Le président Macron se revendique souvent en digne héritier du président De Gaulle. Nombreux comparent les 2 hommes.

De Gaulle a été l’homme providentiel de la Seconde Guerre mondiale pour la France. Il transforma miraculeusement, à la libération, un peuple de 40 millions de pétainistes (suivant l’expression d’Henri Amouroux) en un peuple de 40 millions de résistants.

Son action a par contre été bien plus négative envers les Juifs et Israël. Il est responsable de la dégradation des rapports de la France avec Israël et de la résurgence de l’antisémitisme en France. Ainsi que leur extension en Occident.

De Gaulle, en 1967, essaie de revenir sur la scène internationale en opérant un virage au profit des nouvelles nations arabes et au détriment de la vieille amitié de vingt ans avec Israël, d’un poids politique bien plus infime.

Ce revirement est confirmé après la guerre des 6 jours. De Gaulle déclare le 26 novembre 1967 :

  •  «  Certains[1]  même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur, n’en viennent, une fois qu’ils seraient rassemblés, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem ».

Cette déclaration du Général De Gaulle qui si elle était reprise aujourd’hui par un parti d’extrême droite lui vaudrait, à juste titre, des accusations d’antisémitisme, entraîna à l’époque la réaction de Raymond Aron :

  • « Le Général de Gaulle[2] qualifie le peuple juif de « sûr de lui-même et dominateur ». Définir un peuple avec deux adjectifs : un homme d’État s’abaisse lui-même lorsqu’il recourt à un pareil procédé (…)
  • Je dirais que le Général de Gaulle a, sciemment, volontairement ouvert une nouvelle période de l’histoire juive et peut-être de l’antisémitisme. Tout redevient possible. Tout recommence. »

Or toute l’histoire de Jérusalem, y compris l’histoire récente, celle du 19ème siècle et du 20ème siècle montre que Jérusalem est une ville juive qui ne doit pas être divisé et dont seul Israël peut en garantir l’accès universel quelque soit la nationalité et la religion. Cela De Gaulle ne l’avait pas compris.

De même il n’avait pas compris la mutation du monde qui avait lieu à la fin des années 60. Cela lui fut fatal. Car presque un an après la guerre des six jours, De Gaulle subissait mai 1968. Il ne sut apporter les réponses adéquates à cette révolte populaire. Un an plus tard, il quittait le pouvoir par la petite porte.

Macron qui souhaite suivre l’exemple d’Israël pour faire de la France, aussi, une start-up nation n’hésite pas à faire que la France s’associe, sans réserve, à tous les votes hostiles des instances internationales telle que l’ONU envers Israël.

Il a également largement critiqué la décision de Trump d’ouvrir l’ambassade américaine à Jérusalem. Il préconise, dans le cadre de la création d’un état palestinien, que sa capitale soit Jérusalem-Est.

Si Dieu existe, on peut dire que Jérusalem est sa capitale. Si la diable existe, il a été incarné par le nazisme et a établi sa capitale à Berlin. Comme tous les européens, Macron se félicite de la réunification de la capitale du diable et la suppression de son mur, mais souhaite la désunification de la capitale de Dieu et qu’un mur y soit érigé !!

Comme De Gaulle, Macron n’a pas compris ce qu’est Jérusalem.

Comme De Gaulle, Macron n’a pas compris la mutation du monde des années 2010.

Comme De Gaulle avait subi mai 68, Macron subi aujourd’hui la crise des gilets jaunes.

Est-ce que comme De Gaulle, Macron sortira par la petite porte dans moins d’un an ? Beaucoup le prédisent …

Trump, malgré les critiques – principalement européennes – qui le submergent, a, lui, compris ce qu’est Jérusalem. Visiblement, au vu de l’essor de l’économie américaine, il semble aussi mieux comprendre le monde que Macron.

Paul David


[1] Cité par Raphaël Delpard : « La Guerre des Six jours ». (p. 106,107)

[2] Raphaël Delpard : « La Guerre des Six jours ». (p. 107,108)