Classiquement le 1er tour de la Présidentielle était un tour de chauffe pour laisser s’exprimer la pluralité des candidats, l’élection se jouant réellement au deuxième tour entre le candidat désigné de la droite et celui de la gauche.

L’élection de 2002 a dérogé à la règle puisque Jean Marie le Pen a dérobé la place du candidat de la gauche, Lionel Jospin, éliminé dès le premier tour. La leçon a été retenue, puisque aux élections de 2007 et de 2012, le deuxième tour est redevenu celui de l’affrontement gauche-droite traditionnel.

Pour l’élection de 2017, même en l’absence de couac, tous les sondages prévoient que Marine le Pen sera au deuxième tour des élections avec de fortes probabilités qu’elle soit en tête au premier tour.

Il est vraisemblable que comme en 2002, le « sursaut citoyen » empêchera Marine le Pen d’être élue à la Présidence de la République. Son adversaire du second tour sera vraisemblablement le futur président de la République Française.

Ce qui signifie que le candidat qui se positionnera en deuxième position au premier tour des élections sera élu président et que donc le Président de la République sera de fait désigné au premier tour et non au second : inversement des tours

D’où une fébrilité certaine pour les possibles deuxièmes qui sont à ce jour (dans l’ordre des derniers sondages) : Emmanuel Macron, François Fillon et Benoît Hamon. Il ne semble pas à ce jour que les autres candidats puissent obtenir cette seconde place convoitée.

Ainsi même pour cette deuxième place le duel traditionnel « gauche-droite » est troublé par un quatrième candidat ne se réclamant ni de gauche ni de droite : Emmanuel Macron.

Les derniers sondages le place en deuxième derrière Marine le Pen, le candidat de droite étant affaibli par le « Pénélope Gate ». Le candidat de gauche, Benoît Hamon, qui a longtemps mené la fronde contre le gouvernement de Hollande, peine à rassembler.

Quel rôle a la communauté juive dans cette élection ?

Visiblement aucune.

La communauté juive compte au plus 500 000 membres soit environ 335 000 électeurs potentiels et environ 265 000 qui iront voter.

Comme aux États-Unis, la plupart des représentants de la communauté juive votent en fonction de leurs convictions personnelles : un juif de gauche votre pour le candidat de gauche, un juif de droite vote pour le candidat de droite.

Ceux qui votent en fonction des orientations du candidat envers les Juifs ou Israël sont minoritaires et ne devraient pas excéder 10 % de l’électorat (estimation personnelle) soit environ 25 000 voies. Ce qui est négligeable et qui n’influencera pas les candidats dans leurs déclarations.

Si la communauté Juive est hors-jeu, ce n’est pas le cas des autres communautés en particulier de la communauté musulmane qui est visiblement bien plus courtisée par les candidats à la présidentielle.

Ainsi déjà Benoît Hamon, n’a jamais caché sa position à ce sujet comme le reflète Le Canard Enchainé du 20 novembre 2014[1] : « Benoît Hamon aurait déclaré concernant le vote pour la reconnaissance de l’État Palestinien qu’« il s’agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat des banlieues et des quartiers, qui n’a pas compris la première prise de position pro-israélienne de Hollande ».

C’est visiblement pour récupérer le même électorat que Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie et n’a pas hésité à condamner dans des termes inhabituels, le 15 février, la colonisation française, qui dura cent trente-deux ans en Algérie :

  • « La colonisation fait partie de l’histoire française, a déclaré le candidat d’ « En marche » ! C’est un crime, un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. »

Nous ne relancerons pas le débat sur la colonisation française en Algérie, elle n’a sûrement pas été parfaite.

Elle a eu le mérite d’abroger le statut de dhimmi, statut de sous-hommes, auxquels étaient soumis les Juifs autochtones dans le Maghreb. C’était aussi le cas en Tunisie (voir affaire Bato Sfez exécuté pour blasphème en 1856).

Si la colonisation n’a pas été parfaite, son arrêt, l’indépendance, ne l’a pas été non plus : le FLN a décrété, en 1963, qu’il fallait avoir un père et des grands-parents paternels de statut personnel musulman pour être algérien. Ce qui signifiait d’emblée qu’il n’y avait pas de place pour les non-musulmans en Algérie, que ce soient les Juifs qui y étaient établis depuis plus de deux mille ans ou les pieds-noirs depuis près de 130 ans, même pour ceux qui avaient combattu la France aux côtés du FLN.

La population de l’Algérie est aujourd’hui (chiffrage 2011) à 98 %[2] musulmane.

Rappelons également que les Maghrébins actuels qui se plaignent de la colonisation française sont les descendants de ceux qui ont colonisé le Maghreb aux dépens des Berbères et qui ont colonisé l’Espagne pendant près de huit siècles.

En tout état de cause, le terme de « crime contre l’humanité » ne peut s’appliquer à la colonisation française en Algérie.

Ce terme a été créé pour qualifier le crime commis contre les Juifs lors de la Shoah, toute récupération de ce terme est la voie toute désignée vers le négationnisme.

Ainsi de même que pour satisfaire la volonté d’une grande partie de la communauté musulmane en France, la Shoah est de moins en moins enseignée en France, il ne faudrait pas que pour de simples visées électoralistes, les candidats à la Présidentielle vendent leur âme.

Le candidat qui sera élu président devra l’être pour son programme et non pour son adhésion à certains communautarismes ambiants.

Il est temps donc que Monsieur Macron travaille sur son programme…

Paul David


[1] Rappelé dans de nombreux médias, dont : http://www.europe-israel.org/2014/11/vote-etat-palestinien-selon-le-canard-enchaine-benoit-hamon-est-un-menteur/

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_de_musulmans_par_pays