arriver à détruire Israël cette fois-ci, Israël aura droit à sa guerre de 40 !!

Les américains seront malgré tout satisfaits puisque, comme après 14-18, ils resteront les arbitres du monde -pour mieux servir leurs propres intérêts-, et de la même façon les arbitres au Moyen-Orient.

Israël n’a pas d’autre choix que de continuer la guerre jusqu’à la capitulation définitive de ses ennemis, soit en fait jusqu’à la fin de l’Iran des Ayatollahs pour qu’enfin l’Iran Perse héritier de Darius.

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Paul David


[1] Source : Guy Pedroncini « Pétain, le soldat, 1914-1940 ».

[2] Attaque de la première ligne allemande principalement par l’artillerie avec peu d’infanterie : accélérer l’usure de l’ennemi en s’usant soi-même le moins possible. Amélioration des conditions de vie des soldats : permissions, camps de repos (entre autres). Il accélère la livraison de chars qui est effective à partir du printemps 1918. En réorganisant l’armée et en répondant à son attente (augmentation massive des canons à tir rapide, des avions et des chars), le général Pétain a réuni les conditions de la victoire.

[3] Cite par Guy Pedroncini, « Pétain, le soldat, 1914-1940 ». p. 285

[4] Guy Pedroncini, « Pétain, le soldat, 1914-1940 ». p. 286 qui cite « Mémoires d’espoir » de Charles de Gaulle, Tome I, pages 173 et 179.

[5] Marc Ferro « Pétain, les leçons de l’histoire »

[6] D’après : Guy Pedroncini, « Pétain, le soldat, 1914-1940 ». p. 286

[7] La déroute (D’après Henry Bogdan : « Histoire de l’Allemagne, de la Germanie à nos jours ». (pages 337 à 342)) des armées tsaristes entraine la révolution russe, encouragée par les allemands qui aident au rapatriement de Lénine en 1917, avec un armistice fin 2017 suivi de la paix de Brest-Litovsk de mars 2018. L’Allemagne en profite pour rapatrier précédemment engagées à l’est sur le front ouest avec la France. Une première offensive allemande a lieu en mars 2018, avec des résultats mitigés, suivie de quatre autres entre avril et juillet. Les alliés (France) lancent une contre-offensive le 8 aout 2018 qui fait perdre tout espoir de victoire à l’État-major allemand. Pour le haut commandement allemand, la guerre était considérée comme perdue et il fallait conclure au plus vite un armistice afin d’éviter un désastre militaire. Le 2 septembre 1918, Guillaume II déclarait devant l’amiral Müller : « La bataille est perdue. Depuis le 18 juillet nos troupes se replient sans arrêt. Nous sommes épuisés… Notre armée n’en peut plus ».

[8] Cosignataire[8] en 1840 (avec la Prusse et la France) du traité de Londres établissant le nouveau royaume Belge, la Grande Bretagne était garante de sa neutralité et protectrice de sa souveraineté, ce pays revêtait une importance fondamentale pour les Britanniques. Après Napoléon, Lloyd George lui-même par exemple fréquemment du port d’Anvers comme « d’un pistolet braqué sur le cœur de l’Angleterre.

Le facteur (D’après : Jean-Michel Steg, « Qui a gagné la guerre de 14 » (p. 100 à 102) fondamental pour la perfide Albion réside depuis toujours dans son hostilité face à la volonté de domination de l’Europe continentale par une puissance prépondérante. Elle a ainsi combattu l’hégémonie française en Europe du temps de Louis XIV puis de Napoléon, puis la Russie du temps de la guerre de Crimée. Depuis 1890, le IIème Reich allemand, menaçant même la suprématie navale britannique, est perçue comme une menace globale pour Londres. L’objectif des gouvernements britanniques successifs est désormais de réduire la menace allemande, sans pour autant perturber l’équilibre entre les puissances européennes, garant à termes de la sécurité d’Albion. A l’issue de la première guerre mondiale, la diplomatie britannique s’applique avant tout à rétablir l’équilibre international qui lui semble garantir la pérennité de son influence. Cet effort de balancier est de facto favorable à l’Allemagne ; au détriment des revendications françaises.
Lloyd  (Jean-Michel Steg « Qui a gagné la guerre de 14 » – (p. 127,128)) George adoucit progressivement sa position initialement très dure, vis-à-vis de l’Allemagne, de manière à conserver en Europe continentale un contrepoids à la France, un partenaire économique à la Grande-Bretagne et éventuellement un rempart à l’est face à l’Union soviétique. Lloyd George s’applique donc à jouer fréquemment un rôle d’arbitre, principalement entre Wilson et Clemenceau, pour le plus grand bénéfice des seuls intérêts britanniques.

[9] Le montant total des réparations dus par l’Allemagne à la France est fixé en mai 1921 à Londres pour un montant de 132 milliards de marks-or. Mais cette somme est répartie en 3 tranches dont la plus importante (tranche C de 80 milliards) est définie de façon à ne rester que fictive (Jean-Michel Steg « Qui a gagné la guerre de 14 » – (p. 147)).

De fait (Jean-Michel Steg « Qui a gagné la guerre de 14 » – (p. 166-168)), à partir de 1921, le paiement annuel s’est élevé à 3 milliards de marks, soit environ 5% du PNB allemande de l’époque. Ce montant certes élevé ne peut expliquer à lui seul la longue crise économique et la période d’hyperinflation que connut la république de Weimar au début des années 1920. Et ce d’autant plus que le budget allemand à cette époque n’avait plus à supporter les énormes dépenses militaires qu’il finançait depuis les années 1890. Il n’avait pas non plus, à la différence de la France, à financer la reconstruction matérielle d’une grande partie de son industrie. De surcroît, sur la période, les prêts américains à l’Allemagne ont largement dépassé le montant des indemnités versées. Celles-ci sont de l’ordre de 20 milliards de marks-or de 1919 à 1931, financées essentiellement par 12,5 milliards de prêts de banques américaines. Au regard de ces faits, toujours passés sous silence, la classe politique allemande, à peu près unanime, a finalement transformé le diktat de Versailles en parfait bouc émissaire des (bien réelles) difficultés économiques du pays. Le montant annuel payé par l’Allemagne sera réduit en 1924, puis échelonné (jusqu’en 1988 !), puis définitivement supprimé en 1932.

[10] Dans (Jean-Michel Steg « Qui a gagné la guerre de 14 » – (p. 138)) les négociations postérieures à l’Armistice, Clémenceau fait valoir à ses alliés anglo-saxons que la France, elle, n’est pas protégée par la Manche ou par l’Océan Atlantique. (…) La France, estime-t-il, a donc besoin d’un glacis territorial par rapport à son envahissant voisin. Sous la pression de Wilson, appuyé par Lloyd Georges, le Tigre renonce cependant à exiger une occupation définitive de la rive gauche du Rhin par des troupes françaises. Il le fait contre une promesse d’alliance militaire formelle avec les Etats-Unis comme avec le Grande-Bretagne.

Pour (Jean-Michel Steg « Qui a gagné la guerre de 14 » – (p. 150-154)) entrer en vigueur, un traité doit être signé, mais aussi ratifié par les instances nationales compétentes. (…) De retour aux Etats-Unis, Woodrow Wilson consacre l’essentiel du reste de son mandat à tenter de faire ratifier le traité. Sans succès. (…) Son successeur, William Harding, soucieux de clore l’épisode de la guerre en Europe, fait voter en 1921 des traités de paix séparés avec l’Allemagne, l’Autriche ainsi que la Hongrie. Le projet d’alliance militaire avec la France, censé compenser le renoncement à l’annexion totale de la rive gauche du Rhin, lui, ne sera jamais débattu (et encore moins voté) par le parement américain.

[11] Suite aux incertitudes du traité de Versailles, l’Allemagne subit des crises économiques avec des inflations records. Cela ruine les petits épargnants et les classes moyennes mais cela enrichit les grands groupes industriels qui voient leur dette quasiment réduite à 0. Au milieu[11] des années 1920, l’économie allemande se remet sur les rails attirant les investisseurs étrangers. Les américains investissent massivement dans l’industrie : automobile, sidérurgie, industrie chimique et électrotechnique. Certaines grandes entreprises allemandes s’associèrent à des banques et des groupes industriels américains. Image type de l’interpénétration des sociétés allemandes et américaines, le groupe IG Farben né en 1925 du regroupement des sociétés BASF, Bayer et Hoescht où entrèrent dans le conseil d’administration, dès 1927, des représentants du groupe Ford et General Motors ainsi que Walter Teagle de la Standard Oil et Paul Warburg du Federal Reserve Board, ami et conseiller du futur président Roosevelt, Henry Ford lui-même, qui détenait déjà 40% des actions de Ford Allemagne, prit en 1928 des participations dans l’IG Farben.

[12] Henry Bogdan : « Histoire de l’Allemagne, de la Germanie à nos jours ». p. 398-399