Tou Bichvat, littéralement le 15 (« Tou » pour 15 par association des lettres hébraïques teth et vav de valeurs respectives 9 et 6) du mois de Shevat est le jour choisi pour fêter le nouvel an des arbres.

En 2019 cette fête a lieu le 21 janvier (veille le 20) (écrit en 2017).

Cette fête n’est pas instituée par la Torah mais découle de nombreux préceptes édictés dans celle-ci à propos du respect des arbres et particulièrement en terre d’Israël.

Lors[1] de la période du second Temple, un nouvel an des arbres était déjà instauré, pas en tant que fête, mais uniquement pour pouvoir comptabiliser les fruits soumis à la dîme. La date retenue aujourd’hui (15 Shevat) correspond au nouvel an défini par l’école de Hillel qui diffère légèrement de celle définie par Shammaï (1er Shevat).

À toutes les générations, les Juifs sont toujours restés fidèles à leur terre et ont sans cesse tenté d’y retourner quel que soit le risque encouru.

Cette immigration juive s’est accrue au XVIe siècle du fait de la souveraineté Ottomane nouvelle et de l’arrivée de nombreux exilés espagnols.

Ces derniers avec l’appui des cabalistes de Safed vont sanctifier la terre retrouvée et son renouveau. C’est ainsi que le 15 Shevat, qui n’était qu’une fête « technique » devient le nouvel an des arbres et en particulier des arbres fruitiers.

Fête qui prend toute son importance avec le sionisme, symbolisant plus encore les retrouvailles des Juifs et de leur terre.

En effet, depuis l’exil des Juifs depuis la destruction du second Temple, aucun peuple n’a pu y prendre réellement pied, la terre se refusant à tous ses occupants provisoires et réservant son opulence au peuple Juif.

Dans un précédent article, j’avais évoqué l’immigration des Circassiens vers l’Empire Ottoman pour démontrer que les Juifs européens n’avaient pas été les seuls à émigrer vers l’orient.

Ce peuple musulman a trouvé principalement refuge en Jordanie mais a aussi tenté de s’implanter en terre d’Israël démontrant que cette terre était bien déserte au XIXe siècle et que le sionisme n’a pas eu besoin de déloger des populations indigènes pour en prendre la place.

Les Circassiens d’Israël[2], musulmans, parfaitement bien intégrés en Israël, se partagent aujourd’hui en deux villages avec un total de 3 500 membres.

Ils durent affronter la malaria (paludisme) et abandonnèrent d’autres villages qu’ils avaient tenté de créer.

Un des premiers buts du sionisme a été de sceller à nouveau le mariage des Juifs avec leur Terre. Charles Netter[3] prend l’initiative de créer une école dédiée à l’agriculture dès 1870, l’école Mikvé Israël.

Mais pour les émigrants en terre promise, comme pour les Circassiens, les ennemis ne sont pas les habitants de cette terre.

Les Juifs s’installent en effet dans des terres désertées et incultes avec pour seuls ennemis les moustiques.

Ainsi la terre d’Israël se mérite et a son prix. Les Juifs qui viennent défricher les terres incultes d’Eretz Israël le découvrent à leurs dépens mais arrivent à leurs fins :

  • Quelques[4] juifs de Jérusalem gagnés aux idées de Charles Netter sur la nécessité d’un renouveau agricole en sont à l’origine. […] Dans le livre de Josué (VII, 26), la vallée proche de Jéricho est appelée Emek Akhor (Vallée du malheur), et dans le prophète Osée on lit (II, 17) : « la vallée du malheur deviendra la Porte de l’espérance, Pétah Tikva ». (…) Le petit groupe (autour de Joël Moïse Salomon) ne renonce pas au projet d’un établissement agricole, et jette son dévolu sur une région qui semble fertile, dans la plaine côtière près du Yarkon. Ils savent que la Malaria les y guette, mais ils espèrent y échapper.

Ils s’y installent en 1878 et restent fidèles au nom de Pétah Tikva, qui est ainsi la première tentative agricole juive moderne en Erets Israël. Mais la malaria sévit avec force. Les soixante-six habitants de Pétah Tikva ne peuvent résister plus longtemps. En 1882, c’est l’éclatement du groupe. Un seul habitant, tenace, maintient tout seul Pétah Tikva. L’année suivante, des jeunes de la première alya agricole le rejoignent. La malaria sévit à nouveau. Mais cette fois, ils obtiennent l’aide financière d’Edmond de Rothschild, ce qui leur permet d’assécher les marais environnants. La plus ancienne agglomération agricole, « la mère des moshavot », Pétah Tikva, est sauvée.

Depuis les Juifs ont fait refleurir le désert, désert que personne ne revendiquait, mais qui attise les convoitises et les jalousies.

Ainsi le terrorisme envers Israël a pris ces derniers mois un nouveau visage: la destruction des arbres !

La religion juive est très explicite dans la protection de l’environnement et de la même façon que de nombreuses lois visent à respecter l’âme animale, de nombreuses autres lois visent également à respecter le règne végétal.

Même en cas de guerre, les combattants juifs se doivent de respecter la nature :

  • Quand[5] tu marcheras sur une ville pour l’attaquer, tu l’inviteras d’abord à la paix.(…)
  • Si tu es arrêté longtemps au siège d’une ville que tu attaques pour t’en rendre maître, tu ne dois cependant pas en détruire les arbres en portant sur eux la cognée : ce sont eux qui te nourrissent, tu ne dois pas les abattre. Oui, l’arbre du champ c’est l’homme même, tu l’épargneras dans les travaux du siège.

La guerre n’est pas une fin en soi et ne doit pas hypothéquer la paix qui doit s’en suivre.

Le Coran se revendique être le digne successeur de la Bible juive et des Évangiles. Visiblement ce précepte de respect des arbres fruitiers même en cas de siège n’est pas respecté par Mahomet lorsque, rompant le traité qu’il avait conclu auparavant, il fait le siège de la tribu juive des Béni-Nadhir proche de Médine :

  • Le Prophète[6], après avoir établi Ibn-Oumm-Maktoum son lieutenant à Médine, sortit de la ville avec son armée et vint investir la forteresse des Béni-Nadhir, qui s’y étaient enfermés. Il ordonna decouper les dattiers, et lorsque, après avoir toute une journée abattu les arbres, on se disposa, sur l’ordre du Prophète, à continuer pendant plusieurs jours, les Juifs crièrent du haut de la forteresse : « Ô Mohammed, s’il nous est permis de donner un avis, nous te dirons que ces arbres nous appartiennent, et, s’ils doivent t’appartenir, ils te seront utiles ; pourquoi donc les couper ? » Le Prophète répondit : C’est Dieu qui l’ordonne. Ils lui répliquèrent : Dieu n’ordonne pas les crimes, et couper des arbres est un crime. Dieu révéla le verset suivant : « C’est avec[7] la permission de Dieu que vous avez coupé un certain nombre de palmiers et que vous en avez laissé debout un certain nombre d’autres, » etc. Ensuite le Prophète défendit de couper les autres palmiers.

De la mésaventure des Béni-Nadhir, et du texte du Coran associé, on en déduit que le Prophète de l’Islam a dû avoir une permission de Dieu spécifique pour abattre les arbres de cette tribu et que donc cela est proscrit par le Coran pour l’ensemble des musulmans.

Malgré cela, de nombreux arbres ont brûlé en Israël au nom de l’Islam. Nouveau type de guerre.

Continuons à célébrer les arbres d’Erets Israël, car quel que soit l’ennemi, les moustiques ou les incendiaires, la terre d’Israël s’est de nouveau mariée à son peuple et rien n’empêchera d’en faire un immense verger.

Pour accéder aux articles associés à ce sujet:

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Article associé à l’immigration Circassienne dans l’empire OTTOMAN
Solution à deux États …

Pour plus d’info sur les périodes évoquées dans cet article:

Sur première alya agricole:
Psaume 140 (période 1870-1890):
Le IIe Reich.

Paul David


[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Tou_Bichvat

[2] http://www.otisrael.com/Tourism_Fra/Articles/Discover%20Israel/Cities/Pages/Kafr%20Kana.aspx

[3] Renée Neher-Bernheim : « La vie juive en Terre sainte, 1517-1918». (p. 224-225)

[4] Renée Neher-Bernheim : « La vie juive en Terre sainte, 1517-1918». (p. 234-235 et 239)

[5] Deutéronome, Chapitre 20, versets 10 et 19. Le verset 20 autorise l’utilisation, si nécessaire des arbres non fruitiers.

[6] TABARI : « La Chronique/Mohammed, sceau des prophètes » / Chapitre : « Expédition contre les Béni-Nadhir» (Volume II, p. 218)

[7] CORAN, Sourate 59 (AL-ḤAŠR (L’EXODE), verset 5