La fin du XIe siècle est noire pour les Juifs.

Les nations se liguent contre les Juifs, que ce soit l’occident ou l’orient.

La conquête de Tolède en 1085 pousse les musulmans d’Espagne à faire appel aux Almoravides, une dynastie berbérophone originaire de l’embouchure du fleuve Sénégal, qui avait conquis le Maghreb au cours de la première moitié du XIe siècle. Les Juifs d’Espagne durent subir à la fois le rigorisme musulman de ces envahisseurs ainsi que leurs exactions mettant fin au libéralisme des Omeyyades de Cordoue.

C’est aussi la première croisade en 1096 déclenchée pour récupérer le Saint Sépulcre à Jérusalem et permettre aux chrétiens d’effectuer leur pèlerinage librement à Jérusalem. En effet malgré l’accord établi entre Charlemagne et Haroun Al Rachid à la fin du VIIIe siècle, les musulmans ont détruit le Saint Sépulcre, les églises et synagogues de Jérusalem et ils entravent les pèlerinages chrétiens.

La première croisade aurait du rester un litige entre chrétiens et musulmans, mais les principales victimes furent les Juifs.

En Allemagne de nombreuses communautés juives florissantes sont détruites dont la communauté de Worms où avait étudié Rachi.

Juda Halevi qui se réfugie en Espagne Chrétienne après l’arrivée des Almoravides et qui, pendant la période de la première croisade, assiste à la détérioration pour les Juifs des deux côtés de son refuge résume bien les affres que subissent les Juifs :

  • Existe-t-il[1] un seul endroit à l’Est ou à l’Ouest où nous pourrons reposer notre tête ?… Combien de temps encore, mon Dieu, serai-je dévoré par les flammes ardentes, entre Édom et Ismaël, dont Tu as fait mes juges ?

Les croisés arrivent à leurs fins et prennent Jérusalem le 15 juillet 1099 en détruisant au passage les nombreux Juifs qui y vivaient.

Mais alors que Esaü (l’occident – le christianisme) et Ismaël (l’orient – l’islam) tentent chacun à leur tour de s’accaparer Jérusalem et de la terre sainte considérant les Juifs définitivement bannis de leur terre, Judah Halevi réaffirme son attachement à la terre sainte   :

  • Mon[2] cœur est en Orient, et moi au fin fond de l’Occident,
  • Comment trouverais-je goût à la nourriture ? Comment saurait-elle m’être douce ?
  • Comment tiendrais-je mes promesses et remplirais-je mes vœux,
  • Alors que Sion est sous le joug d’Édom et moi dans les chaînes arabes ?
  • Il me serait facile de quitter tous les bienfaits de l’Espagne,
  • Car il me serait si précieux de voir de mes yeux la poussière du sanctuaire désolé.

Les conquêtes des hommes ne sont que temporaires, les empires peuvent conquérir chacun leur tour la Terre sainte, celle-ci reste la propriété du peuple Juif, car en effet c’est Dieu qui a attribué de façon définitive cette terre au peuple Juif.

Les conquêtes des hommes ne sont que temporaires, les empires peuvent conquérir chacun leur tour la Terre sainte, celle-ci reste la propriété du peuple Juif, car en effet c’est Dieu qui a attribué de façon définitive cette terre au peuple Juif.

Cela est parfaitement résumé par Rachi (1040-1105) qui termine sa vie après avoir été spectateur de la furie des Croisés :

  • Rashi[3] a cinquante-cinq ans, en 1095, lors de la prédication à Clermont de la croisade par le Champenois Eudes de Lagery, le pape Urbain II. Au moine Pierre d’Amiens, dit Pierre l’Ermite, apportant en Champagne l’appel qui lance les chrétiens sur la route de la Terre sainte, Rashi répond, commentant les premiers versets de la Genèse : « Pourquoi débuter avec « Au commencement » ? – Dieu a fait connaître à son peuple la puissance de Ses œuvres afin de lui donner l’héritage des nations. Si les peuples du monde venaient dire à Israël : « Vous êtes des voleurs, c’est par la violence que vous avez conquis les terres des sept nations (la terre d’Israël) ! », on leur répondrait : « Toute la terre appartient au Saint Béni-soit-il. C’est lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui bon lui semble. Par un acte de Sa volonté. Il l’a donné à ces peuples, et par un autre acte de Sa volonté, Il l’a reprise pour nous la donner à nous ».

Aujourd’hui encore Occident et Orient veulent soustraire la terre d’Israël aux Juifs alors que les livres sacrés des Chrétiens et des Musulmans affirment sans restriction l’appartenance de cette terre aux Juifs. Cela est un combat perdu pour les peuples du monde, les nations, même sous l’étendard de l’ONU, car cette terre, comme l’affirme Rachi,  appartient éternellement aux Juifs.

Pour plus d’info sur différents points ici évoqués:, consulter les pages et articles de ce site, en particuliers:

Paul David


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[1] Léon Poliakov : « Histoire de l’antisémitisme, I – L’âge de la foi ». Chapitre : « L’Espagne des trois religions ». (p. 109)

[2] Chaïm Potok : « Une histoire du peuple Juif ». Chapitre : « L’Islam : Les rossignols dans la tempête de sable ». (p. 429)

[3] (Dirigé par Jean Baumgarten) « Mille ans de cultures ashkénazes ». Gérard Nahon : « Les sages de France et de Lotharingie ». (p.35)